Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Nicolas Sarkozy traîne les pieds sur l'Afrique

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Nicolas Sarkozy traîne les pieds sur l'Afrique

    Selon une évaluation de l’EMO faite en juin 2008, les forces Françaises en posture opérationnelle en métropole et hors métropole seraient exactement de 17.680 hommes. Mais quand l’on constate que l’effectif des militaires français stationnés sur le seul continent Africain – selon la même source – est de 6905 hommes, soit plus du tiers des forces françaises déployées à travers le monde entier, on comprendra aisément que l’Afrique bénéficie d’un véritable régime de faveur. Pourtant dans la foulée de son accession à l’Elysée, Nicolas Sarkozy avait parlé – avec des éclairs dans les yeux - de la révision des accords militaires justifiant cette présence militaire sur le continent noir. Un an plus tard, les choses n’ont guère beaucoup avancé. Manque de volonté politique?

    Les données sont vérifiables : La présence militaire française en Afrique est tout simplement impressionnante. Une présence qui remonte aux lendemains des indépendances, et était certainement justifiée par toutes sortes de convulsions géopolitiques de l’époque que la France, ex-puissance coloniale ou tutrice, se sentait le devoir de conjurer. Mais une présence qui, au fil du temps et en dépit du contexte ayant évolué, a fini par prendre d’autres formes, d’autres formats et d’autres connotations.

    Qu’on en juge :
    En Côte d’Ivoire : « L’opération Licorne » et celle de l’ONUCI mobilisent respectivement 1630 et 185 hommes.
    Au Cap Vert (Sénégal) : 590 hommes.
    En République Centrafricaine : Eufor Tchad-RCA (190) et Opération Boali (230).
    Au Gabon : 690 hommes.
    Au Cameroun : l’opération Aramis n’est composée que de….10 hommes !
    A Djibouti, on compte bien 1700 hommes stationnés…

    Le Tchad reste et demeure en tout cas le pays détenant la palme d’or de la présence militaire française sur le continent avec – officiellement – 690 hommes pour « l’opération Epervier » et 990 pour celle Eufor Tchad-RCA. Il est vrai que des sources officieuses parlent d’un effectif largement supérieur à 1500 hommes pour « l’opération Epervier », ce qui fait que le Tchad est le pays où la France est le plus présent sur le continent noir. Avec cette particularité, quand le besoin est ressenti, de gonfler ces effectifs à souhait, en puisant à volonté dans ceux du Gabon, comme cela avait été le cas en Avril 2006 quand les rebelles du FUC étaient arrivés aux portes de N’djamena ; sans oublier le cas très révélateur en février 2008, quand les forces de la résistance, la CMU avait lancé l’assaut sur N’Djamena.

    Pour mémoire :
    Les troupes françaises étaient intervenues militairement pour soutenir le régime du dictateur assassin, corrompu et tortionnaire d’Idriss Déby, menacé par une offensive coordonnée de plusieurs colonnes de la CMU. Sarkozy, Morin, son ministre de la défense, ou Kouchner, ont certes essayé de camoufler leurs traces avec leurs multiples sorties médiatiques que « l’armée française n’était pas intervenue ». Mais le masque fut tombé avec les révélations du journal français La Croix.

    L’armée française a non seulement fourni à la milice de Déby de précieux renseignements, mais encore, sous couvert d’évacuation des étrangers, les militaires français ont pris le contrôle de l’aéroport de N’Djamena, assurant ainsi la protection des avions et hélicoptères de l’armée tchadienne qui en décollaient pour mener leurs sales opérations - Celles de tirer sur les paisibles civils.

    Les soldats français, appuyés par des renforts venus du Gabon, ont tiré contre les troupes de la CMU pour préserver le contrôle de l’aéroport, transporté dans leurs avions des mercenaires venus prêter main forte à Déby, lequel a profité de la situation pour arrêter et mettre au secret ses principaux opposants civils.

