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L'assassinat au Liban d'un haut responsable du Fatah témoigne de l'instabilité des camps palestiniens
LE MONDE | 27.03.09 | 15h46 • Mis à jour le 27.03.09 | 15h46
Les funérailles du numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) au Liban, Kamal Medhat, connu également sous le nom de Kamal Nagi, se sont déroulées jeudi 26 mars à Beyrouth. Le responsable palestinien, membre éminent du Fatah, la principale composante de l'OLP, avait été tué le 23 mars avec trois autres Palestiniens dans un attentat qui n'a toujours pas été revendiqué.
Les funérailles du numéro deux de l'Organisation de Libération de la Paslestine (OLP) au Liban, Kamal Medhat, à Beyrouth, le 25 mars 2009.
Les faits L'assassinat au Liban d'un haut responsable du Fatah témoigne de l'instabilité des camps palestiniens
Le véhicule dans lequel il circulait avait été détruit par l'explosion d'une bombe déclenchée à distance alors qu'il sortait du camp de réfugiés de Miéh Miéh, près de Saïda, où il venait de présenter ses condoléances à la famille d'un responsable du camp, tué à la suite d'une querelle de clans. L'ambassadeur de l'OLP au Liban, Abbas Zaki, était également sur les lieux. Selon des sources palestiniennes, ce dernier aurait pu être la cible véritable de l'attentat, les deux hommes circulant dans le même modèle de voiture.
Les camps palestiniens au Liban, un pays où les réfugiés souffrent de très fortes discriminations compte tenu du rôle qui avait été celui des "feddayins" dans l'embrasement de la guerre civile libanaise (1975-1989), sont réputés pour leur instabilité. Lorsque le régime syrien contrôlait le pays, il s'était efforcé d'instrumentaliser à son profit certains courants nationalistes palestiniens.
RAPPROCHEMENT AFFAIBLI
Ces divisions avaient été renforcées par la signature des accords d'Oslo avec Israël en 1993. Elles ont été accompagnées par la suite par le développement de mouvements djihadistes comme l'Ouzbat Al-Ansar ou de groupuscules comme le Jound al-Cham, notamment dans le camp de Aïn al-Héloué, le plus important du Liban, proche celui de Miéh Miéh.
Mais c'est dans un autre camp situé dans le nord, à Nahr al-Bared, près de Tripoli, que ce phénomène a débouché sur une prise de contrôle par un autre groupe, le Fatah Al-Islam revendiquant une filiation avec Al-Qaida. Cette main-mise a précipité un affrontement avec l'armée libanaise, à l'été 2007, reposant la question du désarmement des milices palestiniennes évoquée par plusieurs résolutions des Nations unies.
L'armée libanaise ne l'avait emporté qu'au terme d'un long siège. A cette occasion, avec l'aval des responsables palestiniens au Liban, elle avait rompu la règle qui lui interdisait d'intervenir dans les camps. Pendant les combats, les groupes djihadistes de Aïn al-Héloué avaient pris leurs distances vis-à-vis du Fatah Al-Islam.
Si les Palestiniens ont mis en cause Israël dans l'assassinat de Kamal Medhat, d'autres pistes peuvent être esquissées comme les tensions entre le Fatah et des groupes djihadistes, ou la rivalité entre le Fatah et le Mouvement de la résistance (Hamas) qui se répercutent également dans les camps, même si la présence ostensible du Hamas lors des funérailles de jeudi tendrait à dédouaner le mouvement islamiste.
Dans un rapport publié en février (et dans lequel Kamal Medhat était cité), l'International Crisis Group (ICG) avait également évoqué les tensions internes au Fatah, et notamment la reprise en main de l'appareil libanais par Abbas Zaki, envoyé sur place en 2005 par l'Autorité palestinienne après le réchauffement des relations libano-palestiniennes.
De sources palestiniennes, Kamal Medhat travaillait activement à la restauration d'un dialogue entre le Fatah, le Hamas et certains groupes djihadistes. Sa mort affaiblira bien évidemment le Fatah et l'objectif ambitieux d'un rapprochement palestinien.
