Tweet
Et Sonatrach dans tout ça?
Par jeuneafrique, lundi 30 mars 2009
Dédiée exclusivement à la campagne, cette chronique fera entorse à la règle. Elle n'aborde pas les propos du jour des six candidats et s'inspire d'un échange entre journalistes au cours de notre Conférence de rédaction.
Depuis près d'un demi-siècle, Jeune Afrique tient, en début de semaine, sa conférence générale de la rédaction. Tous les lundi que Dieu fait, en présence des collaborateurs extérieurs et parfois d'invités prestigieux, personnalités africaines de passage à Paris, le numéro est critiqué, les choix icono commentés, la maquette disséquée. Journalistes ou correcteurs fautifs sont savonnés (ce fut le cas aujourd"hui de votre serviteur qui avait annoncé, à tort, la présence de Boutef au sommet arabe de Doha). Après cela intervient la préparation du prochain numéro. Le débat s'ouvre autour du menu des sections. A propos de la présidentielle algérienne, Christophe Boisbouvier suggère un papier sur les programmes économiques des six candidats. L'intérêt? Connaître leurs intentions en matière de privatisation de Sonatrach. L'idée n'emballe pas la direction de la rédaction. Marwane Ben Yahmed: "En dehors de quelques nuances contenues dans le programme de Louisa Hanoune, les six candidats se réclament du nationalisme et font de la souveraineté nationale sur les richesses du sous-sol un argument électoral." Le retour à la mode du protectionnisme et du patriotisme économique n'est pas pour encourager ce type de débat en Algérie. Christophe Boisbouvier en convient et l'idée est abandonnée. En observateur avisé, l'interviewer vedette de RFI avait pourtant soulevé un point sensible: le statut de Sonatrach.
Mamelle de la Nation, le douzième groupe pétrolier de la planète ne se contente pas de financer le système algérien. Il en est partie intégrante. L'idée de créer Sonatrach revient au père-fondateur, Houari Boumédiène. Sonatrach est née dans la foulée de la dissolution, en septembre 1963, de l'Assemblée constituante alors présidée par Ferhat Abbas, acte fondateur du système. Conçue par Boumédiène, moulée par Belaïd Abdessalam, Sonatrach a été façonnée par Sid Ahmed Ghozali, un ancien de Ponts et Chaussées qui finit Premier ministre avant de tomber en disgrâce et dans les bras de l'opposition.
En 46 ans d'existence, Sonatrach a pris des proportions considérables. Le mastodonte a augmenté ses capacités d'exploitation et d'exploration, étendu son immense réseau de pipes et de gazoduc, accru ses capacités de raffinage et de commercialisation d'hydrocarbures. Premier contribuable du Trèsor public, Sonatrach finance les compétitions sportives, sponsorise les grands événements culturels et soutient les actions caritatives. Mieux qu'un Etat dans l'Etat, Sonatrach est un des deux piliers de la République, l'autre étant l'armée. Pour toutes ces raisons, aucun candidat rêvant raisonnablement d'occuper un jour le Palais d'el Mouradia n'oserait mettre dans son programme électoral un projet de privatisation de Sonatrach.
Sacré Boisbouv'. Il a fini par avoir son papier....
Par jeuneafrique, lundi 30 mars 2009
Dédiée exclusivement à la campagne, cette chronique fera entorse à la règle. Elle n'aborde pas les propos du jour des six candidats et s'inspire d'un échange entre journalistes au cours de notre Conférence de rédaction.
Depuis près d'un demi-siècle, Jeune Afrique tient, en début de semaine, sa conférence générale de la rédaction. Tous les lundi que Dieu fait, en présence des collaborateurs extérieurs et parfois d'invités prestigieux, personnalités africaines de passage à Paris, le numéro est critiqué, les choix icono commentés, la maquette disséquée. Journalistes ou correcteurs fautifs sont savonnés (ce fut le cas aujourd"hui de votre serviteur qui avait annoncé, à tort, la présence de Boutef au sommet arabe de Doha). Après cela intervient la préparation du prochain numéro. Le débat s'ouvre autour du menu des sections. A propos de la présidentielle algérienne, Christophe Boisbouvier suggère un papier sur les programmes économiques des six candidats. L'intérêt? Connaître leurs intentions en matière de privatisation de Sonatrach. L'idée n'emballe pas la direction de la rédaction. Marwane Ben Yahmed: "En dehors de quelques nuances contenues dans le programme de Louisa Hanoune, les six candidats se réclament du nationalisme et font de la souveraineté nationale sur les richesses du sous-sol un argument électoral." Le retour à la mode du protectionnisme et du patriotisme économique n'est pas pour encourager ce type de débat en Algérie. Christophe Boisbouvier en convient et l'idée est abandonnée. En observateur avisé, l'interviewer vedette de RFI avait pourtant soulevé un point sensible: le statut de Sonatrach.
Mamelle de la Nation, le douzième groupe pétrolier de la planète ne se contente pas de financer le système algérien. Il en est partie intégrante. L'idée de créer Sonatrach revient au père-fondateur, Houari Boumédiène. Sonatrach est née dans la foulée de la dissolution, en septembre 1963, de l'Assemblée constituante alors présidée par Ferhat Abbas, acte fondateur du système. Conçue par Boumédiène, moulée par Belaïd Abdessalam, Sonatrach a été façonnée par Sid Ahmed Ghozali, un ancien de Ponts et Chaussées qui finit Premier ministre avant de tomber en disgrâce et dans les bras de l'opposition.
En 46 ans d'existence, Sonatrach a pris des proportions considérables. Le mastodonte a augmenté ses capacités d'exploitation et d'exploration, étendu son immense réseau de pipes et de gazoduc, accru ses capacités de raffinage et de commercialisation d'hydrocarbures. Premier contribuable du Trèsor public, Sonatrach finance les compétitions sportives, sponsorise les grands événements culturels et soutient les actions caritatives. Mieux qu'un Etat dans l'Etat, Sonatrach est un des deux piliers de la République, l'autre étant l'armée. Pour toutes ces raisons, aucun candidat rêvant raisonnablement d'occuper un jour le Palais d'el Mouradia n'oserait mettre dans son programme électoral un projet de privatisation de Sonatrach.
Sacré Boisbouv'. Il a fini par avoir son papier....
Commentaire