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Le Sang de mars de Tarik Djerroud

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  • Le Sang de mars de Tarik Djerroud

    Pour son premier coup d’essai littéraire, Tarik Djerroud a tenté un grand coup avec Le Sang de mars. C’est toute la relation tumultueuse faite tantôt de passion, tantôt de haine entre le tandem Algérie-France qui revient en surface.

    Toute la période allant de Charles X au décret Crémieux, des tranchées de Verdun jusqu’aux massacres de mai 1945, des exactions de l’OAS jusqu’au mémorable match de football France- Algérie, qui s’étalent au fil des pages. Au milieu d’une intrigue fuyante et saisissante.

    Le Sang de mars est l’histoire des retrouvailles (impossibles ?) au goût amer entre deux hommes, deux mondes, que tout sépare a priori. Nordine Azemour, un jeune algérois au destin jalonné de tragédies, né sous une mauvaise étoile, a pourtant de l’ambition à en revendre. De l’ironie aussi. L’Algérie à deux doigts de la capitulation devant le péril vert, il décide de prendre le chemin de l’exil.

    A Marseille, ville bruyante et multicolore, le nouveau débarqué multiplie les infortunes dans l’attente inespérée de rejoindre la perfide Albion, terre de ses rêves d’enfant. Désillusions amères... Mais, hasard de la vie, Nordine, enfant de « la honte », sa mère, Malika, ayant été violée par un bidasse français dans les Aurès (est de l’Algérie) durant la guerre de libération, rencontre Marcel Stermann, un ancien soldat de l’ancienne colonie, également ex-chroniqueur au journal le Quotidien. Entre les deux se noue une amitié impeccable et généreuse, sous la bastide du français. Jalousement gardé, le passé des deux amis émerge au fil des chapitres.

    Marcel, homme malade, atteint de leucémie, a eu la vie sauve grâce à un don de moelle osseuse de son ami algérien. Poussé par la curiosité, Enzo, médecin traitant de Marcel, pioche dans la vie privée et mystérieuse des deux amis. Trop de similitudes. La vérité semble trouver un interstice. Marcel n’est autre que le père de Nordine. Commence alors la course frénétique : comment révéler à Nordine que le géniteur, le violeur de sa mère, ce père inconnu, n’était en fin de compte que Marcel son ami, son bienfaiteur marseillais. Dur, dur, mais à qui confier la tâche ? Le roman se termine juste après l’annonce de « la nouvelle » aux allures sismiques... Une fin ouverte où toutes les pistes sont plausibles ! Alternant récit et dialogue, l’auteur traite, sans fard, des drames des « petites gens » d’ici et de là-bas « écrasés par la guerre d’Algérie ». Recoller les morceaux et tenter une nouvelle page. Quelle audace !

    Mais l’amitié algéro-française est-elle un mirage ou une réalité ? Empreinte de rigueur poétique et ciselée, la langue de l’auteur n’hésite pas à aller au plus profond des âmes de ses personnages pour nous servir leurs émotions au ton mélodramatique. Le Sang de mars, un livre coup de cœur, nous emmène dans un voyage dans le temps entre sentiments étranges, blessures de la vie jamais refermées et mémoire refoulée. Un livre mené de main de maître.

    Le Sang de mars. Tarik Djerroud, auto-édition ; 168 pages, 300 DA.

    Par El Watan
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