Gilles Paris
LE MONDE | 27.03.09 | 15h46 • Mis à jour le 27.03.09 | 15h46
Les funérailles du numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) au Liban, Kamal Medhat, connu également sous le nom de Kamal Nagi, se sont déroulées jeudi 26 mars à Beyrouth. Le responsable palestinien, membre éminent du Fatah, la principale composante de l'OLP, avait été tué le 23 mars avec trois autres Palestiniens dans un attentat qui n'a toujours pas été revendiqué.
Les funérailles du numéro deux de l'Organisation de Libération de la Paslestine (OLP) au Liban, Kamal Medhat, à Beyrouth, le 25 mars 2009.
Les faits L'assassinat au Liban d'un haut responsable du Fatah témoigne de l'instabilité des camps palestiniens
Le véhicule dans lequel il circulait avait été détruit par l'explosion d'une bombe déclenchée à distance alors qu'il sortait du camp de réfugiés de Miéh Miéh, près de Saïda, où il venait de présenter ses condoléances à la famille d'un responsable du camp, tué à la suite d'une querelle de clans. L'ambassadeur de l'OLP au Liban, Abbas Zaki, était également sur les lieux. Selon des sources palestiniennes, ce dernier aurait pu être la cible véritable de l'attentat, les deux hommes circulant dans le même modèle de voiture.
Les camps palestiniens au Liban, un pays où les réfugiés souffrent de très fortes discriminations compte tenu du rôle qui avait été celui des "feddayins" dans l'embrasement de la guerre civile libanaise (1975-1989), sont réputés pour leur instabilité. Lorsque le régime syrien contrôlait le pays, il s'était efforcé d'instrumentaliser à son profit certains courants nationalistes palestiniens.
RAPPROCHEMENT AFFAIBLI
Ces divisions avaient été renforcées par la signature des accords d'Oslo avec Israël en 1993. Elles ont été accompagnées par la suite par le développement de mouvements djihadistes comme l'Ouzbat Al-Ansar ou de groupuscules comme le Jound al-Cham, notamment dans le camp de Aïn al-Héloué, le plus important du Liban, proche celui de Miéh Miéh.
Mais c'est dans un autre camp situé dans le nord, à Nahr al-Bared, près de Tripoli, que ce phénomène a débouché sur une prise de contrôle par un autre groupe, le Fatah Al-Islam revendiquant une filiation avec Al-Qaida. Cette main-mise a précipité un affrontement avec l'armée libanaise, à l'été 2007, reposant la question du désarmement des milices palestiniennes évoquée par plusieurs résolutions des Nations unies.
L'armée libanaise ne l'avait emporté qu'au terme d'un long siège. A cette occasion, avec l'aval des responsables palestiniens au Liban, elle avait rompu la règle qui lui interdisait d'intervenir dans les camps. Pendant les combats, les groupes djihadistes de Aïn al-Héloué avaient pris leurs distances vis-à-vis du Fatah Al-Islam.
Si les Palestiniens ont mis en cause Israël dans l'assassinat de Kamal Medhat, d'autres pistes peuvent être esquissées comme les tensions entre le Fatah et des groupes djihadistes, ou la rivalité entre le Fatah et le Mouvement de la résistance (Hamas) qui se répercutent également dans les camps, même si la présence ostensible du Hamas lors des funérailles de jeudi tendrait à dédouaner le mouvement islamiste.
Dans un rapport publié en février (et dans lequel Kamal Medhat était cité), l'International Crisis Group (ICG) avait également évoqué les tensions internes au Fatah, et notamment la reprise en main de l'appareil libanais par Abbas Zaki, envoyé sur place en 2005 par l'Autorité palestinienne après le réchauffement des relations libano-palestiniennes.
De sources palestiniennes, Kamal Medhat travaillait activement à la restauration d'un dialogue entre le Fatah, le Hamas et certains groupes djihadistes. Sa mort affaiblira bien évidemment le Fatah et l'objectif ambitieux d'un rapprochement palestinien.
Gilles Paris
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