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L'Islam moderne au Maroc
Dans son nouveau livre "L'Islam moderne, des musulmans contre l'intégrisme", Nadia Khouri-Dagher, sociologue et journaliste dresse un portrait foisonnant des sociétés maghrébines en pleine effervescence. Elle est allée à la rencontre des hommes et des femmes, militants associatifs, penseurs, journalistes, juristes, mères de famille… qui, partout au Maghreb, luttent contre l'intégrisme.
Comment avez-vous réalisé votre enquête ?
Je suis allée à la rencontre de celles et ceux qui, au Maroc, en Algérie ou en Tunisie, refusent de laisser aux seuls intégristes le monopole de la parole sur l'Islam. Or ils sont très nombreux dans les trois pays du Maghreb, mais bien peu entendus en Occident, où les médias préfèrent souvent véhiculer une image diabolisée des musulmans. Et cette caricature n'a cessé de s'amplifier depuis le 11 septembre. Alors, il fallait réagir. C'est ce que j'ai fait en leur tendant le micro. J'ai fait plusieurs séjours au cours de ces dernières années, réalisé de très nombreux entretiens et me suis appuyée sur ma connaissance approfondie du monde arabe dont je suis originaire et que sur lequel je travaille depuis maintenant 25 ans.
Qui sont ces hommes et ces femmes ?
Pas seulement des intellectuels, des penseurs ou des journalistes. Certes j'ai rencontré ces "nouveaux penseurs de l'islam" tels l'islamologue Rachid Benzine, le philosophe Abou Filali-Ansary ou encore l'historien Mohamed Ayad. Mais aussi, et surtout, des Marocains "ordinaires et remarquables", comme par exemple Hasnaa Hamrouche, voilée et professeur de violon à Sidi Moumen ou Hicham El Assali, médecin et bénévole associatif auprès de la Ligue démocratique pour les droits de la femme. Cette association fait un travail remarquable auprès des femmes illettrées en utilisant les mêmes "armes" que les intégristes, à savoir les prêches, à partir d'une relecture moderne du Coran, et dans lesquelles l'association explique par exemple que l'égalité entre hommes et femmes est l'un des messages du Coran.
Comment l'Islam moderne émerge-t-il au Maroc ?
La notion d'Islam moderne, ou d'une pensée musulmane qui allie religion et raison, n'est pas nouvelle et existe depuis le Moyen Age avec des figures comme Avicenne ou Averroes. Ce courant bénéficie aujourd'hui de l'appui des médias marocains qui jouent un rôle déterminant, plus libres qu'auparavant, et qui sont devenus des porte-voix des citoyens. Ces derniers ont pris désormais la parole, et n'entendent plus se taire. C'est nouveau et essentiel. Les associations sont aussi un rouage très important, notamment les associations qui défendent les droits des femmes, particulièrement combatives dans le Royaume. Enfin, il y a le rôle de l'Etat qui appuie une vision moderne de l'Islam à travers des mesures telles que la réforme de la Moudawana, basée sur cette lecture moderne du Coran; ou la formation de femmes imams. Voilà pourquoi, des trois pays du Maghreb, le Maroc est celui qui a le plus avancé pour faire triompher un islam adapté a notre temps.
Vous parlez dans votre livre de la Nouvelle Andalousie. De quoi s'agit-il ?
Il ne s'agit pas d'un lieu géographique précis, mais de ce que nous vivons aujourd'hui : un vaste mouvement qui rassemble tous les savants musulmans éclairés, au croisement des savoirs d'Orient et l'Occident, dans un esprit d'ouverture, de tolérance et de connaissance mutuelle. Cette Nouvelle Andalousie recouvre le Maghreb, le Moyen-Orient, mais aussi tous les pays où vivent des musulmans éclairés aujourd'hui: États-Unis, Scandinavie ou Indonésie. Surtout, la France en est l'un de ses foyers principaux, grâce au nombre d'intellectuels arabes qui y vivent, et au rôle que joue la France, a travers ses penseurs tels Jacques Berque ou Maxime Rodinson, pour mieux faire connaître l'islam aux occidentaux, et pour faire triompher un islam éclairé.
