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Aprés le séisme, les anomalies des constructions font scandale en Italie

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  • Aprés le séisme, les anomalies des constructions font scandale en Italie

    Les opérations de sauvetage se sont achevées dimanche 12 avril à L'Aquila, une semaine après le tremblement de terre qui a causé la mort de 294 personnes. L'heure est désormais à l'enquête. Sous les ruines de la capitale des Abruzzes, promise désormais aux bulldozers, les premiers scandales apparaissent. En visite dans la région, jeudi 9, Giorgio Napolitano, le président de la République, avait invité les Italiens à un "examen de conscience". Il risque d'être douloureux.

    Le ciment mal armé. De nombreux immeubles de construction récente se sont effondrés comme des châteaux de cartes durant les trente secondes pendant lesquelles la terre a tremblé le 6 avril. A l'inverse, certains vieux palais de la Renaissance ne présentent que des lézardes.

    Selon les premiers éléments de l'enquête ouverte par le procureur de L'Aquila, Alfredo Rossini, après le séisme, plusieurs de ces bâtiments présentent de "graves anomalies". Selon le quotidien Corriere della Sera, les structures de deux immeubles qui se sont effondrés en totalité ou partiellement - le foyer des étudiants et l'hôpital, qui a dû fermer - auraient été construites en utilisant un béton armé présentant "une quantité anormalement basse de fer".

    Les normes de construction prévoient que les piliers de ciment armé contiennent au moins 16 tiges de fer. Elles n'auraient pas été respectées dans les deux cas. M. Rossini a promis une "enquête rigoureuse" et la "prison" aux responsables. Mais son travail sera compliqué : le tribunal et son bureau ont été entièrement détruits, ainsi que le cadastre. Lui-même dort dans sa voiture et rencontre ses collaborateurs sur une place...
    Du sable dans le béton. Les policiers enquêtent sur un autre scandale révélé par le quotidien La Repubblica : du sable de mer a été utilisé dans certains cas pour la fabrication du ciment.

    Le sable de mer, qui s'érode plus facilement, permet de garantir aux constructeurs des marges bénéficiaires importantes. Autre anomalie constatée : les piliers de soutènement de certaines habitations n'auraient pas les dimensions requises par la loi. Ces soupçons d'irrégularités s'ajoutent aux défaillances qui se seraient produites dans la prise en compte des alertes et dans les contrôles. De nombreuses secousses se sont produites dans les mois précédents.

    "Nous étions informés sur les secousses sismiques depuis trois mois, regrette la présidente de la province de L'Aquila, Stefania Pezzopane. Même si les chercheurs disent que l'on ne peut pas prévoir les séismes, nous savons que les Abruzzes se trouvent dans une zone d'activité sismique. Mais les bâtiments ne sont pas construits de façon à résister aux tremblements de terre."

    Une loi mal ou pas appliquée. Alors qu'en Italie 20 millions de personnes vivent dans des zones à risque sismique, la législation sur les constructions dans ces territoires y est peu ou pas appliquée. Décidée en 1974, actualisée en 1996, elle était loin d'être respectée dans les Abruzzes. Cette législation avait pourtant été durcie, en 2005, à la suite d'un tremblement de terre dans le Molise, une région limitrophe des Abruzzes, qui avait provoqué la mort de 30 personnes dont 27 enfants dans l'effondrement de leur école. Mais, sous la pression du lobby des constructeurs, qui prétendent ne pas être techniquement prêts à respecter ces nouvelles normes, leur mise en application, déjà repoussée par le gouvernement de centre-gauche de Romano Prodi, a été l'objet d'un autre report à l'automne 2008 par Silvio Berlusconi. La législation ne devrait entrer en vigueur qu'en juin 2010. Trop tard pour garantir la sécurité des édifices qui seront reconstruits...

    Philippe Ridet (Le Monde)
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