En Algérie, les lignes Morice et Challe mutilent et tuent encore.
Spoliés d’une partie de nous-mêmes, nous mangeons, dormons et travaillons avec la mine au corps », déclare Ghitri Abdelkader, vaguemestre à la daïra de Aïn Sefra, ville moyenne du Sud-Ouest oranais.
L’homme qui parle ainsi a 55 ans aujourd’hui ; il en avait 18 ans lorsqu’il avait perdu l’usage de sa jambe droite suite à une explosion de mine antipersonnel sous ses pieds. « Et encore, j’ai beaucoup de chance car je travaille et je vais sortir avec une petite retraite mais, imaginez tous ceux qui, handicapés à vie, n’ont jamais rien reçu du tout et ne recevront rien… » Le problème de centaines, voire de milliers de mutilés de ces « engins de la mort » est posé. Ghitri Abdelkader nous propose de faire le guide. Nous le suivons. Il nous emmène chez Hadj Laâmouri et Melata Boujemaâ. Ces deux hommes, portant prothèse comme on porte une malédiction, ont dépassé aujourd’hui largement la cinquantaine … ils sont chefs de famille, mais surtout blessés à vie… Ces victimes civiles de la guerre de libération évoquent avec nous, longuement, le problème des pensions. Des pensions qui n’excèdent pas les 12 000 DA/mois pour le premier et 7000 DA/mois pour le second.
« l’Administration française a quitté l’Algérie, mais pas ses mines » Pris en charge par le ministère des Moujahidine, ils insistent particulièrement sur « la flagrante et inexplicable inégalité » qui préside à l’attribution des pensions entre les victimes de la guerre de libération et les ayants droit. Dans la foulée, ils nous citent des noms d’hommes et de femmes anonymes qui ont perdu la vie, leur famille, des parties de leur corps, la vue, et qui n’ont jamais rien revendiqué. « L’administration française a quitté l’Algérie mais pas son armée », nous dira d’emblée Hadj Lamouri, et de nous parler des effroyables dégâts occasionnés par les fameux fils barbelés de l’enfer, appelés ligne Morice (ancien ministre de la Défense français) qui traverse la wilaya de Naâma sur plus de 332 km… Ce triste privilège, les habitants de la wilaya le subissent dans leur chair depuis 1956… « D’autres générations vont venir après nous et continueront malgré elles à compter leurs morts », souligne Lamouri, dépité.
La dernière victime en date, c’est le jeune Morghad, fils de nomades, dans la zone de Haraza, du côté de Aïn Sefra. Cela s’est passé en octobre 2006. Moghrad Mejdoub, à peine sorti de l’enfance, a perdu la vie. Il a été pratiquement décapité parce qu’il a voulu voir ce qu’il y avait dans cet objet curieux, nous informe Smaïli Djillali, notre collègue du bureau de Naâma. Son frère Mohamed, 13 ans, a perdu un œil, son autre frère Boudjemaâ, 26 ans, a pratiquement vu en direct la tête de Mejdoub se détacher du corps ; sa mère, présente à côté dans la tente lors de cet horrible accident, est traumatisée à vie. « Ma vie est partie », ne cessait-elle de se plaindre. Le crime de son enfant ? Sa curiosité ; il a pensé que la mine antipersonnel était un jouet. Son premier jouet trouvé au ras du sol lui a ôté la vie comme il l’a ôtée à des milliers d’autres depuis 1956, année effective où la barrière de la mort est mise à contribution pour barrer la route aux combattants de la liberté qui s’approvisionnaient en armes et munitions ou se retranchaient en territoire chérifien. D’autres enfants de la steppe continuent de jouer avec des mines. Tout comme le jeune Moghrad, ils pensent que ce sont des jouets. Certains les proposent à leurs parents qui en font des éléments décoratifs sur leur bahut. « Elles sont indétectables et peuvent se retrouver n’importe où, nous déclare le chef de daïra d’Aïn Sefra ; ce sont les projecteurs du véhicule de la Protection civile qui m’ont évité le pire », nous déclare-t-il. La lumière projecteur, la nuit, lui a fortuitement montré la tête d’une mine bien mise en évidence, une mine posée sur le sol, pratiquement à quelques mètres sur le bas-côté de la RN 6 qui mène à Béchar (la plus longue à l’échelle du pays).
