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Ingvar Kamprad: le fondateur de IKEA

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  • Ingvar Kamprad: le fondateur de IKEA

    Qui ne connait pas les enseignes IKEA. ? qui n'a pas encore acheté un produit IKEA ? Voici le brillant parcours d'un chef d'entreprise Hors-normes...
    Bonne lecture

    ( petite confession : j'ai acheté un table basse et un chaise hier, devinez chez qui....IKEA biensur.

    Fondateur à dix-sept ans de la chaîne suédoise Ikea, Ingvar Kamprad, aujourd'hui âgé de soixante-dix-neuf ans, est l'un des hommes les plus riches du monde. Il a bâti sa fortune sur une idée pionnière : le « prêt-à-meubler ».

    Ingvar Kamprad serait plus riche que Bill Gates, fondateur de Microsoft et indéboulonnable numéro un au classement des principales fortunes mondiales depuis des années ! La nouvelle, parue au début de l'année 2004 dans le magazine financier suédois « Veckans Affaerer », avait fait l'effet d'une bombe. Avec une fortune de 71 milliards de dollars, le fondateur du géant suédois du meuble laisserait loin derrière lui Bill Gates (47 milliards). Faux, rétorque aussitôt le magazine américain « Forbes », référence en matière de classements, estimant que la valeur d'Ikea ne peut être incluse dans la fortune de son fondateur et que celui-ci, selon ses propres calculs, n'occupe que la 17e place mondiale. Faux, renchérit également la direction de la firme.
    Tempête dans un verre d'eau ? Pas seulement. Cette bataille de chiffres illustre l'opacité qui règne autour du contrôle d'Ikea. Non cotée, l'entreprise est la propriété de diverses fondations, coiffées au sommet par une fondation de droit hollandais détenue majoritairement par la famille Kamprad. Une structure complexe, voulue par le fondateur, allergique depuis toujours à la Bourse, aux actionnaires et... à la transparence des comptes ! Discret, le pouvoir des Kamprad sur l'empire Ikea semble donc bien réel. D'autant que, si Ingvar Kamprad a passé la main en août 2002, il a pris soin de confier la présidence des fondations à ses trois fils. Au final, l'inventeur du « prêt-à-meubler » pourrait bien, en effet, être l'homme le plus riche du monde.
    En attendant, il vit retiré en Suisse, près de Lausanne, où il s'est installé il y a plus de trente ans. A soixante-dix-neuf ans, il mène une vie modeste, roulant dans une vieille Volvo, empruntant volontiers les transports en commun pour ses déplacements, fréquentant l'Eglise suédoise de Lausanne dont sa seconde épouse est un pilier. Etrange paradoxe ! Cet homme, réputé pour sa simplicité, son sens de l'économie et les salaires médiocres qu'il versait à ses salariés, fit tout pour mettre sa fortune à l'abri du fisc. En 1974, il s'installa ainsi au Danemark avec sa famille où il resta quatre ans avant de prendre le chemin de la Suisse. Modeste, Ingvar Kamprad n'entend pas pour autant être dépossédé de sa fortune.
    L'empire Ikea, ce sont aujourd'hui plus de 200 magasins répartis dans 31 pays, 75.000 salariés, un chiffre d'affaires de l'ordre de 12 milliards de dollars et une extraordinaire image de marque. Des études sérieuses n'affirment-elles pas que 10 % des bébés européens sont conçus dans des lits Ikea ? A cet ensemble, il faut encore ajouter le groupe Ikano, propriété de la famille Kamprad, qui regroupe ses intérêts dans la banque, les services financiers, l'assurance, l'immobilier, et contrôle une autre pépite : Habitat, la chaîne de distribution spécialisée dans le mobilier.
    La fabuleuse « success story » commence en Suède en 1943. Né en 1926, Ingvar Kamprad a alors dix-sept ans. Fils d'un fermier dont la famille originaire d'Allemagne s'est installée en Suède à la fin du XIXe siècle, le jeune homme attrape tôt le virus du commerce. A quatorze ans, il achète des lots de boîtes d'allumettes qu'il revend ensuite au voisinage avec un confortable bénéfice. Il étend son activité aux cartes de Noël, aux stylos, aux cigarettes, aux fournitures de bureau. Quand il n'est pas en train de vendre sa marchandise ou d'étudier à l'école, le jeune Ingvar se laisse séduire par les sirènes des Jeunesses nordiques, un mouvement pro-nazi dont il fut peut-être membre. Péché de jeunesse ? En partie. Son père et sa grand-mère vouent en effet une admiration sans bornes à Adolf Hitler, admiration sans doute partagée par Ingvar. La révélation par la presse, en 1994, de son engagement et de ses relations durables avec Per Engdahl, leader du mouvement pro-nazi de Suède, fit couler beaucoup d'encre. Dans une lettre adressée à ses salariés, Ingvar Kamprad assuma son passé, mis sur le compte d'une « erreur de jeunesse ».

