Paris et les grandes villes françaises grouillent de responsables algériens en campagne pour le candidat Bouteflika, dépêchés, depuis Alger, pour la cause.
Pendant que certains s’attellent à mobiliser les associations anciennes, formées essentiellement de compatriotes de la vieille émigration, d’autres se chargent de l’élite, cible nouvelle et ô combien convoitée en cette campagne électorale.
Constituée de jeunes Algériens, dont beaucoup de binationaux, cette cible est loin d’avoir l’acquiescement facile à tout discours électoraliste.
Le diplomate, ancien ambassadeur en France, Mohamed Ghoualmi, en a rencontré une centaine mardi soir.
En plus de l’appel à la participation au scrutin électoral, Mohamed Ghoualmi qui tenait sa 4e rencontre, n’a pas cessé d’exhorter cette élite «à participer à corriger l’image de l’Algérie», celle véhiculée, notamment ici, ternie parce qu’on omet souvent «de mettre en relief, le bilan et les réalisations colossales de notre pays». «L’Algérie a besoin de vous et compte sur vous», a déclaré d’entrée de jeu M. Ghoualmi.
En direction des 2 500 immigrés algériens qui seraient des élus politiques en France, Ghoualmi a affirmé : «Je n’ai pas peur de dire que ce sont nos élus.»
S’appuyant très certainement sur l’expérience de ses trois précédentes rencontres avec la communauté où cette dernière n’a pas manqué de rappeler les promesses non tenues, le diplomate prend toutes les précautions : «Je n’ai pas la prétention de vous apporter beaucoup de choses. Ma mission n’est pas seulement de vous inviter à voter, mais aussi de transmettre vos doléances.»
Mais une fois exprimée, cette précaution est immédiatement suivie par le rappel du grand projet inscrit au programme du candidat Bouteflika, en l’occurrence le Conseil national consultatif de la communauté algérienne à l’étranger. Un conseil de ce type, devait rappeler M. Ghoualmi, avait été créé il y a quelques années, mais il échoua dans sa mission.
Aussi, il faudra bien, dit-il, que l’on analyse le pourquoi de cet échec. Et évoquant une des raisons possibles de cet échec, l’ambassadeur l’impute au «manque de représentativité d’un conseil qui ne reflétait pas la diversité de la communauté algérienne en France». Le futur conseil devra, précise-t-il «être à l’image de cette communauté et donc être composé d’une diversité au plan de l’âge, de parité hommes-femmes, de catégories socioprofessionnelles ».
L’image véhiculée dans l’Hexagone et son corollaire de «clichés qui passent les réalisations de l’Algérie en pertes et profits» a longuement été évoquée dans l’intervention de l’ambassadeur qui a fait référence, pour l’occasion, à sa propre expérience personnelle, du temps où il était ambassadeur et était alors confronté à des médias — il cite les journalistes et les médias — qui, contre toute vérité et réalité du pays, diffusaient des images des plus déplorables.
L’ambassadeur rappellera, entre autres, ce fait, arrivé au moment des inondations de Bab-El-Oued et qu’il n’a jamais avalé : la Mairie de Paris avait alors monté un chapiteau dans lequel elle a mis le vide-grenier pour l’envoi aux Algériens. «Quelque part, notre histoire n’a pas été digérée», dit encore M.Ghoualmi et «les moments de crise sont des moments de vérité pour un pays». C’est pour tout cela qu’il considère que chacun se doit de s’élever contre ce traitement discriminatoire et différencié car, dit-il encore, «nous sommes vecteurs d’une image pas très positive de notre pays et oublions souvent de mettre en perspective les choses».
Et comme lors de sa dernière rencontre à Paris, il évoque l’inévitable bilan des réalisations du candidat Bouteflika dont tous les progrès du pays sont portés à son actif, même ceux relatifs à la Sécurité sociale, à l’espérance de vie, au taux d’électrification, à la gratuité des prestations de transport aux étudiants… «Sincèrement et volontairement, je soutiens Bouteflika, car je suis convaincu. De plus, ma carrière est derrière moi», devait conclure l’ambassadeur.