Le chef de daïra participait à une opération de secours à la suite d’un grave accident de la circulation, et cela s’est passé il y a à peine un mois. Des témoignages de ce type on en entendra partout lors de nos déplacements dans cette région du pays où le développent socioéconomique est régulièrement stoppé par ce danger permanent, insidieux : l’ouverture de la nouvelle ligne de chemin de fer, la mise en valeur des terres agricoles, les lancement de projets, les constructions de logements et d’équipements socioéducatifs. « Pratiquement, tous les projets se doivent d’abord de lever la contrainte de la mine enfouie sinon, c’est sur 100 ans et plus qu’il faut rester sur ses gardes car ces mines d’une longévité extraordinaire peuvent arracher la vie à tout moment », nous avertit un responsable local au fait de la situation. L’épée de Damoclès est là, omniprésente sans en donner l’air, une épée traîtresse, agissant sur le long terme.
« ma vie est finie »
Les mines de type « encriers », entre autres, peuvent tuer ou mutiler à tout moment, sans faire de distinction : animaux, éleveurs, ouvriers sur chantier, écoliers, contrebandiers de haschich, cueilleurs de truffes (terfès), chasseurs du vendredi ou braconniers tentés par l’aventure d’aller un peu plus de l’avant vers cette immense toile d’araignée tissée entre 1956 et 1959 par une armée qui voulait dissuader tout mouvement suspect et surtout couper les moudjahiddine de la population autochtone.
Selon un décompte établi en 2004, ces mines ont tué 40 000 personnes, alors qu’on compte plus de 80 000 touchées dans leur intégrité physique, c’est-à-dire handicapées à vie. « Dans cette stratégie du long terme, ces mines dormantes sont maîtresses des lieux et de nos vies pour peu qu’on s’écarte un peu trop des agglomérations. Elles font dans le camouflage pour mieux nous surprendre », nous dit un citoyen rencontré dans un café de la paisible ville de Naâma, épargnée ces jours-ci du vent de sable. Une ville, qui, à la faveur du plan de développement national, prend, malgré tout, sa revanche sur le sort en se transformant, d’une année à l’autre, en un pôle stratégique dans les échanges entre le nord-ouest du pays et sa partie sud. « Les victimes ne sont pas toujours portées, hélas, à la connaissance des autorités concernées par le sujet, notamment la tutelle, c’est-à-dire la direction des Moudjahiddine », nous apprend Redouane Mohammed, le directeur. Il nous informe par ailleurs que certains parents ne déclarent pas leurs victimes parce qu’ils ignorent la loi, estiment que c’est le « Mektoub » qui a écrit ça, ou encore parce que quelques-uns d’entre eux s’adonnent au commerce du fil barbelé éparpillé sur des largeurs pouvant s’étaler de 40 à 60 mètres.