    Ingvar Kamprad
    “If you think education is expensive, try ignorance”
    Derek Bok

  • #2
    En 1943, peu tenté par les études et moins encore par la vie de fermier, le jeune homme décide de monter sa propre affaire. L'histoire raconte que c'est avec l'argent que son père lui avait donné pour mieux travailler à l'école qu'Ingvar créa cette année-là Ikea. Baptisée ainsi à partir des initiales du fondateur et des premières lettres d'Elmtaryd et d'Agunnaryd (EA), la ferme et le village où Ingvar a grandi, la petite entreprise commence par faire de la vente par correspondance et compte pour premiers clients parents, voisins et amis. Stylos, portefeuilles, cadres de tableaux, montres et petits bijoux, bas Nylon... Achetée à des grossistes, stockée à la gare la plus proche, la marchandise est livrée par le camionneur qui distribue le lait, avec lequel Ingvar a passé un accord. Premier tournant en 1945. Cette année-là, afin d'obtenir de meilleurs prix, le jeune entrepreneur se fournit directement auprès des fabricants. Il décide aussi de se concentrer sur la vente de meubles, un marché dont il pressent l'avenir et qui, pour l'heure, est aux mains de petites boutiques situées dans les grandes villes. C'est d'ailleurs pour les meubles qu'Ikea édite, en 1949, son premier catalogue, « Ikea News ». Cette simple brochure de quatre pages tirée à 1.500 exemplaires est l'ancêtre de ce qui est devenu une bible de plus de 500 pages tirée à près de 5 millions d'exemplaires ! Elle permet aux familles les plus reculées de Suède de s'équiper en mobilier sans avoir à se déplacer dans la ville voisine.
    Les débuts sont prometteurs. Mais en commerçant avisé, Ingvar Kamprad sait que la réussite passe par le marché national. C'est chose faite dès 1949. Cette année-là, pariant dans l'affaire jusqu'à sa dernière couronne, il s'offre une page de publicité dans le principal quotidien de Suède. L'entrepreneur a conçu sa publicité sous la forme d'un « Appel au peuple de Suède » et axé sa campagne sur le prix des produits. « Dans beaucoup de domaines, il est malheureusement exact que des produits dont la fabrication revient par exemple à une couronne sont vendus cinq, six, voire dix couronnes. Cela est dû aux intermédiaires. C'est pourquoi nous avons décidé de vous offrir ces produits au prix où les grossistes les achètent, voire un peu plus bas, en nous les procurant directement auprès des producteurs. » Cette idée nouvelle triomphe. Elle est en grande partie à l'origine de la philosophie d'Ikea, formalisée par Ingvar Kamprad lui-même à la veille de son « exil » pour le Danemark dans son célèbre « Testament d'un commerçant en meubles » : des prix bas afin de rendre la marchandise accessible au plus grand nombre, une organisation optimisée afin de réduire les frais, un esprit d'humilité et de simplicité afin de rester à l'écoute des consommateurs... Autant de principes qui continuent aujourd'hui de guider la firme.
    Le passage d'une société de vente par correspondance à une société distribuant par l'intermédiaire de magasins, et l'idée des meubles en kit au design maison seront pour leur part dues à la pression de la concurrence. Au début des années 1950, sur fond de croissance économique rapide, les sociétés de vente par correspondance se livrent à une guerre des prix sans merci qui affecte la qualité des produits. Afin de se distinguer de ses concurrents, Ingvar Kamprad décide d'ouvrir un gigantesque showroom où les consommateurs pourront juger de la qualité des meubles vendus. Sur place, les clients se voient remettre le catalogue Ikea afin de passer leurs commandes plus tard. Kamprad formalise alors les deux principes de vente de la chaîne : le catalogue « pour inciter les gens à se déplacer sur le lieu d'exposition et de vente » et des grandes surfaces pour leur permettre « de déambuler, le catalogue à la main et de faire leurs achats ». Point d'orgue de ces principes : en 1965, la chaîne ouvre à Stockholm. Se déployant sur 45.000 mètres carrés, c'est la première véritable grande surface spécialisée en Suède. Le jour de l'inauguration, plus de 18.000 personnes se pressent dans l'établissement. Un record jamais égalé.
