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1 fille sur 10 échappe encore à l’école

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  • 1 fille sur 10 échappe encore à l’école

    Une partie des résultats du 5e recensement de la population réalisé il y a un an devrait être connue d’ici un mois. El Watan Vendredi a pu se procurer des chiffres relatifs à la scolarisation des enfants. Si des progrès sont visibles depuis 1998, une fille sur dix échapperait encore à l’école primaire en zone rurale. Mais à l’université, la parité s’inverse puisqu’elles se retrouvent plus nombreuses que les garçons. Une équation que la société n’est pas encore en mesure de résoudre.


    « Certaines wilayas, comme celle de Tizi Ouzou, ont beaucoup progressé mais d’autres, plus rurales, ou dans la ceinture proche de l’intérieur touchées par le terrorisme, restent très en retard. Quasiment une fille sur dix échappe encore à l’école primaire(*). Pendant la décennie noire, le phénomène s’expliquait par la crainte des parents de mettre leurs filles à l’école mais on voit que la tendance persiste ». Une des grandes lignes des résultats du cinquième recensement de la population réalisé en avril dernier – qui devraient être publiés d’ici un mois — inquiète certains experts. « La situation revient progressivement à la normale, mais pas aussi vite qu’on le pensait », nous explique l’un d’entre eux. Autre phénomène : à partir des niveaux secondaire et supérieur, les filles deviennent plus nombreuses ; plus de 1,3 fille pour 1 garçon. Et plus on monte dans les strates de l’enseignement supérieur, plus l’écart s’accentue, jusqu’à 1,5 selon les régions et les filières. Cette situation soulève deux questions fondamentales pour la société :


    « Primo, pourquoi en est-on encore là alors que l’Etat a multiplié les dépenses publiques dans les zones les plus isolées, notamment en matière d’éducation ?, s’interroge un économiste. Il faut que les mentalités changent : on ne peut plus se contenter de dire ’’on a lancé des programmes quinquennaux, on a investi de l’argent… ’’ comme des relents de vieux réflexes soviétiques, sans se préoccuper des effets de ces plans sur les indicateurs sociaux et économiques. La Banque mondiale peut souligner que l’argent alloué aux écoles n’est pas suffisant, mais en Algérie, la question se pose à un autre niveau, en amont. A quoi assigne-t-on la dépense ? Est-ce que les choix sont bien faits ? Est-ce que l’argent est correctement dépensé ? » A en croire le rapport de la Banque mondiale publié en 2007 (voir Eclairage), la réponse est non.

    Secundo, comment l’Algérie va-t-elle réussir à intégrer ces cohortes de diplômées alors qu’aujourd’hui très peu de femmes ont accès au marché du travail tout en s’assurant que les garçons terminent leur cursus éducatif ? « Dans une société dominée par les hommes, ou qui se présente comme telle, le savoir est détenu par une majorité de femmes. Là encore, poursuit-il, il faudra sérieusement se pencher sur ce problème car la société algérienne avance plus vite que les mentalités… » Pour preuve, une enquête du Centre d’information et de documentation des droits des femmes et des enfants (Cidef) publiée en mars montre que l’avis de l’opinion publique sur les valeurs égalitaires connaît un inquiétant recul par rapport aux chiffres de l’année 2000. Moins de 15% des femmes en âge de travailler seraient actives et parmi elles les femmes mariées ne seraient que 9,6%. « Dans le même temps, ajoute-t-il, et c’est pour cette raison qu’il y a une déperdition scolaire chez les garçons, les diplômes ne sont pas valorisés. Pour les filles, faire des études est une forme de chômage déguisé, une façon de sortir de la maison. Si le pays veut valoriser le savoir comme il le prétend, il doit garantir aux femmes un meilleur accès à la vie active, affirme un économiste. Plus important : pour maintenir son stock de compétences et valoriser le savoir comme il le prétend, il doit les laisser accéder à des postes de responsabilité. » Selon un autre spécialiste, qui préfère rester optimiste, « la pression exercée par les femmes sera telle que la société ne pourra pas faire autrement que de leur ouvrir les portes. »

    D’où une inévitable plus grande parité. « Le vrai pouvoir reste encore aux mains des hommes, nuance un expert algérien. Alors, bien sûr, on met en avant leur présence dans le secteur judiciaire, où les procureurs, juges et présidents de tribunaux sont à 30% féminins. Ou encore le Parlement où elles sont aussi un peu présentes. Mais est-ce que le pouvoir est réellement entre les mains de la justice ou des parlementaires ? Clairement pas.

    Ce sont les secrétaires généraux des ministères, les walis, et tous les fonctionnaires nommés par décret qui détiennent le vrai pouvoir. Or là, curieusement, on trouve de moins en moins de femmes. Elles étaient 3% en 1995 et moins de1% en 2007 ! Ce chiffre est assez éloquent : il prouve que l’on n’arrive pas à intégrer les femmes dans la véritable décision politique. »

    (*)
    Le chiffre fait débat : le ministère de l’Education avance que 9,8 filles pour 10 garçons fréquentent l’école primaire. Pour les études internationales, elles seraient 9 pour 10 garçons.



    El watan
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