« La France continue à nous faire la guerre à distance »
« L’hécatombe nous poursuivra encore malgré nos 130 années de lutte contre le colonialisme », avertit Hadj Lamouri, très remonté par ailleurs contre l’autorité en charge du dossier, une autorité qu’il considère partiale et surtout méprisante pour les victimes civiles qui demandent de la considération avant l’aumône. « La France coloniale qui continue à nous faire la guerre à distance nous a bien prévenus, poursuit-il, que ses troupes quitteraient le pays, mais qu’elle continuerait à nous endeuiller à distance. » Et comme un malheur n’arrive jamais seul, hélas, cette tentaculaire bombe à retardement sera exploitée sans vergogne par l’hydre terroriste afin de pourvoir les maquis en poudre meurtrière. En effet, tout un réseau de livreurs de bombes s’est constitué, dans les années 90 et même après, autour de la collecte des mines à pression, bondissantes, à fragmentation et à fraction, destinées aux artificiers du GIA et autres GSPC implantés au nord du pays. Les mines ont changé de mains mais pas de fonction : des ennemis barbus nés chez nous ont pris la place de l’ancien occupant, des chasseurs de TNT en mal d’approvisionnement en armes destructrices ont trouvé l’aubaine pour mieux parachever l’œuvre de la colonisation. Certains parmi ces nouveaux livreurs de la mort ont été interceptés il n’y pas très longtemps dans la wilaya de Tlemcen. On aurait trouvé chez ces tueurs, bien de chez nous, pas moins de 2000 mines prêtes à être injectées dans le circuit terroriste et maffieux. « Il nous faudrait un autre siècle de déminage et encore si Dieu veut bien nous aider à localiser ces engins de la mort », déclare Boufeldja Mohamed, un habitant de Mecheria, luthier à ses heures, qui a interdit à ses enfants de sortir du périmètre de la ville. « On en a découvert pratiquement affleurantes aux alentours des nouvelles écoles et des nouveaux lotissements d’habitat urbains », nous informe-t-il, et d’ajouter : « Même les pique-nique dans les petites forêts rescapées du fameux barrage vert me font peur parce qu’on peut rencontrer la mine traîtresse à tout moment », indique-t-il. Des milliers de mines ont « migré » sous les effets des conditions atmosphériques D’autres familles nous diront pratiquement la même chose, à croire qu’elles ont intégré la mine voisine dans leur vie comme une fatalité avec laquelle il faut cohabiter et parfois la subir. « Vous sortez de votre voiture pour pisser à côté, et ça peut être l’irréparable », nous informe le même Boufeldja. Smaïli, quant à lui, nous apprend que quelques attributaires de terre ont, il y a quelque temps, carrément refusé de se rendre au lieu-dit Dzira sur le périmètre agricole dénommé Lahia.
Pareil du côté de Lakréma. Sur un chantier de la nouvelle ligne de chemin de fer Méchéria-Béchar — plus de 360 kilomètres — on a dû faire appel, encore une fois, aux services spécialisés du génie militaire de l’ANP pour que les ouvriers mettent leurs réticences de côté et s’attellent à la tâche afin d’achever ce projet d’une portée considérable pour le développement régional. La menace guette à tout moment, rappelle-t-on.
Spoliés d’une partie de nous-mêmes, nous mangeons, dormons et travaillons avec la mine au corps », déclare Ghitri Abdelkader, vaguemestre à la daïra de Aïn Sefra, ville moyenne du Sud-Ouest oranais.
L’homme qui parle ainsi a 55 ans aujourd’hui ; il en avait 18 ans lorsqu’il avait perdu l’usage de sa jambe droite suite à une explosion de mine antipersonnel sous ses pieds. « Et encore, j’ai beaucoup de chance car je travaille et je vais sortir avec une petite retraite mais, imaginez tous ceux qui, handicapés à vie, n’ont jamais rien reçu du tout et ne recevront rien… » Le problème de centaines, voire de milliers de mutilés de ces « engins de la mort » est posé. Ghitri Abdelkader nous propose de faire le guide. Nous le suivons. Il nous emmène chez Hadj Laâmouri et Melata Boujemaâ. Ces deux hommes, portant prothèse comme on porte une malédiction, ont dépassé aujourd’hui largement la cinquantaine … ils sont chefs de famille, mais surtout blessés à vie… Ces victimes civiles de la guerre de libération évoquent avec nous, longuement, le problème des pensions. Des pensions qui n’excèdent pas les 12 000 DA/mois pour le premier et 7000 DA/mois pour le second.
« l’Administration française a quitté l’Algérie, mais pas ses mines » Pris en charge par le ministère des Moujahidine, ils insistent particulièrement sur « la flagrante et inexplicable inégalité » qui préside à l’attribution des pensions entre les victimes de la guerre de libération et les ayants droit. Dans la foulée, ils nous citent des noms d’hommes et de femmes anonymes qui ont perdu la vie, leur famille, des parties de leur corps, la vue, et qui n’ont jamais rien revendiqué. « L’administration française a quitté l’Algérie mais pas son armée », nous dira d’emblée Hadj Lamouri, et de nous parler des effroyables dégâts occasionnés par les fameux fils barbelés de l’enfer, appelés ligne Morice (ancien ministre de la Défense français) qui traverse la wilaya de Naâma sur plus de 332 km… Ce triste privilège, les habitants de la wilaya le subissent dans leur chair depuis 1956… « D’autres générations vont venir après nous et continueront malgré elles à compter leurs morts », souligne Lamouri, dépité.
