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La planche à billets sauvera-t-elle le monde ?

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  • La planche à billets sauvera-t-elle le monde ?

    Article trouvé sur un blog (homoimbecillus)

    L’imprimerie est décidément un bon métier, par les temps qui courent tellement vite qu’ils risquent de nous échapper. On imprime des billets par brouettes entières. La planche à billets sauvera-t-elle le monde ? A la louche une dizaine de milliers de milliards de dollars ont été détruits par la crise. Personne ne les a plus, alors il faut les fabriquer…

    Quand on aime, on ne compte pas. D’ailleurs depuis le début de la crise on compte à l’estime. Le Soir de Bruxelles estimait à cinq mille milliards de dollars l’ensemble des mesures anti-crise approuvées ou décidées par le G20 lors de son sommet de Londres. A quoi le FMI rajoute 4.000 milliards qui seraient nécessaires au nettoyage des bilans des banques qui se sont gonflées de “dettes toxiques”. D’autres disent six plutôt que quatre. Bref la crise nous aura coûté une dizaine de milliers de milliards de dollars. Et c’est la planche à billets qui va les fabriquer…
    L’argent des épargnants a bel et bien disparu, évaporé, anéanti et l’on ne remerciera jamais assez les gourous et autres magiciens de Wall Street et d’ailleurs d’avoir, à force de courte vue, d’absence de culture économique et de myopie stratégique, réussi ce tout faux exemplaire. Ils ont fait leur entrée dans le Hall Of Fame de l’histoire mondiale de l’économie, bas du front et dopés à la testostérone narcissique qu’ils sont, chamanes de “l’autorégulation des marchés”, mantra suicidaire de leur Vatican à eux, l’université de Chicago…
    On peut se lamenter pendant des siècles, ou passer la serpillière et passer penser à l’avenir, parce qu’il faut bien que les affaires continuent, et les emplois aussi. Alors on en arrive à faire ce qu’en bonne théorie économique on ne devrait jamais faire : fabriquer de l’argent pour remplacer celui qui a disparu, et le fourguer gratuitement ou presque. Imaginez une station service ou non seulement l’essence serait gratuite, mais où vous pourriez faire le plein autant que vous le voulez. On ferait la queue, non sans raison…
    C’est une donnée de base de l’économie, et même de toutes les économies, que de l’argent emprunté est de l’argent qui n’existe pas, que l’on fabrique ad causam, en attendant que les clients le remboursent après avoir transformé cet argent en contrepartie matérielle. Cela se passe bien quand les possibilités sont limitées et les règles strictes. Dans la situation présente, les possibilités étaient devenues illimitées et les règles avaient été tout simplement mises hors fonction. Il est de bon ton d’accuser à ce propos l’ineffable président George Doublevé d’avoir organisé par sa non-action cet autodafé monétaire, et il est vrai qu’il entrera dans l’Histoire comme un immense pécheur.
    Il ne faudrait pas oublier cependant Bill Clinton, aujourd’hui grand donneur de leçons qui a bien contribué à la création des subprimes et à la levée des régulations, pas plus qu’il ne faudra manquer d’ériger une statue équestre à cet âne d’Alan Greenspan, qui, pendant des années, a jeté du charbon dans la locomotive pour bien l’accélérer, jusqu’à ce qu’elle déraille. Un âne parfaitement, parce qu’en rendant l’argent de moins en moins cher, il a fait gonfler la dette des Etats-Uniens jusqu’à ce qu’elle explose comme une baudruche fatiguée. Alan Greenspan, adulé par les financiers, mais aussi par les représentants et les sénateurs US, célébré par les journalistes du monde entier, auto-transformés en thuriféraires sentencieux, d’autant plus verbeux qu’ils étaient tous aveugles et sourds…
    Gutenberg sauve la banque…
    On va donc fabriquer du dollar, ou de l’euro, ou du marhavédi ou du n’importe quoi, ne serait-ce pour nettoyer les bilans des banques, plombés par des titrisations toxiques. Vous savez, ces pochettes surprises dans lesquelles il y avait tellement n’importe quoi que les banquiers ne savaient même pas ce qu’ils achetaient, intéressés seulement qu’ils étaient à en acheter et à en revendre le plus possible, juste pour toucher une commission et une légère augmentation des cours entre deux. Du papier qui ne vaut plus rien.
    Il existe deux solutions pour s’en débarrasser. Soit les vendre à des bad banks, des instituts de défaisance à vil prix, dans l’espoir hypothétique de les revendre ensuite, on ne sait pas quand ni à qui. Ni à quel prix. Cette option est favorisée par des pays comme l’Allemagne ou l’intervention publique a de la tradition. Elle pourrait être appliquée sans problème non plus en France. Nous sommes même des précurseurs et des spécialistes munis d’une grande expérience. Souvenons-nous : quand la Mitterrandie gauche caviar jouait à faire sauter la banque, et quand le Crédit Lyonnais a bel et bien sauté, c’est à un organisme de ce genre, créé ad hoc que l’on a confié les dettes pourries de cette débâcle honteuse…
    L’autre technique consiste à vendre les dettes toxiques à des personnes physiques ou morales relevant du marché privé. Cette solution a la faveur des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Si maintenant vous me dites qu’il faut être le derniers des nases pour acheter du papier qui sent plus mauvais que du pq, je vous dirai que vous avez tort. Les raisons en sont simples : la banque centrale, américaine ou britannique, va fabriquer l’argent nécessaire, c’est-à-dire qu’elle va le créer à partir de rien. Ensuite, elle va vous le prêter. Pour rien, ou presque. A des taux d’intérêts tellement bas que, inflation déduite, le loyer de votre argent sera nul ou presque. Il ne se trouvera personne d’ailleurs pour vous empêcher de racheter vos propres papiers toxiques, puisqu’en face de la dette il y aura du numéraire, fabriqué pour l’occasion. C’est beau, c’est grand, et c’est rassurant, car de cette manière nous savons déjà d’où partira la nouvelle bulle…
    Nouvelle bulle ? Bien sûr, Monseigneur ! Car il est une autre constante de l’économie : lorsque la masse monétaire et la dette augmentent de manière aussi rapide et démesurée c’est l’inflation qui s’installe et qui détruit l’argent. Attendez vous donc à savoir, comme disait Geneviève Taboui, que la prochaine crise sera inflationniste et qu’elle sera probablement déclenchée par ceux qui vont emprunter à quasi taux zéro des sommes faramineuses qu’ils vont à nouveau prêter à fort taux d’intérêt à ceux qui ont vraiment besoin d’argent pour survivre, personnes privées ou entreprises. C’est pas beau l’économie ? Elle tombe toujours du côté beurré, comme la tartine. Cela d’ailleurs n’a rien d’immoral. A condition de se trouver du bon côté de l’injustice…

    Gérard Scheer
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte
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