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La torture post-indépendance: L’arbitraire

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  • La torture post-indépendance: L’arbitraire

    L’arbitraire de Bachir Hadj Ali, poète et musicologue est un livre qui vient d'etre réedité (éditions APIC )et qui relate a travers une histoire personnel la torture post-indépendance subie onze fois dans les locaux de la Sécurité militaire, chemin Poirson à Alger.

    ====

    C’est en ces lieux qu’il a aussi écrit ce livre avant son transfert à la prison de Lambèse le 20 novembre 1965(2). Le livre est préfacé par Hocine Zehouane, l’historien Mohammed Harbi en a signé l’introduction. Ces derniers ainsi que Bachir Hadj Ali ont créé après le coup d’Etat du 19 juin 1965 dirigé par le colonel Houari Boumediène contre le président Ahmed Ben Bella l’Organisation de la résistance populaire (ORP).

    Elle regroupe des opposants au pronunciamiento en question. D’où leur arrestation la même année et les affres de la torture vécues en conséquence. Sans haine, Bachir Hadj Ali décrit ces pratiques et dresse le portrait de ses bourreaux tout en prônant le pardon à leur égard. Aussi, relate-t-il, comment en ce combat inégal, il transcende la douleur. « ... Je réfléchis à une astuce, comme tous les torturés : tenir longtemps sous l’eau, en expirant l’air très lentement, faire le geste désespéré du noyé un peu avant que les poumons ne se vident entièrement, expirer les dernières bulles d’air avant la remontée et inspirer très vite, en surface, améliorer cette technique sans cesse en réglant ces mouvements sur ceux du tortionnaire pour les synchroniser... »(p.40).

    Néanmoins, le flegme de la victime et sa volonté de surpasser les services ne font que redoubler la férocité des tortionnaires. « Mon refus obstiné de répondre à leurs questions précises et serrées... et mon calme ont porté leur colère à un haut degré d’exacerbation. » (p. 43). A lire L’arbitraire, on n’a pas besoin de subir la torture pour connaître les affres de cette pratique des plus barbares. Au-delà de ses services postindépendance tels que relatés par Bachir Hadj Ali est-il permis de déduire que la révolution algérienne a libéré la terre mais pas l’homme. Les lendemains de la fête ont été éphémères, emportant avec eux tous les espoirs tant entretenus durant sept ans et demi de lutte et de sacrifices. Ce n’est pas avec de petites gens à commencer par les tortionnaires et leurs maîtres que triomphent les nobles idées à l’exemple de la justice sociale, du progrès, des droits de l’homme et du droit à la différence.

    Notons que Bachir Hadj Ali est né le 20 décembre 1920 à La Casbah d’Alger. Il est issu d’une famille originaire d’Azeffoun (Kabylie). A dix-sept ans, à la veille de son entrée à l’Ecole normale d’instituteurs, il abandonne ses études pour aider son père qui a perdu son emploi. En août 1945, il adhère au Parti communiste algérien (PCA). Son engagement lui vaut d’être déféré devant les tribunaux coloniaux pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ».

    Condamné à la veille du 1er novembre à une peine de prison, Bachir Hadj Ali entre dans la clandestinité jusqu’en 1962. En mars 1956, il créé avec un groupe de militants Les Combattants de la liberté, organisation militaire du PCA. En dépit de son engagement pour la lutte de libération, Bachir Hadj Ali est réduit au silence après l’indépendance.

    En effet en novembre 1962, le président Ben Bella interdit le PCA d’activité. En 1963, il participe aux côtés de Mouloud Mammeri, Jean Sénac, Mourad Bourboune, entre autres, à la création de l’Union des écrivains algériens. L’organisation est vite mise sous le boisseau pour les tenants du régime de l’époque pour ensuite la récupérer à leur profit. D’où la démission de la majorité de ses membres fondateurs.

    Suite au coup d’Etat du 19 juin 1965, il est arrêté puis torturé avec de nombreux opposants à ce coup de force de l’ordre Kaki réunis à l’ORP. Libéré en 1968, il est assigné à résidence surveillée à Saïda puis à Aïn Sefra. Mesure partiellement levée en 1970 puisqu’il est interdit de séjour à Alger, Oran, Constantine et Annaba. Il meurt le 9 mai 1991 après dix ans de grabat, conséquence des séquelles de la torture. La révolution mange toujours ses enfants, est-il dit.

    -(1) Bachir Hadj Ali L’Arbitraire, éditions APIC 2005 (Algérie)
    - (2) L’Arbitraire est publié pour la première fois aux éditions Minuit (Paris) en 1966. En 1991, il est réédité aux éditions Dar El Ijtihad (Algérie).

    Source El Watan

  • #2
    Rachid Mokhtari, très bon journaliste de feu le matin.dz avait écrit un article relatif à la torture et il y parle notament de L’arbitraire de Bachir Hadj Ali . L'article était de 2004.

