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La Grèce résiste à la crise

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  • La Grèce résiste à la crise

    Cela se jouera à peu, mais avec une croissance de 0,2 % en 2009, selon les dernières prévisions de la Commission européenne, la Grèce pourrait être l'un des rares pays de la zone euro à échapper à la récession cette année. Résistent aussi la Slovénie (+ 0,6%), la Slovaquie (+ 2,7%), Chypre (+ 1,1 %) et Malte (+ 0,7 %). Même la Banque centrale grecque, dont les experts sont parmi les plus pessimistes, prévoit une croissance de 0 %.
    Le très lourd poids des déficits budgétaires

    Le gouverneur de la banque centrale grecque a lancé un appel à "l'application urgente" d'un vaste plan pour assainir l'économie nationale. La situation de la dette publique, qui atteint 93,1 % du produit intérieur brut, vaut au pays les foudres de Bruxelles - une procédure est en cours pour déficit excessif - et des taux d'emprunt élevés sur le marché obligataire. La situation laisse peu de marge de manoeuvre. Le gouvernement de centre droit rejette l'hypothèse d'un plan de relance, mais les banques bénéficient d'un plan de soutien de 28 milliards d'euros. Les salaires les plus élevés de la fonction publique sont gelés.

    Certes, on est loin de la croissance moyenne annuelle de 4 % à laquelle le pays s'était habitué depuis l'an 2000. Le chômage commence à grimper : 9,4 % en janvier, contre 8 % en 2008. Les syndicats s'agitent. L'opinion s'inquiète. La consommation de détail des ménages a baissé de 7 % entre 2008 et 2009. "Il y a également un léger durcissement des conditions de crédit", note Claude Giorno, expert auprès de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

    LA GRÈCE RISQUE DE FLANCHER

    Mais la crise économique n'en est qu'à ses prémices et reste peu visible. "Les Grecs ont baissé leur consommation pour des raisons psychologiques, mais en réalité, leur vie n'est pas encore impactée, même si cela ne veut pas dire qu'elle ne le sera pas par la suite", analyse Aggelos Tsakanikas, de la Fondation pour l'économie et la recherche industrielle (IOBE).

    La Grèce pourrait donc échapper à la récession. Elle le doit en grande partie aux qualités de ses défauts. L'économie grecque est en effet peu ouverte sur l'extérieur. Seuls 20 % de sa production globale sont exportés. Ses banques, de même, sont peu tournées vers la zone euro. Un handicap en temps normal, une chance, aujourd'hui. "Les banques grecques, du coup, se sont peu exposées aux actifs toxiques, explique M. Giorno, de l'OCDE. Par ailleurs, si elles se sont beaucoup développées ces dernières années à l'étranger, notamment en Hongrie et en Bulgarie, des pays en difficulté en aujourd'hui, c'est essentiellement avec une activité de prêts bancaires traditionnels."

    Si la Grèce résiste, c'est aussi, paradoxalement, grâce à son énorme économie souterraine. La Banque mondiale évalue ce secteur à 28 % du produit intérieur brut (PIB). Un secteur si important que le gouvernement grec a obtenu, en 2006, une réévaluation de 10 % de son PIB. "Je ne pense pas que cela protégera la Grèce sur le long terme, mais ce phénomène peut expliquer la situation à la marge", explique encore M. Giorno.

    Si la Grèce risque de flancher, ce sera plutôt par ses deux piliers : la marine marchande et le tourisme. "Les deux seuls secteurs intégrés dans l'économie mondiale", note M. Tsakanikas, de la fondation IOBE. Le premier pourrait faire face, en 2009, à une chute de plus de 10 % du commerce mondial, selon les prévisions de l'OCDE. "Mais, à l'exception de quelques entreprises qui se sont beaucoup endettées pour faire face à une très forte augmentation de la demande chinoise ces dernières années, estime M. Tsakanikas, les armateurs grecs ont considérablement augmenté leur capital, et, si la crise ne dure pas trop longtemps, ils devraient pouvoir s'en sortir."

    Le tourisme, en revanche, qui représente 18 % du PIB, est en proie aux prévisions les plus sombres. Le secteur, qui dépend d'une clientèle allemande, anglaise et italienne durement touchée par la crise, est déjà devenu beaucoup moins compétitif ces dernières années. L'Institut de recherches et prévisions touristiques grec (ITEP), très pessimiste, prévoit des pertes de 5 % à 15 % et des destructions d'emplois corollaires de 50 000 à 144 000. Pour les experts, le test de résistance de l'économie grecque se joue cet été, avec la haute saison touristique.

    Par le Monde
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