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La grande distribution fait plier la contrebande à Oujda

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  • La grande distribution fait plier la contrebande à Oujda

    l'economiste
    La grande distribution fait plier la contrebande à Oujda

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    · Marjane, Aswak, Métro taillent des croupières aux réseaux parallèles

    · Certains de leurs produits vont jusqu’à Meghnia, Oran... en Algérie

    · Ces enseignes jouent le rôle de lièvre aux investisseurs

    Il y a quelque peu encore, personne ne pouvait miser un dirham sur l’installation d’une grande surface dans l’Oriental à cause d’une économie de contrebande très développée dans la région. Aujourd’hui, les trois grandes enseignes installées à Oujda (Marjane, Métro, Aswak Assalam) prouvent que le pari n’était pas insensé, mais qu’il est aussi un véritable succès. Un deuxième Marjane ouvrira dans quelques mois à Nador, autre bastion du commerce de contrebande, et un autre bientôt à Saïdia. La grande distribution anticipe le boom du tourisme et la dynamique économique que connaîtra la région avec un commerce plus organisé pour accompagner l’ouverture et les besoins de la station du plan Azur,
    Le premier jour de l’ouverture de Marjane Oujda, la chaîne a battu son record du chiffre d’affaires quotidien à l’échelle nationale. Les produits qui marchent le plus sont les PGC (produits frais), les ustensiles de cuisine et articles ménagers ainsi que l’électroménager, surtout les climatiseurs et les réfrigérateurs. Le caddie moyen à Oujda est parmi les plus élevés du réseau Marjane. Il dépasse généralement les 1.000 DH.

    Le potentiel est là dans une région qui compte plus de 2 millions d’habitants. De l’avis des observateurs, «en une année seulement, l’installation de grandes surfaces a permis une restructuration de la filière de commerce».

    Les premiers effets de la grande distribution se traduisent par la sensibilisation des consommateurs qui ont de plus en plus le souci de la sécurité alimentaire, de la chaîne de froid, de la date de péremption, de la garantie, du choix, du crédit gratuit..., estime la direction du magasin de Marjane Oujda. Du coup, les grandes surfaces ont endigué substantiellement les volumes de la contrebande, surtout pour les produits frais.
    La garantie sur l’électroménager et les promotions à longueur d’année ont aussi eu leur impact sur les produits en provenance d’Algérie (réfrigérateurs, gazinières, fours...). Par contre, tout ce qui est image et son ne marche pas assez. L’offre de la contrebande reste très compétitive sur ce créneau, signalent des chefs de rayons d’électroménager. Les clients viennent de partout: Nador, Berkane, Saïdia, Ahfir, Jerrada... et les hypermarchés s’érigent en lieux d’animation et de loisirs dans une région où l’offre est inexistante. Le profil de la clientèle est assez hétéroclite: fonctionnaires, commerçants et même des contrebandiers qui acheminent la marchandise de l’autre côté de la frontière. Certains produits iraient jusqu’à Meghnia, voire Oran! Surtout les vins français, les spiritueux, l’agroalimentaire de manière générale. Parallèlement, ces investissements ont permis la création de plusieurs centaines d’emplois (encadrement, vendeurs, chefs de rayons...), sans compter l’effet induit auprès des sous-traitants et fournisseurs locaux. Le rôle de lièvre se traduit par l’installation de franchises et enseignes de prêt-à-porter dans les galeries commerciales: Celio, Via Seta, Planet Sport, Big Dil... Sur 17 magasins à Marjane, 14 sont déjà occupés. D’autres enseignes vont suivre, souligne Farid Chourak, directeur du CRI de l’Oriental.

    Comme on ne peut faire d’omellette sans casser des oeufs, l’impact de ces hypermarchés commence à se ressentir sur le commerce de proximité. La Chambre de commerce et de services (CCIS) parle de la fermeture de plusieurs petits commerces devenus moins rentables depuis l’installation de la grande distribution. «Trois hypermarchés, c’est bien. Mais il ne faut pas qu’il y en ait plus», avertit Driss Houat, président de la CCIS d’Oujda.
    La Chambre de commerce mène actuellement une enquête pour évaluer l’impact de la grande distribution sur le commerce de proximité. Selon les tendances préliminaires qui se dégagent de l’étude, ce sont surtout les grossistes des produits agroalimentaires (huile, sucre, farine...) qui pâtissent le plus de l’arrivée de la grande distribution. Les marchands de poissons, de produits frais et charcuterie accuseraient des baisses dans le chiffre d’affaires. «Pratiquement, tous les commerces qui ont une chaîne de froid se plaignent de la concurrence de Marjane, Aswak Assalam et Métro», précise la CCIS. A Béni Drar, point noir et duty free informel à ciel ouvert, 160 magasins sur 600 ont fermé cette année.

    Par ailleurs, et chiffres à l’appui, selon la CCIS, Marjane répertorie plus de 12.000 articles avec seulement une quinzaine de fournisseurs de la région. «Notre rôle est de promouvoir les produits locaux et les intégrer dans le circuit de la grande distribution», tient à préciser Driss Houat.

    Mais la grande distribution a aussi le mérite de pousser le petit commerce à se restructurer, consent en même temps le président de la CCIS.

    Amine RBOUB pour L'Economiste
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