Des interventions des participants au débat, modéré par Ghaleb Benchikh, nous retiendrons notamment celle, venant d’un élu PS et responsable de l’Espace franco-algérien, Akli Mellouli, qui tout en déclarant «nous sommes tous attachés au pays» interroge : «Sommes-nous la cinquième colonne ici et là-bas ?»
Comme il interroge à propos de certaines incohérences : «Au moment où, nous ici, nous appelons à investir dans le pays, le Premier ministre algérien déclare très officiellement que nous n’avons pas de stratégie industrielle ? Comment peut-on alors parler de projet et n’est-ce pas ce type de déclarations qui fait la mauvaise image du pays ?»
Lui emboîtant le pas, Chafia Mentelechta se félicite du projet de parité inscrit au programme du président – «ça n’est que justice»— mais elle s’interroge aussi : «Le ministre chargé de la Communauté, M. Djamel Ould Abbès, avait promis la mise en place d’un groupe de réflexion, mais depuis rien. C’est pourquoi on a l’impression d’assister à des thérapies de groupe sans fin.» «Il faut, bien sûr, être indulgent avec le pays, comme vous nous le demandez, mais avec un devoir d’exigence. Nous ne percevons pas de projet de société dans le programme. Il y a comme un catalogue de mesures, sans chiffres et sans perspective lisible.»
«Les Algériens d’ici, a-t-elle poursuivi, ont vécu les difficultés que vous connaissez parce que les Français pensent que nous avons été abandonnés par notre pays.» L’intervenante évoquera ensuite les harraga et les sans-papiers pour s’écrier : «Il n’est pas normal que des jeunes traversent la mer au risque de leur vie et atterrissent à Barbès, sans travail, sans papiers et dans le dénuement. Le gouvernement algérien doit s’occuper de sa jeunesse et surtout s’attaquer à la pauvreté qui la fait fuir.» Et, dit-elle, en s’excusant : «On aime tellement l’Algérie, qu’on se fiche pas mal de qui va être président demain, mais l’on cherche à savoir comment tous ces problèmes essentiels vont être réglés ; en fait quel est le projet pour notre pays.»
Par le Soir
Pendant que certains s’attellent à mobiliser les associations anciennes, formées essentiellement de compatriotes de la vieille émigration, d’autres se chargent de l’élite, cible nouvelle et ô combien convoitée en cette campagne électorale.
Constituée de jeunes Algériens, dont beaucoup de binationaux, cette cible est loin d’avoir l’acquiescement facile à tout discours électoraliste.
Le diplomate, ancien ambassadeur en France, Mohamed Ghoualmi, en a rencontré une centaine mardi soir.
En plus de l’appel à la participation au scrutin électoral, Mohamed Ghoualmi qui tenait sa 4e rencontre, n’a pas cessé d’exhorter cette élite «à participer à corriger l’image de l’Algérie», celle véhiculée, notamment ici, ternie parce qu’on omet souvent «de mettre en relief, le bilan et les réalisations colossales de notre pays». «L’Algérie a besoin de vous et compte sur vous», a déclaré d’entrée de jeu M. Ghoualmi.
En direction des 2 500 immigrés algériens qui seraient des élus politiques en France, Ghoualmi a affirmé : «Je n’ai pas peur de dire que ce sont nos élus.»
S’appuyant très certainement sur l’expérience de ses trois précédentes rencontres avec la communauté où cette dernière n’a pas manqué de rappeler les promesses non tenues, le diplomate prend toutes les précautions : «Je n’ai pas la prétention de vous apporter beaucoup de choses. Ma mission n’est pas seulement de vous inviter à voter, mais aussi de transmettre vos doléances.»
Mais une fois exprimée, cette précaution est immédiatement suivie par le rappel du grand projet inscrit au programme du candidat Bouteflika, en l’occurrence le Conseil national consultatif de la communauté algérienne à l’étranger. Un conseil de ce type, devait rappeler M. Ghoualmi, avait été créé il y a quelques années, mais il échoua dans sa mission.
