Dans une oasis perdue au fin fond du monde, le vent a rapporté ce que Dahmane, bien des années plus tard, nous a raconté.
J’ai entendu le Chergui me dire : Je suis le conte de la mille, et deuxième nuit. Je suis le conte qui a fuit. Je suis le conte interdit.
Je suis la suite, je suis l’enfant des contes des mille et une nuits. Contes que tu as sûrement lu, ou que ton père, peut-être bien ta mère, ou ta grand-mère t’a lu. Ces contes, mon ami, ayant été transcrits en un livre définitivement scellé, aucun autre conte ne pouvait désormais naître au monde.
Il fallut que je m’exile. Il fallut que je quitte père et mère, que je quitte mes amis, mon oasis et mon désert. Il fallut que je parte au loin, loin de la cité, loin des hommes. Je m’exilais au Nord pour me raconter en secret à l’arbre mort.
L’arbre m’ayant entendu, se mit à frémir, se tordre et à reverdir.
Je suis le Chergui qui va d’Est en Ouest, qui traverse les plaines, les collines, et les déserts. Un jour, ou peut-être c’était la nuit, tout ce dont je me rappelle était la pluie. L’eau purifiait l’air, l’eau lavait les arbres et la terre. Me suis-je ébattu dans ses feuillages, ai-je léché son tronc, Il faudra demander aux cieux. Je suis le seul responsable, j’ai bien été coupable : j’ai charrié, je jure que c’était sans m’en apercevoir, le conte licencieux
Je suis le vent, je suis le Chergui; et depuis, je vole sans but défini, sans dessein, sans avenir, je vais oû le ciel me pousse, le souffle long ou court, je souffle le froid , je souffle le chaud, Je suis du vent, je suis de l’air, je monte, je descends, je finis ma course folle toujours dans le désert.
J’ai parcouru bien des hameaux, j’ai traversé des terres et des mers. J’ai fait des orages, j’ai fait des tempêtes, j’ai fait les pluies automnales. J’ai fait quelquefois du bien, Dieu m’est témoin, mais surtout du mal. J’ai fait jouer les enfants, j’ai fait envoler des cerfs-volants. J’ai noirci le ciel, fait pleurer les nuages. Mon ami, j’ai fait de la peine aux belles étoiles, je l’avoue : j’ai été bien trop volage.
Fatigué de mon errance, bien lassé de mes turbulences. Ne m’amusaient plus mes violentes danses, je décidai de me délivrer du conte. J’ai fait mes adieux à mes amies les étoiles, aux cités et aux campagnes et sans plus tarder, j’ai laissé les cieux m’emporter vers elle. Quand j’ai entendu ses chants, quand j’ai entendu ses tourments. Quand je me suis approché d’elle, quand j’ai vu ses yeux de jade, j’ai reconnu la fille de Shehrazade. C’était à la porte du désert, je me suis fait petit, je me suis fait caresse, je me suis fait douce bise, c’est là que je l’ai frôlée. La pauvre fille dut boire toutes mes paroles sans se douter un instant que son destin était scellé
Dahmane savait bien que ce conte est interdit, amis, pourquoi me l’a-t-il dit?
J’ai entendu le Chergui me dire : Je suis le conte de la mille, et deuxième nuit. Je suis le conte qui a fuit. Je suis le conte interdit.
Je suis la suite, je suis l’enfant des contes des mille et une nuits. Contes que tu as sûrement lu, ou que ton père, peut-être bien ta mère, ou ta grand-mère t’a lu. Ces contes, mon ami, ayant été transcrits en un livre définitivement scellé, aucun autre conte ne pouvait désormais naître au monde.
Il fallut que je m’exile. Il fallut que je quitte père et mère, que je quitte mes amis, mon oasis et mon désert. Il fallut que je parte au loin, loin de la cité, loin des hommes. Je m’exilais au Nord pour me raconter en secret à l’arbre mort.
L’arbre m’ayant entendu, se mit à frémir, se tordre et à reverdir.
Je suis le Chergui qui va d’Est en Ouest, qui traverse les plaines, les collines, et les déserts. Un jour, ou peut-être c’était la nuit, tout ce dont je me rappelle était la pluie. L’eau purifiait l’air, l’eau lavait les arbres et la terre. Me suis-je ébattu dans ses feuillages, ai-je léché son tronc, Il faudra demander aux cieux. Je suis le seul responsable, j’ai bien été coupable : j’ai charrié, je jure que c’était sans m’en apercevoir, le conte licencieux
Je suis le vent, je suis le Chergui; et depuis, je vole sans but défini, sans dessein, sans avenir, je vais oû le ciel me pousse, le souffle long ou court, je souffle le froid , je souffle le chaud, Je suis du vent, je suis de l’air, je monte, je descends, je finis ma course folle toujours dans le désert.
J’ai parcouru bien des hameaux, j’ai traversé des terres et des mers. J’ai fait des orages, j’ai fait des tempêtes, j’ai fait les pluies automnales. J’ai fait quelquefois du bien, Dieu m’est témoin, mais surtout du mal. J’ai fait jouer les enfants, j’ai fait envoler des cerfs-volants. J’ai noirci le ciel, fait pleurer les nuages. Mon ami, j’ai fait de la peine aux belles étoiles, je l’avoue : j’ai été bien trop volage.
Fatigué de mon errance, bien lassé de mes turbulences. Ne m’amusaient plus mes violentes danses, je décidai de me délivrer du conte. J’ai fait mes adieux à mes amies les étoiles, aux cités et aux campagnes et sans plus tarder, j’ai laissé les cieux m’emporter vers elle. Quand j’ai entendu ses chants, quand j’ai entendu ses tourments. Quand je me suis approché d’elle, quand j’ai vu ses yeux de jade, j’ai reconnu la fille de Shehrazade. C’était à la porte du désert, je me suis fait petit, je me suis fait caresse, je me suis fait douce bise, c’est là que je l’ai frôlée. La pauvre fille dut boire toutes mes paroles sans se douter un instant que son destin était scellé
Dahmane savait bien que ce conte est interdit, amis, pourquoi me l’a-t-il dit?
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