La dernière victime en date, c’est le jeune Morghad, fils de nomades, dans la zone de Haraza, du côté de Aïn Sefra. Cela s’est passé en octobre 2006. Moghrad Mejdoub, à peine sorti de l’enfance, a perdu la vie. Il a été pratiquement décapité parce qu’il a voulu voir ce qu’il y avait dans cet objet curieux, nous informe Smaïli Djillali, notre collègue du bureau de Naâma. Son frère Mohamed, 13 ans, a perdu un œil, son autre frère Boudjemaâ, 26 ans, a pratiquement vu en direct la tête de Mejdoub se détacher du corps ; sa mère, présente à côté dans la tente lors de cet horrible accident, est traumatisée à vie. « Ma vie est partie », ne cessait-elle de se plaindre. Le crime de son enfant ? Sa curiosité ; il a pensé que la mine antipersonnel était un jouet. Son premier jouet trouvé au ras du sol lui a ôté la vie comme il l’a ôtée à des milliers d’autres depuis 1956, année effective où la barrière de la mort est mise à contribution pour barrer la route aux combattants de la liberté qui s’approvisionnaient en armes et munitions ou se retranchaient en territoire chérifien. D’autres enfants de la steppe continuent de jouer avec des mines. Tout comme le jeune Moghrad, ils pensent que ce sont des jouets. Certains les proposent à leurs parents qui en font des éléments décoratifs sur leur bahut. « Elles sont indétectables et peuvent se retrouver n’importe où, nous déclare le chef de daïra d’Aïn Sefra ; ce sont les projecteurs du véhicule de la Protection civile qui m’ont évité le pire », nous déclare-t-il. La lumière projecteur, la nuit, lui a fortuitement montré la tête d’une mine bien mise en évidence, une mine posée sur le sol, pratiquement à quelques mètres sur le bas-côté de la RN 6 qui mène à Béchar (la plus longue à l’échelle du pays).
Le chef de daïra participait à une opération de secours à la suite d’un grave accident de la circulation, et cela s’est passé il y a à peine un mois. Des témoignages de ce type on en entendra partout lors de nos déplacements dans cette région du pays où le développent socioéconomique est régulièrement stoppé par ce danger permanent, insidieux : l’ouverture de la nouvelle ligne de chemin de fer, la mise en valeur des terres agricoles, les lancement de projets, les constructions de logements et d’équipements socioéducatifs. « Pratiquement, tous les projets se doivent d’abord de lever la contrainte de la mine enfouie sinon, c’est sur 100 ans et plus qu’il faut rester sur ses gardes car ces mines d’une longévité extraordinaire peuvent arracher la vie à tout moment », nous avertit un responsable local au fait de la situation. L’épée de Damoclès est là, omniprésente sans en donner l’air, une épée traîtresse, agissant sur le long terme.
« ma vie est finie »
Les mines de type « encriers », entre autres, peuvent tuer ou mutiler à tout moment, sans faire de distinction : animaux, éleveurs, ouvriers sur chantier, écoliers, contrebandiers de haschich, cueilleurs de truffes (terfès), chasseurs du vendredi ou braconniers tentés par l’aventure d’aller un peu plus de l’avant vers cette immense toile d’araignée tissée entre 1956 et 1959 par une armée qui voulait dissuader tout mouvement suspect et surtout couper les moudjahiddine de la population autochtone.
