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« Algérie is back ! »

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  • « Algérie is back ! »

    Alors que la production nationale est réduite à peau de chagrin depuis les années 1990, quelques réalisateurs signent des œuvres remarquées. Et annoncent le retour de l’Algérie dans les plus grands festivals.

    Le cas du cinéma algérien est pour le moins paradoxal. D’un côté, on ne manque pas d’arguments pour affirmer qu’il n’existe presque plus de cinéma national dans le pays, malgré quelques efforts récents des autorités pour remédier à cette situation. La disparition de presque toutes les salles, et donc du « marché », et la faiblesse de la production depuis les débuts de la guerre civile ont plus qu’affaibli une cinématographie qui fut un temps l’une des toutes premières du Maghreb, et même du continent.

    Mais, d’un autre côté, les récentes sorties de films, de tout genre, réalisés par des Algériens et salués par la critique ou le public permettent à l’inverse d’affirmer, selon le mot du réalisateur Lyes Salem, que « l’Algérie is back » sur le front du septième art. Et ce malgré tous les obstacles matériels. Mais il faut peut-être se méfier d’une embellie conjoncturelle qui reste à confirmer et qui dépend pour l’essentiel du travail de cinéastes émigrés.

    Deuil impossible

    Le dernier Fespaco, qui s’est tenu du 28 février au 7 mars à Ouagadougou, a témoigné de ce retour inattendu. Avec seulement deux films en sélection, l’Algérie a obtenu, dans la section reine des longs-métrages de fiction, la seule récompense majeure allant au cinéma du Maghreb, avec l’Étalon de bronze décerné à la réjouissante comédie sociale de Lyes Salem, Mascarades. Oubliée du palmarès, La Maison jaune, premier film d’Amor Hakkar, un mélodrame de facture classique mais fort attachant qui raconte un deuil impossible après la mort du fils de la famille, a séduit une grande partie du public du festival panafricain. Et la relève semble déjà s’annoncer puisque l’Algérie a remporté deux des trois trophées principaux accordés aux courts-métrages.

    Au prestigieux festival Cinéma du réel, qui propose, au Centre Pompidou, à Paris, une sélection des meilleurs documentaires du monde entier, un autre film algérien, La Chine est encore loin, a obtenu plus qu’un succès d’estime. Le réalisateur, l’excellent documentariste Malek Bensmaïl, s’était déjà fait remarquer en 2004 avec Aliénations, un long-métrage sur la vie des patients et des soignants dans un hôpital psychiatrique de Constantine.

    Son dernier documentaire, La Chine est encore loin, au titre trompeur, se passe dans un petit village des Aurès. Il dresse, à travers le parcours d’écoliers et de leurs instituteurs, une chronique de la vie quotidienne dans ce lieu chargé d’histoire. Il est, en effet, considéré comme « le berceau de la révolution », puisque c’est là qu’a été perpétré le premier attentat contre des civils européens – un couple d’instituteurs –, symbole du début de la Guerre d’indépendance. Plein d’énergie, peuplé de beaux personnages, ce film – qui rappelle à quel point l’Algérie reste hantée par son passé colonial et le combat mené pour s’en libérer – permet surtout à Bensmaïl de poursuivre son travail salutaire sur les multiples problèmes identitaires de ses compatriotes.

    Trajectoires diverses

    Enfin, justement salué par la critique internationale, qui lui a accordé son prix lors de la dernière Mostra de Venise, Inland, de Tariq Teguia, projeté sur les écrans parisiens depuis le 25 mars, vient confirmer l’immense talent de son jeune réalisateur, déjà remarqué en 2008 lors de la sortie du très original Rome plutôt que vous. Racontant, sans grand souci narratif, le séjour dans le désert d’un topographe, Malek, qui vient de se séparer de sa femme et qui se rend en mission dans l’intérieur du pays, Inland nous parle en fait de l’entrecroisement de diverses trajectoires. Celles de tous les personnages que va rencontrer cet homme, à commencer par une émigrée malienne en route vers l’Europe, qui, finalement, renoncera à son projet. Mais aussi celles qui dessinent certains moments de l’histoire de l’Algérie et certains aspects de ses modes de fonctionnement. Cette vision graphique et très esthétique de l’approche de la réalité, qui confère parfois à ce film des qualités hypnotiques, le situe à égale distance de l’art contemporain et du cinéma proprement dit. Cela n’en fait pas un spectacle grand public, mais assurément une œuvre de toute beauté.

    Jeune Afrique
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