L'Islam moderne. des musulmans contre l'intégrisme, par Nadia Khouri-Dagher, 254 pages, mars 2009, éd. Hugo et Cie
Comment avez-vous réalisé votre enquête ?
Je suis allée à la rencontre de celles et ceux qui, au Maroc, en Algérie ou en Tunisie, refusent de laisser aux seuls intégristes le monopole de la parole sur l'Islam. Or ils sont très nombreux dans les trois pays du Maghreb, mais bien peu entendus en Occident, où les médias préfèrent souvent véhiculer une image diabolisée des musulmans. Et cette caricature n'a cessé de s'amplifier depuis le 11 septembre. Alors, il fallait réagir. C'est ce que j'ai fait en leur tendant le micro. J'ai fait plusieurs séjours au cours de ces dernières années, réalisé de très nombreux entretiens et me suis appuyée sur ma connaissance approfondie du monde arabe dont je suis originaire et que sur lequel je travaille depuis maintenant 25 ans.
Qui sont ces hommes et ces femmes ?
Pas seulement des intellectuels, des penseurs ou des journalistes. Certes j'ai rencontré ces "nouveaux penseurs de l'islam" tels l'islamologue Rachid Benzine, le philosophe Abou Filali-Ansary ou encore l'historien Mohamed Ayad. Mais aussi, et surtout, des Marocains "ordinaires et remarquables", comme par exemple Hasnaa Hamrouche, voilée et professeur de violon à Sidi Moumen ou Hicham El Assali, médecin et bénévole associatif auprès de la Ligue démocratique pour les droits de la femme. Cette association fait un travail remarquable auprès des femmes illettrées en utilisant les mêmes "armes" que les intégristes, à savoir les prêches, à partir d'une relecture moderne du Coran, et dans lesquelles l'association explique par exemple que l'égalité entre hommes et femmes est l'un des messages du Coran.
Comment l'Islam moderne émerge-t-il au Maroc ?
La notion d'Islam moderne, ou d'une pensée musulmane qui allie religion et raison, n'est pas nouvelle et existe depuis le Moyen Age avec des figures comme Avicenne ou Averroes. Ce courant bénéficie aujourd'hui de l'appui des médias marocains qui jouent un rôle déterminant, plus libres qu'auparavant, et qui sont devenus des porte-voix des citoyens. Ces derniers ont pris désormais la parole, et n'entendent plus se taire. C'est nouveau et essentiel. Les associations sont aussi un rouage très important, notamment les associations qui défendent les droits des femmes, particulièrement combatives dans le Royaume. Enfin, il y a le rôle de l'Etat qui appuie une vision moderne de l'Islam à travers des mesures telles que la réforme de la Moudawana, basée sur cette lecture moderne du Coran; ou la formation de femmes imams. Voilà pourquoi, des trois pays du Maghreb, le Maroc est celui qui a le plus avancé pour faire triompher un islam adapté a notre temps.
Vous parlez dans votre livre de la Nouvelle Andalousie. De quoi s'agit-il ?
Il ne s'agit pas d'un lieu géographique précis, mais de ce que nous vivons aujourd'hui : un vaste mouvement qui rassemble tous les savants musulmans éclairés, au croisement des savoirs d'Orient et l'Occident, dans un esprit d'ouverture, de tolérance et de connaissance mutuelle. Cette Nouvelle Andalousie recouvre le Maghreb, le Moyen-Orient, mais aussi tous les pays où vivent des musulmans éclairés aujourd'hui: États-Unis, Scandinavie ou Indonésie. Surtout, la France en est l'un de ses foyers principaux, grâce au nombre d'intellectuels arabes qui y vivent, et au rôle que joue la France, a travers ses penseurs tels Jacques Berque ou Maxime Rodinson, pour mieux faire connaître l'islam aux occidentaux, et pour faire triompher un islam éclairé.
L'Islam moderne. des musulmans contre l'intégrisme, par Nadia Khouri-Dagher, 254 pages, mars 2009, éd. Hugo et Cie
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