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Algérie : Bouteflika se sacre président

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  • Algérie : Bouteflika se sacre président

    90,24 % des voix 74,11% de participation, Bouteflika réélu ! Tout est bidon excepté le fait que l’Algérie est maintenant gouvernée par un dictateur à l’africaine. Et des Algériens au bout du rouleau.

    Ses désirs sont maintenant des ordres. Abdelaziz Bouteflika exigeait un plébiscite pour sa troisième réélection à la tête de l’Etat algérien le 9 avril. Il a officiellement été reconduit avec un score digne du président tunisien Ben Ali : 90,24 % des voix et avec un taux de participation complètement bidonné de 74,11 %.
    Pour la presse, cette élection est une imposture

    La presse algérienne crie à l’imposture. Ainsi, dès le 9 avril au soir, sur son site web le quotidien El Watan ne faisait pas dans la dentelle au sujet du taux de participation, unique enjeu de ce scrutin : « Sur le terrain, les témoignages de nos correspondant qui ont sillonné leurs localités respectives, les citoyens ne se sont pas tellement bousculés devant les bureaux de vote. Pour eux, les chiffres de l’administration sont gonflés ».
    Pour la petite histoire, les médias mentionnent également des cas de pressions exercées sur des employés de l’administration et d’entreprises publiques comme privées pour les obliger à accomplir leur devoir électoral. Gare aux contrôles des cartes d’électeurs le lendemain matin ! Le tout dans un climat de tension en raison d’un risque terroriste à son apogée et d’un contexte social tendu. D’ailleurs, en Kabylie quelques bureaux de vote ont été incendié et des jeunes ont affronté les forces de l’ordre.
    Quelques réussites au compteur

    Pourtant, grâce à ses lois de la Concorde civile (1999) et de la Réconciliation nationale (2005), Abdelaziz Bouteflika a fait descendre des milliers d’islamistes hirsutes du maquis, en leur promettant une amnistie. Même si, faute de programmes de réinsertion digne de ce nom, de plus en plus de « repentis » remontent au maquis, notamment en Kabylie.
    Béni des dieux du pétrole, le chef de l’Etat a aussi bénéficié d’un prix élevé du baril lors de son second mandat, ce qui lui a permis de mettre de l’ordre dans les finances de la « maison Algérie ». Par exemple, en 2005 et 2006, l’Algérie a remboursé en grande partie et par anticipation sa dette extérieure. Grâce à la manne pétrolière, Bouteflika a également lancé un vaste programme d’une centaine de milliards de dollars destiné à moderniser les infrastructures publiques (logements, autoroutes…) dont des chantiers accusent aujourd’hui d’importants retards.
    Digne héritier de l’oligarchie militaire

    Mais le principal fait d’armes de ce tacticien coriace reste d’avoir, au péril de sa vie, renvoyé le quarteron de généraux qui dirigeaient le pays au cours des années 90 dans leurs casernes et leur centrale de renseignements. Exit le faiseur de présidents Larbi Belkheir, bye bye le vaniteux Mohamed Lamari qui avait soutenu Ali Benflis à la présidentielle de 2004, adieu Smaïn Lamari, chef du contre-espionnage, décédé en 2007… Le seul survivant de cette hécatombe est le général Mohamed Médiène, alias Tewfic, qui dirige la Sécurité militaire (DRS).
    Pour le reste… En digne héritier de l’oligarchie militaire nourrie aux pétro-dollars qui l’a installé à El Mouradia en 1999, Abdelaziz Bouteflika gouverne sans se soucier des 33,8 millions d’Algériens qui peuplent le pays. Selon un sondage publié par le quotidien Liberté en décembre 2008, près d’un Algérien sur deux est tenté par l’émigration clandestine. Faute d’espoir, d’avenir et minés par une « mal vie » quotidienne éreintante.
    « L’Algérie a tout pour réussir »

