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Durban II : L’acteur Danny Glover tance violemment Barack Obama

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  • Durban II : L’acteur Danny Glover tance violemment Barack Obama

    La conférence de Durban II contre le racisme faisant suite à Durban I qui s’était achevée dans une grande confusion avec à la clé des accusations d’antisémitisme, débute à Genève, le 20 avril prochain et s’achève le 24. Mécontent que son pays et tout particulièrement la nouvelle administration Obama boycotte cette conférence, l’immense acteur, réalisateur et producteur africain-américain, Danny Glover qu’on ne présente plus, a pris sa plus belle plume le 8 avril dernier dans le site The Nation, pour fustiger l’attitude du président Barack Obama
    En 2001, je me suis rendu à Durban, en Afrique du Sud, pour me joindre aux dizaines de milliers de personnes qui venaient participer sous l’égide des Nations Unies, à la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance. Plus de 2000 provenaient des Etats-Unis. Un arc-en-ciel de personnes traversant toutes les lignes raciales, ethniques, nationales, de langues, de statuts d’immigration, de religions et bien plus avait rejoint un public aussi divers que variés. Ceci a été une occasion extraordinaire de se rencontrer, de discuter, d’argumenter et d’élaborer des stratégies sur la façon de débarrasser ce monde, de ces maux depuis longtemps.
    En 2001, nous avons participé parallèlement à la délégation officielle des Etats-Unis à la Conférence de Durban I. Ceci fut un énorme défi. L’administration Bush était réticente à l’idée mais avait accepté d’y participer à contrecœur. Pour lui, il n’y avait pas un réel engagement vis-à-vis de la lutte contre le racisme. De même, être le fer de lance ou jouer le leadership de toutes les discriminations lui importait peu. Lorsque ce Gouvernement jugea mauvaises, certaines parties de la soixantaine de pages que comportait le document final, il a claqué la porte de la conférence à tort. Ceci explique les échecs constants de l’histoire des Etats-Unis. Il est surprenant que notre pays ne puisse pas prendre la mesure des conséquences désastreuses de son propre héritage à savoir le racisme, point sur lequel, le procureur général Eric Holder a formulé un avis.
    La Déclaration de 2001 a mis en exergue de puissantes vérités. A titre d’exemple cette citation : « Nous reconnaissons et regrettons profondément les énormes souffrances humaines et le sort tragique de millions d’hommes, de femmes et d’enfants causés par l’esclavage, la traite des esclaves, la traite négrière transatlantique, l’apartheid, le colonialisme, le génocide, et appelons les États concernés à honorer la mémoire des victimes des tragédies passées. Affirmons que, partout où se produirons des actes similaires, ils doivent être condamnés et surtout empêcher qu’elles ne se reproduisent. » Un autre volet du texte indique : « Nous reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un État indépendant, et nous reconnaissons le droit à la sécurité pour tous les États de la région, y compris Israël, et appelons tous les États à appuyer le processus de paix et de l’amener à une conclusion rapide. »
    Aujourd’hui, huit ans plus tard, l’Organisation des Nations Unies a procédé à la convocation de la Conférence d’examen de Durban, à Genève, en Suisse, du 20 avril au 24 avril 2009. Il s’agira d’examiner et d’évaluer les progrès réalisés depuis 2001. Les membres ont travaillé pendant deux ans pour élaborer un document final qui évalue l’analyse actuelle et les défis. Ce document, qui appelle à des mesures particulières afin de fournir un soutien et des réparations à toutes les victimes des deux conflits mondiaux, ainsi qu’aux descendants d’esclaves de l’Union européenne et à ceux qui font face à des formes contemporaines de discrimination et de politiques d’apartheid, comme le Roms, les Dalits (Les intouchables indiens), et les Palestiniens. L’administration Obama a rejeté cette mouture.