Aussi, il faudra bien, dit-il, que l’on analyse le pourquoi de cet échec. Et évoquant une des raisons possibles de cet échec, l’ambassadeur l’impute au «manque de représentativité d’un conseil qui ne reflétait pas la diversité de la communauté algérienne en France». Le futur conseil devra, précise-t-il «être à l’image de cette communauté et donc être composé d’une diversité au plan de l’âge, de parité hommes-femmes, de catégories socioprofessionnelles ».
L’image véhiculée dans l’Hexagone et son corollaire de «clichés qui passent les réalisations de l’Algérie en pertes et profits» a longuement été évoquée dans l’intervention de l’ambassadeur qui a fait référence, pour l’occasion, à sa propre expérience personnelle, du temps où il était ambassadeur et était alors confronté à des médias — il cite les journalistes et les médias — qui, contre toute vérité et réalité du pays, diffusaient des images des plus déplorables.
L’ambassadeur rappellera, entre autres, ce fait, arrivé au moment des inondations de Bab-El-Oued et qu’il n’a jamais avalé : la Mairie de Paris avait alors monté un chapiteau dans lequel elle a mis le vide-grenier pour l’envoi aux Algériens. «Quelque part, notre histoire n’a pas été digérée», dit encore M.Ghoualmi et «les moments de crise sont des moments de vérité pour un pays». C’est pour tout cela qu’il considère que chacun se doit de s’élever contre ce traitement discriminatoire et différencié car, dit-il encore, «nous sommes vecteurs d’une image pas très positive de notre pays et oublions souvent de mettre en perspective les choses».
Et comme lors de sa dernière rencontre à Paris, il évoque l’inévitable bilan des réalisations du candidat Bouteflika dont tous les progrès du pays sont portés à son actif, même ceux relatifs à la Sécurité sociale, à l’espérance de vie, au taux d’électrification, à la gratuité des prestations de transport aux étudiants… «Sincèrement et volontairement, je soutiens Bouteflika, car je suis convaincu. De plus, ma carrière est derrière moi», devait conclure l’ambassadeur.
Des interventions des participants au débat, modéré par Ghaleb Benchikh, nous retiendrons notamment celle, venant d’un élu PS et responsable de l’Espace franco-algérien, Akli Mellouli, qui tout en déclarant «nous sommes tous attachés au pays» interroge : «Sommes-nous la cinquième colonne ici et là-bas ?»
Comme il interroge à propos de certaines incohérences : «Au moment où, nous ici, nous appelons à investir dans le pays, le Premier ministre algérien déclare très officiellement que nous n’avons pas de stratégie industrielle ? Comment peut-on alors parler de projet et n’est-ce pas ce type de déclarations qui fait la mauvaise image du pays ?»
Lui emboîtant le pas, Chafia Mentelechta se félicite du projet de parité inscrit au programme du président – «ça n’est que justice»— mais elle s’interroge aussi : «Le ministre chargé de la Communauté, M. Djamel Ould Abbès, avait promis la mise en place d’un groupe de réflexion, mais depuis rien. C’est pourquoi on a l’impression d’assister à des thérapies de groupe sans fin.» «Il faut, bien sûr, être indulgent avec le pays, comme vous nous le demandez, mais avec un devoir d’exigence. Nous ne percevons pas de projet de société dans le programme. Il y a comme un catalogue de mesures, sans chiffres et sans perspective lisible.»
«Les Algériens d’ici, a-t-elle poursuivi, ont vécu les difficultés que vous connaissez parce que les Français pensent que nous avons été abandonnés par notre pays.» L’intervenante évoquera ensuite les harraga et les sans-papiers pour s’écrier : «Il n’est pas normal que des jeunes traversent la mer au risque de leur vie et atterrissent à Barbès, sans travail, sans papiers et dans le dénuement. Le gouvernement algérien doit s’occuper de sa jeunesse et surtout s’attaquer à la pauvreté qui la fait fuir.» Et, dit-elle, en s’excusant : «On aime tellement l’Algérie, qu’on se fiche pas mal de qui va être président demain, mais l’on cherche à savoir comment tous ces problèmes essentiels vont être réglés ; en fait quel est le projet pour notre pays.»
Par le Soir
Commentaire