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Une loi s'appliquant aux Afghanes chiites scandalise

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  • Une loi s'appliquant aux Afghanes chiites scandalise

    Une nouvelle loi conçue à l'intention de la communauté chiite d'Afghanistan soulève la colère de certains élus du pays et inquiète les Nations unies, qui redoutent ses répercussions sur les droits des femmes dans ce qui fut le bastion des taliban.

    Cette loi, adoptée au Parlement et signée par le président Hamid Karzaï mais non encore promulguée au Journal officiel, vise à légaliser le code de la famille de la minorité chiite, différent de celui de la majorité de confession sunnite.

    Dans un communiqué, le Fonds de développement de l'Onu pour la femme (Unifem) fait savoir qu'il doit encore étudier la version finale de la "Loi sur le statut personnel chiite", dont le texte fait l'objet d'une diffusion confidentielle pour le moment, mais qu'il "reste sérieusement préoccupé par son impact éventuel sur les femmes d'Afghanistan".

    Des médias britanniques ont rapporté que la nouvelle loi - qui affecte seulement 15% de la population afghane - risquait de légaliser le viol conjugal et d'empêcher des femmes de quitter leurs foyers sans l'autorisation de leurs maris.

    Mais pour Sayed Hussain Alem Balkhi, député qui a pris part au débat parlementaire, le projet de loi ne contient "rien de tel" et ces allégations relèvent de la "propagande".

    "Ce projet de loi est très clément en comparaison du droit civil qui a cours depuis quarante ans. Par exemple (selon la nouvelle loi), une femme chiite peut demander le divorce si son mari n'est pas en mesure de la nourrir ou s'il disparaît pendant une longue période", dit-il.

    "Une femme chiite peut sortir pour recevoir des soins médicaux ou voir ses parents sans l'autorisation de son mari, alors que cette liberté n'est pas inscrite dans le droit civil."

    CALCUL ÉLECTORALISTE ?

    Les droits des femmes ont beaucoup progressé en Afghanistan depuis l'éviction en 2001 du régime islamiste sunnite et ultra-orthodoxe des taliban, qui leur interdisait de travailler, d'étudier dans des établissements scolaires ou de sortir de chez elles sans un parent de sexe masculin.

    Mais la société afghane demeure profondément conservatrice, surtout en milieu rural.

    Certains parlementaires considèrent la loi chiite comme un grand pas en arrière pour les femmes du pays et estiment que Karzaï l'a surtout approuvée pour amadouer l'électorat chiite en prévision du scrutin présidentiel fixé au 20 août.

    "Karzaï l'a signée simplement pour qu'il n'y ait pas de problèmes", déclare la parlementaire Shinkaï Karokhail. "Ce sera une honte pour Karzaï, pour le Parlement et pour le président du Parlement", ajoute-t-elle en disant avoir vainement réclamé une intervention de l'ambassade des Etats-Unis et de l'Onu.

    Navi Pillay, Haut Commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, estime que la loi marque un retour en arrière pour les Afghanes et témoigne "de ce que la situation sur le plan des droits de l'homme s'aggrave en Afghanistan au lieu de s'améliorer".

    "Le fait qu'une nouvelle loi s'adresse aux femmes de cette façon en 2009 est extraordinaire et répréhensible, cela rappelle les décrets du régime des taliban dans les années 1990", dit un communiqué publié à Genève au nom de Navi Pillay.

    Un responsable afghan impliqué dans l'élaboration de la loi a déclaré que le seul élément du projet à avoir été contesté au Parlement était un article autorisant les hommes de confession chiite à prendre une épouse à titre temporaire.

    Mais Karokhail, qui fait partie d'un groupe d'élues opposées à la loi, a dit que plusieurs articles portaient gravement atteinte aux droits des femmes.

    L'un d'eux légaliserait le mariage des filles dès l'âge de neuf ans et un autre obligerait une femme à se maquiller si son mari l'exigeait, a dit Karokhail.

    "Je ne peux pas cautionner cette loi, je me sens personnellement offensée (...) cela aggravera réellement la brutalité imprimée à nos vies. Nous disposons d'un droit civil, nous souhaitons encore l'améliorer, mais je crois que même en l'état il est nettement préférable à cette loi chiite."

    source : Reuters
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