Selon un décompte établi en 2004, ces mines ont tué 40 000 personnes, alors qu’on compte plus de 80 000 touchées dans leur intégrité physique, c’est-à-dire handicapées à vie. « Dans cette stratégie du long terme, ces mines dormantes sont maîtresses des lieux et de nos vies pour peu qu’on s’écarte un peu trop des agglomérations. Elles font dans le camouflage pour mieux nous surprendre », nous dit un citoyen rencontré dans un café de la paisible ville de Naâma, épargnée ces jours-ci du vent de sable. Une ville, qui, à la faveur du plan de développement national, prend, malgré tout, sa revanche sur le sort en se transformant, d’une année à l’autre, en un pôle stratégique dans les échanges entre le nord-ouest du pays et sa partie sud. « Les victimes ne sont pas toujours portées, hélas, à la connaissance des autorités concernées par le sujet, notamment la tutelle, c’est-à-dire la direction des Moudjahiddine », nous apprend Redouane Mohammed, le directeur. Il nous informe par ailleurs que certains parents ne déclarent pas leurs victimes parce qu’ils ignorent la loi, estiment que c’est le « Mektoub » qui a écrit ça, ou encore parce que quelques-uns d’entre eux s’adonnent au commerce du fil barbelé éparpillé sur des largeurs pouvant s’étaler de 40 à 60 mètres.
« La France continue à nous faire la guerre à distance »
« L’hécatombe nous poursuivra encore malgré nos 130 années de lutte contre le colonialisme », avertit Hadj Lamouri, très remonté par ailleurs contre l’autorité en charge du dossier, une autorité qu’il considère partiale et surtout méprisante pour les victimes civiles qui demandent de la considération avant l’aumône. « La France coloniale qui continue à nous faire la guerre à distance nous a bien prévenus, poursuit-il, que ses troupes quitteraient le pays, mais qu’elle continuerait à nous endeuiller à distance. » Et comme un malheur n’arrive jamais seul, hélas, cette tentaculaire bombe à retardement sera exploitée sans vergogne par l’hydre terroriste afin de pourvoir les maquis en poudre meurtrière. En effet, tout un réseau de livreurs de bombes s’est constitué, dans les années 90 et même après, autour de la collecte des mines à pression, bondissantes, à fragmentation et à fraction, destinées aux artificiers du GIA et autres GSPC implantés au nord du pays. Les mines ont changé de mains mais pas de fonction : des ennemis barbus nés chez nous ont pris la place de l’ancien occupant, des chasseurs de TNT en mal d’approvisionnement en armes destructrices ont trouvé l’aubaine pour mieux parachever l’œuvre de la colonisation. Certains parmi ces nouveaux livreurs de la mort ont été interceptés il n’y pas très longtemps dans la wilaya de Tlemcen. On aurait trouvé chez ces tueurs, bien de chez nous, pas moins de 2000 mines prêtes à être injectées dans le circuit terroriste et maffieux. « Il nous faudrait un autre siècle de déminage et encore si Dieu veut bien nous aider à localiser ces engins de la mort », déclare Boufeldja Mohamed, un habitant de Mecheria, luthier à ses heures, qui a interdit à ses enfants de sortir du périmètre de la ville. « On en a découvert pratiquement affleurantes aux alentours des nouvelles écoles et des nouveaux lotissements d’habitat urbains », nous informe-t-il, et d’ajouter : « Même les pique-nique dans les petites forêts rescapées du fameux barrage vert me font peur parce qu’on peut rencontrer la mine traîtresse à tout moment », indique-t-il. Des milliers de mines ont « migré » sous les effets des conditions atmosphériques D’autres familles nous diront pratiquement la même chose, à croire qu’elles ont intégré la mine voisine dans leur vie comme une fatalité avec laquelle il faut cohabiter et parfois la subir. « Vous sortez de votre voiture pour pisser à côté, et ça peut être l’irréparable », nous informe le même Boufeldja. Smaïli, quant à lui, nous apprend que quelques attributaires de terre ont, il y a quelque temps, carrément refusé de se rendre au lieu-dit Dzira sur le périmètre agricole dénommé Lahia.
Pareil du côté de Lakréma. Sur un chantier de la nouvelle ligne de chemin de fer Méchéria-Béchar — plus de 360 kilomètres — on a dû faire appel, encore une fois, aux services spécialisés du génie militaire de l’ANP pour que les ouvriers mettent leurs réticences de côté et s’attellent à la tâche afin d’achever ce projet d’une portée considérable pour le développement régional. La menace guette à tout moment, rappelle-t-on.
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