    Dans les premiers jours qui avaient suivi son élection à la présidence de la république Française, Nicolas Sarkozy avait parlé sans détours d’une révision en profondeur - pour être même précis, il était question d’un « nettoyage » - des accords de défense destinés à une remise à plat des relations franco-africaines pendant trop longtemps considérées par la quasi-totalité des milieux politiques de l’Hexagone comme équivoques.

    Le nouveau président avait même carrément provoqué une véritable danse de St Guy dans la plupart des cabinets présidentiels des républiques Africaines quand, le 28 février 2008 il avait proclamé devant le Parlement Sud Africain, au Cap, « sa volonté de tordre le cou aux dérives de la « Françafrique », allant jusqu’à assurer que l’armée Française ne jouerait plus les gendarmes du continent ».

    Dans la même foulée, le successeur de Jacques Chirac avait annoncé la révision totale et absolue de ces accords – qu’il n’hésita pas alors de qualifier « d’obsolètes » - signés depuis la nuit des temps entre Paris et ses ex-colonies, allant jusqu'à estimer qu’il n’est désormais « plus concevable » que l’armée Française « intervienne dans les conflits internes ».
    Et pour faire bonne mesure, promesse avait été faite que désormais le Parlement Français allait dorénavant être pleinement associé à la politique africaine qui avait été jusque là la chasse gardée du seul président de la république.

    A la date d’aujourd’hui, soit un an après ces flamboyantes déclarations, s’il est difficile pour les observateurs de l’actualité africaine d’affirmer que ces engagements seraient demeurés intacts, on ne peut pas dire que, concrètement, beaucoup aurait été fait dans ce sens : en tout cas, on n’arrête pas de persifler du côté de l’Elysée et ses environs au sujet d’un document d’une quinzaine de pages qui aurait été paraphé ces derniers jours entre le gouvernement Français et celui du Togo dont on dit qu’il « redéfinirait une coopération militaire Franco –Togolaise sur une base réciproque ».
    Cerise sur le gâteau, cet accord exclurait « tout engagement de l’armée Française pour soutenir le régime en place ».

    Si, selon certaines sources bien informées, Bernard Kouchner avait qualifié cet accord de « révolutionnaire», les plus grands observateurs de la politique africaine, pour leur part, n’auraient pas hésité à le trouver sibyllin dans la mesure où aucun contingent militaire français n’est stationné dans ce pays.
    Et s’il est vrai qu’on évoque tout autant du côté du Quai d’Orsay un contingent de sept pays qui, après le Togo, devraient bientôt voir leurs accords de coopération avec la France passer à l’étude (RCA, Cameroun, Comores, Djibouti, Sénégal, Gabon et Côte d’Ivoire) il est clair que le cas du Tchad est traité sur un registre spécial puisque la présence militaire française dans ce pays semble relever de considérations spéciales.

    Le Tchad où la France maintient stationné son plus grand « contingent africain » et dont, soutient Nicolas Vercken de l’organisation non gouvernementale OXFAM, les accords de coopération militaire avec la Métropole devraient, comme d’ailleurs dans tous les pays où les risques de conflits demeurent constants, être « nettoyés ». Car le seul fait que la France y maintienne, depuis 1990, près de 2000 soldats en permanence est tout simplement considéré par toute la classe politique Tchadienne comme un soutien de la France à Idriss Deby.

    Ainsi, en ce moment même où l’opposition politico-militaire se prépare à lancer une très large offensive sur N’djamena, l’activisme fébrile de la France, ainsi que la mobilisation perceptible d’une logistique sophistiquée de télécommunication et de contrôle satellitaire dont il est certain qu’ils seront orientés contre les forces de la résistance nationale plus que jamais déterminées à bouter Idriss Deby du pouvoir, la France aura du mal à camper cette neutralité qu’elle clame tant.

    Quoiqu’il en soit, il serait bien temps que la France définisse une fois pour tous ses accords militaires, non plus avec des régimes, mais bel et bien avec des Etats. Et ce ne serait que tant mieux pour cette démocratie que la France n’en finit pas de porter en bandoulière !

    La Rédaction de Tchadvision
    La chronique N°4 de la françafrique : Présence militaire Française en Afrique…


    © Copyright Tchadactuel
Chargement...
X