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Bourse de Casablanca : Pertes et profits en 2008

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  • Bourse de Casablanca : Pertes et profits en 2008

    Par Fahd Iraqi
    Bourse. Pertes et profits en 2008


    Les sociétés cotées viennent de rendre publics leurs résultats 2008 entre profits stratosphériques, promesses non tenues et pertes abyssales. Zoom.


    Le 31 mars. C’est la date légale butoir pour que toutes les sociétés cotées publient leurs états financiers annuels. Et bien que nos gouvernants n’admettront jamais que le Maroc est (légèrement) touché par la crise mondiale, un air de déprime plane sur la place casablancaise. La preuve, à fin 2008, la récolte des bénéfices a été très

    moyenne, voire mauvaise. Le cumul des résultats annuels des sociétés cotées a même reculé d’environ un milliard de dirhams (3%) entre 2007 et 2008. Exception remarquable, Maroc Telecom, connectée sur on ne sait quel satellite extraterrestre, tire brillamment son épingle du jeu en signant une hausse des résultats d’environ 1,5 milliard de dirhams. Cette performance la place hors catégorie. Tour d’horizon des pertes et profits du reste de la cote.

    Holdings royaux : tout va (presque) bien, merci
    Pour le duo SNI-ONA, les holdings de la famille royale, c’est le retour à la réalité. Finies les plus-values stratosphériques dégagées en 2007 suite à la cession de grosses filiales comme AXA Maroc, Amendis. Les résultats consolidés des deux conglomérats piquent du nez en 2008. Pour le holding de tête, la SNI, le bénéfice 2008 se contracte à 512 MDH, contre 788 MDH au 31 décembre 2007. L’ONA, de son côté, accuse aussi un recul de son résultat dans les mêmes proportions (35%) pour revenir à 1,1 milliard de dirhams. Les deux mastodontes ont néanmoins d’autres arguments pour plaider une “forme olympique” : amélioration de la valeur du portefeuille, nouveaux investissements conséquents et amélioration du résultat courant (autrement dit les bénéfices, sans prendre en compte les plus-values). Mais surtout, ces sociétés tiennent à rassurer leur actionnariat. Malgré des gains en baisse, le niveau de dividende est maintenu à 35 et 33 dirhams respectivement pour ONA et SNI. Cela fait un bon pactole pour l’actionnaire principal, Siger (propriété de la famille royale) qui devrait encaisser dans les 248 millions de dirhams en dividendes. En gros, les affaires ne vont pas si mal. Surtout que ces holdings peuvent toujours compter sur leur aile bancaire, Attijariwafa bank, qui se révèle être, même en ces temps durs, une véritable pompe à cash…

    Finances : banco pour Attijari
    La plus grande banque du royaume confirme une fois de plus sa réputation. Et franchit un nouveau seuil : celui des 3 milliards de dirhams de bénéfice net. Rien que cela… La filiale de l’ONA semble être bien à l’abri de la crise financière internationale, contrairement à l’ensemble du secteur financier qui affiche grise mine. Toutes les assurances accusent un recul des résultats. Atlanta est la plus touchée par le recul des cours boursiers avec un repli de plus de la moitié de ses gains. De leur côté, les sociétés de crédit à la consommation signent une timide progression des bénéfices. La meilleure hausse dans la catégorie est attribuée à Taslif qui a doublé ses profits, atteignant désormais les 25 MDH. Pour les banques, le recul phénoménal du résultat du CIH est le plus à déplorer. La banque étatique qui avait soldé 2007 sur un bénéfice de 1,4 milliard de dirhams -avec la récupération des provisions sur les créances en souffrance- se contente cette année d’un résultat de 400 MDH. Pourtant, son secteur de prédilection, l’immobilier, a visiblement toujours le vent en poupe…