    Torture, les Algériens aussi

    Le scandale des prisonniers irakiens torturés par des soldats américains et dont les images ont fait le tour du monde fait rebondir la question de la torture et son usage systématique par le pouvoir colonial durant la guerre de Libération et durant même les années d'après où des tortionnaires algériens ont pris le relais d'Aussaresses. Le lien n'est sans doute pas événementiel mais éminemment politique. L'ancien appelé de la guerre d'Algérie, Henri Pouillot, qui a réussi à faire traduire à la barre pour actes de torture l'ancien chef de l'état-major, le général Maurice Schmitt, explique cette relation par un fait : les anciens tortionnaires de l'armée française, dont Aussaresses, ont été recrutés au Pentagone pour former des soldats dans les pratiques de la torture au moment où l'Occident se faisait le champion de la protection des droits de l'homme : « Il ne suffit pas de se proclamer le pays des droits de l'homme et de les bafouer, comme pendant la guerre d'Algérie, et de ne jamais condamner ces crimes contre l'humanité commis en son nom. Il n'est pas possible de sembler vouloir donner des leçons de bonne conduite aux autres Etats.

    N'oublions pas non plus que les généraux Aussaresses et consorts sont allés, dans les années 1960, former les militaires américains (Etats-Unis et Amérique du Sud) aux pratiques de la torture : la seule technique considérée alors indispensable pour s'opposer aux "guerres révolutionnaires". » Pouillot, qui fera face au général Schmitt le 14 mai à Marseille puis le 28 du même mois, a témoigné sur les actes de torture à la villa Susini (titre de son livre) commis par les siens sur les Algériens. L'enjeu politique du procès est qu'il pose le problème de la responsabilité de la France dans le recours systématique de la torture durant la guerre d'Algérie au moment où le scandale des prisonniers irakiens torturés explose. Onze des signataires de l'appel d'octobre 2000 pour la condamnation de la torture pendant la guerre d'Algérie relancent la question avec l'actualité de l'Irak.

    Le 12 mai 2004, ils signent un nouvel appel dans lequel ils demandent à la France de ne pas se contenter de s'indigner des horreurs commises en Irak mais de reconnaître son passé de tortionnaire en Algérie : « Pour que la France puisse faire entendre sa voix, il est impératif qu'elle condamne officiellement ce qui s'est passé en Algérie sous sa responsabilité () la France doit impérativement ne pas se contenter de déplorer ces pratiques » chez les autres. Les onze pétitionnaires demandent expressément à Chirac de ne plus retarder cette reconnaissance, de faire le mea culpa historique. La même exigence tôt ou tard sera faite au pouvoir algérien post-1962 qui a eu et a encore des tortionnaires qui ont sévi contre les leurs avec les mêmes pratiques aussi horribles que celles exercées par les soldats américains sur les prisonniers irakiens.

    L'affaire Sadaoui est l'une des rares révélations sur des actes de torture qui a bousculé le pouvoir car le bourreau est ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur que les aârouch avaient qualifié d'« Aussaresses algérien ». Si de nombreux témoignages ont été écrits sur la torture dans les geôles coloniales, très peu de témoignages des victimes ou des bourreaux algériens durant les années 1970 dans la chasse des militants politiques du PAGS, en octobre 1988 et durant ces années terroristes où la question des disparus est intimement liée à l'usage de la torture par le pouvoir algérien ont paru.

    Octobre, ils parlent (édition du Matin) et le témoignage de Bachir Hadj Ali L'arbitraire en sont les quelques bribes qui ont osé révéler la pratique de la torture dans l'Algérie occultée jusque-là par les associations des droits de l'homme. L'arbitraire de Bachir Hadj Ali est le seul témoignage sur les pratiques de torture qu'il a subies en tant que militant cadre du PAGS par les bourreaux du système politique sous l'ère du président Boumediène, en 1965. Ce livre a été réédité en Algérie par les éditions Rahma presque une trentaine d'années après sa sortie en France. Au début des années 1970, l'hebdomadaire algérien Algérie Actualité avait accordé un long entretien à son tortionnaire qui s'est reconverti dans les affaires. Ce dernier a eu les mêmes propos que les anciens tortionnaires français : la torture est une raison d'Etat. Le pouvoir algérien est également interpellé par les actes odieux commis dans les prisons irakiennes.

    La politique de réconciliation nationale de Bouteflika qui veut tourner la page du contentieux historique avec la France, veut faire de même pour disculper le terrorisme. La torture n'est pas simplement un devoir de mémoire. L'exemple de l'Irak, les procès toujours en cours en France sur le passé crapuleux des généraux tortionnaires, les percées de témoignages d'Algériens torturés par les leurs après l'Indépendance montrent que la question est intimement liée à l'exigence de la vérité et est constitutive de l'émergence d'un Etat de droit.

    Rachid Mokhtari

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    • #3
      Torture Les Algeriens Aussi

      Nous rendons un hommage à tous les nationalistes qui ont subit de la part de
      leurs "frères" avant et aprés l'indépendance tortures et humiliations.

      Et Benbella cet adjudant que la France coloniale a fabriqué pour en faire un
      Président de l'Algérie indépendante, et qu'aujourd'hui on réhabilite. On aimerai bien l'écouter sur la torture qui se pratiquait sous son règne, sur la milice qu'il a créé...

      Sous Boumédiene la sécurité militaire était l'épine dorsale du pouvoir, la torture, les disparitions étaient son dada.


      O COLONIALISME SI TU POUVAIS SAVOIR CE QUE M'A FAIT SUBIR L' INDEPENDANCE :22:
      Quand le chat n'est pas là, les souris dansent

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