    Cette année, nous avons pensé que les choses seraient différentes. Notre pays a gagné une grande partie dans notre longue lutte contre le racisme, en élisant le premier président afro-américain. Et peut-être plus important encore, c’est la mobilisation des personnes qui ont fait l’élection de Barack Obama qui a vu l’introduit des plus jeunes, notamment dans la communauté africaine-américaine et des autres minorités visibles. Ceci ne doit pas nous faire dormir sur nos lauriers. Il reste beaucoup à faire. Il est donc grand temps pour que notre nation prenne un engagement politique, celui de reconnaître qu’un point important a été marqué, face au douloureux combat pour la justice. Plus que jamais donc, il nous revient naturellement, d’offrir un leadership mondial dans le Forum des Nations Unies organisé à Genève pour combattre le sectarisme et l’injustice.
    Dans un effort supplémentaire, pour répondre aux préoccupations des uns et des autres, l’Organisation des Nations Unies a publié un nouveau « document final », dépouillé de toutes les données polémiques considérées comme offensantes. Pourtant, nous sommes confrontés à la triste réalité que notre président, le premier afro-américain à diriger ce pays, celui-là même qui a suscité l’espoir chez les victimes de l’injustice dans le monde entier et les a encouragé à défendre la dignité de leurs droits, n’a pas encore indiqué s’il allait envoyer une délégation officielle ou s’il continuait à s’abstenir de tout ce processus.
    2009, marque la révision de la Conférence de Durban de 2001 contre le racisme. Ce moment doit être une occasion pour l’administration du président Obama de revenir sur le devant de la scène et rejoindre les délibérations visant à faire progresser encore davantage la lutte contre les injustices. Sans cela, notre histoire de lutte contre le racisme ne peut se réclamer comme étant l’héritage du mouvement des droits civiques dirigé par des personnes comme Fanny Lou Hamer et Dr. Martin Luther King Jr.
    Depuis vingt ans, le député John Conyers, doyen de la Congressional Black Caucus, a mis chaque année en place, un projet de loi engageant les États-Unis à former une commission chargée d’étudier si des réparations sont une réponse appropriée à la persistance de l’esclavage dans notre pays. La Conférence d’examen de Durban II ne serait-ce l’endroit idéal pour l’administration Obama de soutenir le recours recommandé par la communauté mondiale des nations à surmonter les effets du racisme, de l’esclavage, de l’antisémitisme, de l’apartheid et des autres formes de discrimination ?
    Cette conférence des Nations Unies ne serait-ce pas exactement le bon endroit pour notre nouveau président de montrer à la face du monde que son administration s’est engagée à « changer » ? Nous ne pouvons croire en la signification du rejet de notre pays, déjà terni par l’héritage de la violation du droit international vis à vis de l’Organisation des Nations Unies. Est-ce cela l’exception américaine que de nombreux dirigeants dans le monde attendent des Etats-Unis ? Pour montrer le changement, ne serait-ce pas une occasion en or, de rappeler au monde que, même si le document final ne met pas en exergue le nom de chaque pays, les États-Unis ont un devoir : celui d’aider des victimes de discrimination compte tenu de notre base identitaire. Surtout, venir en aide aux plus vulnérables, tout particulièrement les apatrides qui ont besoin de l’attention de la communauté internationale. Nous leur avons promis une assistance accrue, non ?
    Cela devrait être l’occasion pour les Etats-Unis de rejoindre la lutte mondiale contre le racisme, cette lutte que l’administration Bush avait abandonné avec arrogance. J’espère que le président Obama sera d’accord sur le fait que les États-Unis doivent participer avec les autres nations, de façon à mieux appréhender ces questions difficiles et la manière de surmonter le racisme et les autres formes de discrimination et d’intolérance puis, d’examiner la manière par laquelle on pourrait fournir des réparations aux victimes. Notre pays a certainement beaucoup à apprendre, et peut-être, pour la première fois depuis longtemps, nous avons quelque chose à partager avec le reste du monde dans la poursuite de notre longue lutte contre les injustices, par le biais de la nouvelle administration.
    Danny Glover.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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