    Immobilier : les stars ont toujours la cote
    Elles sont les phénomènes de la cote. Et en 2008, il faut avouer qu’elles lui ont bien sauvé la mise. Les trois sociétés immobilières cumulent 1,7 milliard de dirhams de bénéfices et, surtout, enregistrent une des meilleures performances sectorielles avec une hausse de 57%. En pole position, le groupe Addoha (évidemment) franchit pour la première fois la barre du milliard de dirhams de bénéfices. “Et encore, le résultat aurait été encore plus conséquent s’il n’y avait pas eu cette charge exceptionnelle due à une provision pour dépréciation de titres cotés pour 426 MDH”, nuance un analyste. Le groupe immobilier laisse donc des plumes dans l’effort déployé pour soutenir son propre cours de Bourse. Il n’empêche, en distribuant un dividende de 3 DH par titre, la société fait de son propriétaire, Anas Sefrioui, l’homme le plus fortuné de la cote (voir infographie). Il devrait empocher la coquette somme de 262 MDH. Les performances des autres sociétés du secteur ne sont pas à plaindre non plus. CGI a vu ses profits passer de 274 à 349 MDH. De son côté, la nouvelle venue, Alliances Développement, signe une progression de résultat de 57%, soit 48 millions de mieux que les promesses faites par ses actionnaires à l’occasion de son arrivée sur la cote. Une des rares exceptions parmi la fournée 2008 des introductions en Bourse.

    Nouvelles recrues : des promesses en l’air
    Mis à part cette société immobilière, la place casablancaise s’est enrichie, courant 2008, de quatre nouvelles recrues. Toutes avaient présenté des business plans ambitieux pour justifier leurs prix d’introduction, jugés élevés par les analystes financiers. “C’était l’euphorie sur la place, on pouvait tout vendre à n’importe quel prix. Et les émetteurs voulaient tirer un maximum de leur arrivée en Bourse”, confie un ingénieur financier qui a piloté plusieurs introductions en Bourse. Mais la plupart des nouvelles venues n’ont pas pu réaliser des performances en ligne avec leurs promesses. L’enseigne de distribution Label’Vie est sans doute l’exception qui confirme cette règle. L’entreprise avait annoncé qu’elle multiplierait ses bénéfices par cinq : aujourd’hui, c’est chose faite avec des gains dépassant les 41 MDH. Delta holding et Delattre Levivier n’ont pas pu faire autant. La première envisageait dans sa note d’introduction de clore l’exercice 2008 avec un profit de 183 MDH, elle en a finalement gagné 10 millions de moins. La deuxième, DLM, spécialisée dans les matériaux de construction, a bouclé 2008 avec des bénéfices de 21 MDH, soit 7 millions de moins que sa promesse initiale. Ces faibles décalages restent tolérables aux yeux des analystes. Ce qui n’est pas le cas de la Compagnie minière de Touissit, qui solde l’exercice écoulé sur des bénéfices de 93 millions de dirhams alors que ses managers prévoyaient de gagner 135 MDH. La cause : l’effondrement des prix des métaux sur le marché international. Une donne qui a fait les déboires de bien d’autres sociétés.

    Et la palme du gros perdant revient à…
    Managem, le holding minier de l’ONA, a subi de plein fouet le retournement des marchés des matières premières en signant une perte de 590 MDH. Un gros déficit mais qui est loin d’être le plus important de la place. La Samir a fait bien pire. La seule et unique raffinerie nationale accuse un déficit abyssal de… 1,2 milliard de dirhams. De quoi donner une crise d’asthme à la ministre de l’Energie. Mais pas sous les cieux du plus beau pays du monde où on subventionne toujours les prix des hydrocarbures, aussi bien pour les motocyclettes pour coursiers que pour grosses cylindrées de PDG. La preuve : le royaume vient de monter d’un cran en matière de respect de l’environnement en généralisant le diesel le moins polluant pour un prix encore moins cher que le “mazout” de base. Confirmation, si besoin en est, que la Bourse de Casablanca est loin d’être cette vitrine transparente de l’économie chérifienne…

    infographie

    © 2009 TelQuel Magazine. Maroc.
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