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Les entreprises dans la fièvre des banlieues

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  • Les entreprises dans la fièvre des banlieues

    Les entreprises subissent de plein fouet la fièvre des banlieues et pour le tissu économique de la région avec la destruction de leur lieu de travail ce sont parfois des années de vie et de labeur qui se réduisent en fumée.

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    Les dirigeant d'Entreprises de la Seine-Saint-Denis dorment mal. Ce patron d'une boulangerie industrielle se déplace en pleine nuit pour vérifier que son usine n'a pas souffert des dernières échauffourées. Il est arrivé à cet autre, directeur de l'usine flambant neuve de L'Oréal à Aulnay-sous-Bois, de rester sur place jusqu'à 3 heures du matin.

    «Les sirènes hurlent toute la nuit, nous sommes tous inquiets», raconte Philippe Prévost qui emploie 27 personnes dans sa boulangerie industrielle implantée à Aulnay depuis 1968. Pour lui, habitué aux bagarres de rue et aux voitures incendiées, les événements récents sont différents. «Généralement la paix revient le lendemain, là c'est une guérilla de plusieurs jours qui met nos usines et nos personnels en danger. Certains commerçants ont désormais peur d'ouvrir.»

    L'incendie de la concession Renault d'Aulnay-sous-Bois a frappé les esprits des plus aguerris. «La situation est grave, on peut tout perdre en une seule nuit», explique Philippe Prévost. Il n'est pas le seul à craindre pour la sécurité de ses salariés. L'usine L'Oréal située juste en face de la concession Renault va rester allumée toute la nuit et ceux qui ont travaillé ce week-end ont été autorisés à rentrer chez eux avant la tombée du jour. La municipalité et les forces de police ont été alertées et un car de CRS stationne désormais au carrefour tout proche.

    Rien de tout cela pourtant ne semble devoir décourager les acteurs économiques de la région. Aucun n'a prévu de mettre la clé sous la porte pour chercher ailleurs un climat plus propice au développement.

    Philippe Baslé qui a créé, en juillet, son entreprise, Carré Potager, près d'Aulnay, à Sevran, ne revient pas sur sa décision : «Je n'y pense pas, je travaille. Même si des camions ont été incendiés en face de ma société.» Surtout, ce chef d'entreprise de 35 ans explique qu'il se sent «aimé et soutenu ici. Je cherchais 200 à 300 mètres carrés pour implanter mon usine de plats traiteurs bio, ici on m'en a trouvé 1 400. Etant dans une zone franche, je suis en outre exonéré de charges sociales et d'impôts pendant cinq ans». Et lorsqu'il a eu besoin de prendre des cours de gestion, «on m'a trouvé le financement», raconte-t-il.


    8 300 créations d'entreprises en 2004


    Aujourd'hui, il veut adhérer à une association de chefs d'entreprise de la zone franche : «Nous sommes tous animés de la même volonté de développement du quartier et nous comptons bien faire des petits.» Pour lui, «ce qui se passe ici est ponctuel, cela ne remet pas en cause mon projet. Ma boîte aux lettres a été incendiée à plusieurs reprises, mais j'ai ouvert une boîte postale et je n'ai plus de problème de courrier».

    Dans l'usine de conditionnement d'Air Liquide à Aulnay, on n'est pas davantage inquiet. «Nous nous soucions d'abord de la sécurité du personnel», indique le directeur de l'usine. Dans l'agence du Crédit lyonnais, Daniel Vincent, chargé du financement des professionnels, explique : «Ce sont les réalités du terrain, nos clients se sont adaptés. Les patrons de PME en particulier sont des gens pragmatiques, ils s'installent là où il y a du business. Il ne faut pas oublier que nous sommes proches du premier aéroport de France.» En 2002, la Seine-Saint-Denis a pu compter 6 800 créations d'entreprises et 8 300 en 2004.

    Il n'empêche. Pour Christophe Mercadier, le directeur de la délégation de Seine-Saint-Denis et de la chambre de commerce, les événements récents sont graves pour le département. «Ce sont quinze ans d'efforts qui partent en fumée. Quinze années de travail de fourmi pour rendre ce territoire attractif, faire venir des entreprises nouvelles et susciter la création d'emplois, ont été réduites à néant. Il va falloir tout recommencer.» Artisan de la venue dans le département de Generali, Vedior Bis, Manpower ou bientôt Danone, il regrette : «L'image de ces territoires difficiles a été sérieusement écornée et pourrait en dissuader plus d'un de venir s'implanter ici.»

    En attendant de se remettre à cette «lente construction», il s'est attelé au plan d'urgence décrété dans la région : aider ceux dont les commerces ont été détruits «à reconstruire, traiter avec leurs assurances et obtenir des sursis de paiement des administrations».


    Source: Le Figaro
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