Par : Docteur Abderrahmane Mebtoul*
Après celle du 15 novembre 2008 à Washington, une autre réunion du G20 se tiendra à Londres le 02 avril 2009, cette fois en présence du nouveau président US, composée des pays développés et des pays émergents, représentant 85% du PIB mondial et 2/3 de la population mondiale.
Elle sera consacrée à la crise financière d’une ampleur planétaire dont la sous-capitalisation vient d’être estimée, à mars 2009, à une perte de plus de 52.000 milliards de dollars (près de 360 fois les réserves algériennes), contre 30.000 en novembre 2008, montrant la profondeur de la crise.
Le BIT, dans son dernier rapport de mars 2009, estime que le chômage risque de toucher entre 40 et 50 millions de personnes de plus dans le monde, atteignant un record de plus de 250 millions de personnes fin 2009, les premières conséquences économiques et sociales ne cessant de se faire sentir, pouvant, avec les ondes de choc, aller jusqu’en 2013/2014, s’il y a une légère reprise fin 2010, fonction des thérapeutiques préconisées.
Les mouvements sociaux, de plus en plus persistants, sont des révélateurs de l’aggravation des malaises des sociétés et de l’inquiétude croissante vis-à-vis de l’avenir et ce, malgré une injection monétaire sans précédent des Etats pour répondre à la paralysie du marché.
Aussi, le G20 devrait axer sa stratégie autour de six (6) objectifs, encore qu’existent des divergences entre, d’une part l’Europe et les USA, et entre les pays émergents et les pays développés d’autre part:
Premièrement: Dégager une réponse commune à la crise financière en évitant toute forme de protectionnisme qui accroîtrait la crise mondiale comme en 1929, en ouvrant les pistes d'une réforme en profondeur du système financier international mais avec des objectifs différents: les Européens privilégient une nouvelle régulation de l’économie mondiale avec plus de pouvoir pour le FMI et la Banque mondiale, la position des USA est qu’ils veulent toujours garder la suprématie et la relance à travers de nouvelles injections monétaires donnant la priorité à l’assainissement des actifs pourris, suivis, pour ce dernier point, par le FMI.
Deuxièmement, la position des pays émergents qui proposent une lutte contre le protectionnisme, étant paradoxalement les défenseurs de la mondialisation, une plus grande représentation au niveau du FMI et de la Banque mondiale, une nouvelle monnaie internationale, (rappelons que le dollar avait été connecté à l’or, puis nous avons assisté à sa déconnection en 1971 avec la suprématie du dollar comme étalon d’échange international qui représente, aujourd’hui, bien qu’en diminution relative, plus de 60% des transactions internationales mondiales), car le risque à terme, en cas de méfiance, étant le déclassement du dollar, ce qui accélèrerait sa dépréciation dont les bons de trésor.
Troisièmement, prendre de nouvelles initiatives pour parer à d'éventuelles faillites bancaires et imposer aux banques de nouvelles normes comptables.
Quatrièmement, des règles plus strictes sur les agences de notation, la titrisation, le blanchiment d’argent et les parachutes dorés en moralisant le capitalisme.
Cinquièmement, accroître les dépenses publiques à travers des déficits budgétaires coordonnées, ciblées, dans le cadre d’une libéralisation maîtrisée, au profit du secteur privé et ce, avec un droit de regard de l’Etat rentrant temporairement dans le capital qui sera cédé à nouveau au secteur privé en cas de reprise de la croissance.
Enfin, sixièmement, lié au point précédent, intégrer le défi écologique (nouveau modèle de consommation énergétique), ces aides étant attribuées aux secteurs qui s’engagent à faire des économies d’énergies et développer les énergies renouvelables (accord de Kyoto) pour le BTPH et des technologies propres pour le secteur automobile.
En résumé, dans ce contexte incertain, doit-on se contenter de revenir à une politique de régulation économique qui pourrait prendre la forme d'un «néo-keynésianisme vert mondial», une thérapeutique conjoncturelle inefficace face une hémorragie interne ou doit-on envisager, concrètement, une réforme structurelle du capitalisme, privilégiant les producteurs de richesses tenant compte des interdépendances accrues des économies et de la marginalisation des 2/3 de la population mondiale?
Un échec de la réunion du 02 avril 2009 serait désastreux pour l’avenir de l’économie mondiale.