    Dans l'intervalle, Ingvar Kamprad aura mené à bien l'autre révolution Ikea : des meubles en kit au design maison. Là encore, la chaîne peut remercier la concurrence ! Au milieu des années 1950, grâce aux relations nouées avec les fabricants, Ikea est le vendeur de meubles le moins cher de Suède. C'en est trop pour les enseignes traditionnelles qui, avec le soutien des autorités, se livrent à un boycott de l'enseigne. La société se voit ainsi fermer les portes des Salons et foires. Soumis à de fortes pressions, des industriels interrompent leurs livraisons. La réponse d'Ingvar ne tarde pas : en 1955, il fait dessiner ses premiers meubles et en confie la fabrication à de petits industriels restés à l'écart du boycott, en attendant de prendre le chemin de la Pologne communiste où il fait fabriquer des meubles dès le début des années 1960. Privilégiant un style pratique et fonctionnel mais dans l'air du temps, le « design Ikea » s'assure la collaboration de designers réputés, comme Marian Grabinski, Olle Gjerlöv-Knudsen ou Torben Lind. Le « prêt-à-monter », lui, est inventé au même moment, un peu par hasard, lorsqu'un vendeur du magasin de Stockholm, ne parvenant pas à faire rentrer une table dans le coffre de la voiture d'un client, a l'idée d'en démonter les pieds. Ingvar Kamprad comprend vite le parti qu'il peut tirer de cette initiative : des meubles encore moins chers et que le consommateur peut emporter lui-même.
    Dans les années 1970 et 1980, les recettes qui ont fait le succès d'Ikea en Suède sont exportées dans toute l'Europe et bientôt dans le monde entier, jusqu'à l'Arabie saoudite. Depuis son refuge suisse, Ingvar Kamprad règne en maître sur un véritable empire. Considérant l'entreprise comme une famille, adepte d'un management paternaliste où les règlements rigoureux vont de pair avec les mesures spectaculaires (en 1999, il offre en prime à ses salariés le chiffre d'affaires mondial d'un samedi), l'entrepreneur se distingue par son style direct, son horreur de la bureaucratie et sa communication à l'affect. « Chère famille Ikea... » Ainsi commencent les messages de Noël adressés aux collaborateurs de la firme. Dans les moments difficiles - comme en 1994, à l'occasion des révélations sur son passé nazi -, ceux-ci voient leur patron en larmes, se répandant devant eux en excuses. Emotivité feinte ? Plus probablement véritable identification d'Ingvar à son oeuvre. C'est d'ailleurs pour en assurer la pérennité que l'entrepreneur, après avoir démissionné de son poste de PDG en 1986 pour prendre la tête de la fondation de contrôle du groupe, a transmis, en 2002, les rênes de cette dernière à ses trois fils. Des fils dont il avait mis en doute les capacités quelques années plus tôt. La tentation dynastique a été la plus forte
    TRISTAN GASTON-BRETON est historien d'entreprises. ([email protected])

    Source :Les echos 28-08-2005.



    Version arabe de l'enseigne IKEA
    Dernière modification par Stanislas, 11 novembre 2005, 19h45.
    “If you think education is expensive, try ignorance”
    Derek Bok

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