    Pire, pour 25,8 % des personnes interrogées être « harraga » est la « seule solution » pour changer de vie et sortir de la misère. L’enquête de Liberté révèle en outre que 43,8 % des sondés connaissent plusieurs personnes de leur entourage immédiat qui ont quitté le pays grâce aux réseaux clandestins.
    « C’est malheureux car l’Algérie a tout pour réussir : une histoire qui donne un sens à notre Nation, une population jeune qui ne demande qu’à travailler, du pétrole, du gaz, des terres cultivables, un passé industriel, un marché attirant pour les investisseurs étrangers. Que demander de plus ? Mais nos dirigeants ne nous offre que deux alternatives : le maquis ou l’émigration clandestine. C’est à se taper la tête contre les murs » se lamente ce jeune cadre du secteur privé qui peine à joindre les deux bouts en fin de mois.
    Pas de projet de société mais des promesses électorales

    Exceptées les mosquées qui affichent complet (la bigoterie est de retour dans les grandes villes), pas d’endroits où être écouté, où s’exprimer. En deux mandats, le président Bouteflika a étouffé toute velléité de contestation sociale : obtenir l’autorisation du ministère de l’Intérieur pour créer un syndicat ou une association relève de l’exploit. Seule exception notoire au cours de ces cinq dernières années : la manifestation de soutien à Gaza organisée en janvier dernier et qui a rassemblé un million d’Algériens, créant la stupeur dans les rangs des forces de l’ordre.
    [IMG]http://www.**************/local/cache-vignettes/L283xH377/jpg_boutef-3-b8ed0.jpg[/IMG] Abdelaziz Bouteflika
    © Kerleroux

    Censé faire entrer l’Algérie dans le 21è siècle, le président Bouteflika n’a toujours pas proposé de projet de société pour une Algérie post-guerre civile et donc post-Réconciliation nationale. Tout juste s’est-il contenté, pendant sa campagne électorale, de poser des pansements sur les plaies : 150 milliards de dollars pour développer le pays et la création de trois millions d’emplois. Et encore, on peut craindre qu’il s’agisse de promesses électorales.
    Il n’a pas, non plus, créé de nouveaux espaces d’expression citoyenne qui font pourtant cruellement défaut. Les plus cyniques diront qu’il n’a même pas pris la précaution de se ménager quelques soupapes de sécurité dans un pays où le chômage des jeunes oscille entre 30 et 40 %…
    Vide politique intégral

    A la place, Bouteflika a maintenu en vie et pour son usage les vieilles structures de masse de l’Etat-FLN (syndicat UGTA, scouts, associations d’anciens combattants, de femmes, de paysans…) censées encadrer la société. Tombées en désuétude dans un pays où la majorité de la population n’a pas connu la guerre d’Indépendance, elles lui ont servi au dernier trimestre 2008 à faire croire que les Algériens l’appelaient massivement à se présenter pour un troisième mandat. Evidemment, personne n’était dupe.
    Le chef de l’Etat n’a pas plus aidé les partis politiques à sortir de leur rôle de figurants. Entre ceux qui ont courru rejoindre l’Alliance présidentielle créée par Bouteflika en 2004 — FLN, RND et les islamistes bien élevés du MSP — et ceux qui boudent les élections présidentielles jouées d’avance (FFS, RCD…), le vide politique s’est installé.
    Ruptures violentes

    Résultat, livrée à elle-même et faute de référent identitaire adapté à l’époque, la population se rebelle. Comme elle le peut : deux à trois émeutes quotidiennes que les forces de l’ordre peinent parfois à maîtriser, des grèves fleuves dans la fonction publique, l’enseignement supérieur, le personnel paramédical, les cheminots et même chez les vétérinaires. Bref, pour reprendre les termes d’un haut-fonctionnaire, « l’Algérie est entrée dans un état de crise permanente et le problème est qu’elle n’en sort que par des ruptures violentes ».
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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