* Expert International
Le Financier
Après celle du 15 novembre 2008 à Washington, une autre réunion du G20 se tiendra à Londres le 02 avril 2009, cette fois en présence du nouveau président US, composée des pays développés et des pays émergents, représentant 85% du PIB mondial et 2/3 de la population mondiale.
Elle sera consacrée à la crise financière d’une ampleur planétaire dont la sous-capitalisation vient d’être estimée, à mars 2009, à une perte de plus de 52.000 milliards de dollars (près de 360 fois les réserves algériennes), contre 30.000 en novembre 2008, montrant la profondeur de la crise.
Le BIT, dans son dernier rapport de mars 2009, estime que le chômage risque de toucher entre 40 et 50 millions de personnes de plus dans le monde, atteignant un record de plus de 250 millions de personnes fin 2009, les premières conséquences économiques et sociales ne cessant de se faire sentir, pouvant, avec les ondes de choc, aller jusqu’en 2013/2014, s’il y a une légère reprise fin 2010, fonction des thérapeutiques préconisées.
Les mouvements sociaux, de plus en plus persistants, sont des révélateurs de l’aggravation des malaises des sociétés et de l’inquiétude croissante vis-à-vis de l’avenir et ce, malgré une injection monétaire sans précédent des Etats pour répondre à la paralysie du marché.
Aussi, le G20 devrait axer sa stratégie autour de six (6) objectifs, encore qu’existent des divergences entre, d’une part l’Europe et les USA, et entre les pays émergents et les pays développés d’autre part:
Premièrement: Dégager une réponse commune à la crise financière en évitant toute forme de protectionnisme qui accroîtrait la crise mondiale comme en 1929, en ouvrant les pistes d'une réforme en profondeur du système financier international mais avec des objectifs différents: les Européens privilégient une nouvelle régulation de l’économie mondiale avec plus de pouvoir pour le FMI et la Banque mondiale, la position des USA est qu’ils veulent toujours garder la suprématie et la relance à travers de nouvelles injections monétaires donnant la priorité à l’assainissement des actifs pourris, suivis, pour ce dernier point, par le FMI.
Deuxièmement, la position des pays émergents qui proposent une lutte contre le protectionnisme, étant paradoxalement les défenseurs de la mondialisation, une plus grande représentation au niveau du FMI et de la Banque mondiale, une nouvelle monnaie internationale, (rappelons que le dollar avait été connecté à l’or, puis nous avons assisté à sa déconnection en 1971 avec la suprématie du dollar comme étalon d’échange international qui représente, aujourd’hui, bien qu’en diminution relative, plus de 60% des transactions internationales mondiales), car le risque à terme, en cas de méfiance, étant le déclassement du dollar, ce qui accélèrerait sa dépréciation dont les bons de trésor.
Troisièmement, prendre de nouvelles initiatives pour parer à d'éventuelles faillites bancaires et imposer aux banques de nouvelles normes comptables.
Quatrièmement, des règles plus strictes sur les agences de notation, la titrisation, le blanchiment d’argent et les parachutes dorés en moralisant le capitalisme.
Cinquièmement, accroître les dépenses publiques à travers des déficits budgétaires coordonnées, ciblées, dans le cadre d’une libéralisation maîtrisée, au profit du secteur privé et ce, avec un droit de regard de l’Etat rentrant temporairement dans le capital qui sera cédé à nouveau au secteur privé en cas de reprise de la croissance.
Enfin, sixièmement, lié au point précédent, intégrer le défi écologique (nouveau modèle de consommation énergétique), ces aides étant attribuées aux secteurs qui s’engagent à faire des économies d’énergies et développer les énergies renouvelables (accord de Kyoto) pour le BTPH et des technologies propres pour le secteur automobile.
En résumé, dans ce contexte incertain, doit-on se contenter de revenir à une politique de régulation économique qui pourrait prendre la forme d'un «néo-keynésianisme vert mondial», une thérapeutique conjoncturelle inefficace face une hémorragie interne ou doit-on envisager, concrètement, une réforme structurelle du capitalisme, privilégiant les producteurs de richesses tenant compte des interdépendances accrues des économies et de la marginalisation des 2/3 de la population mondiale?
Un échec de la réunion du 02 avril 2009 serait désastreux pour l’avenir de l’économie mondiale.
* Expert International
Le Financier
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