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L’hygiène hospitalière encore insuffisante en Algérie

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  • L’hygiène hospitalière encore insuffisante en Algérie

    LA TRIBUNE : Selon des statistiques récentes, pas moins de 30% des malades hospitalisés dans les hôpitaux publics en Algérie contractent des infections nosocomiales, en raison de l’absence d’hygiène. Il s’agit d’un véritable problème de santé publique en Algérie. Qu’en pensez-vous ?

    Pr. Nabil Debzi, spécialiste en hépatologie au CHU Mustapha :

    En fait, l’hygiène hospitalière est un sujet d’actualité qui fait couler beaucoup d’encre, autant dans les pays développés qui atteignent des niveaux maximales d’hygiène que dans les pays en développement où la situation est plus ou moins déplorable. Dans notre pays, l’absence d’hygiène se pose aussi bien dans le secteur public que le privé où les règles d’hygiène et de sécurité ne sont pas respectées. L’absence d’hygiène est à l’origine des infections nosocomiales, à savoir les contaminations bactériennes ou virales liées à l’hospitalisation, ce qui constitue un lourd fardeau pour l’Etat.

    En somme, c’est devenu fréquent : un malade entre à l’hôpital et en ressort avec une infection et autres virus répandus en milieu hospitalier…

    Certes, c’est une réalité qu’on ne peut ignorer mais comme je l’ai déjà dit même si ce manque d’hygiène existe, ce ne sont pas seulement les hôpitaux qui sont incriminés. Les cliniques privées aussi ont leur part de responsabilité dans la prolifération des virus et bactéries, notamment les hépatites virales. Selon de récentes études réalisées par l’Institut national de santé publique (INSP), 66% des cabinets dentaires, soit les trois quarts d’entre eux, n’utilisent pas d’autoclavage pour la stérilisation de leurs instruments de soins et 40% de la population des centres d’hémodialyse sur tout le territoire national est porteuse du virus de l’hépatite. Et cela, c’est un
    problème d’hygiène. Autrement dit, le non-respect des normes d’hygiène et des moyens de désinfection modernes fait courir au patient de multiples risques d’attraper toutes sortes de virus et infections. C’est une réalité amère à laquelle il faut remédier, car l’absence d’autoclavage et de matériels de stérilisation sûrs met en péril la santé des malades, c’est un facteur favorisant la prolifération de l’hépatite virale, un véritable problème de santé publique.

    Quels sont les progrès réalisés pour prévenir les infections nosocomiales et assurer un respect de l’hygiène en milieu de santé ?

    L’Algérie est en train de déployer des efforts en matière d’hygiène hospitalière mais il reste beaucoup à faire. Il est vrai que l’hygiène, c’est d’abord des règles élémentaires à respecter, à savoir le lavage des mains, le port de gants, la tenue professionnelle, l’élimination des déchets… Mais l’hygiène n’est pas seulement l’affaire des médecins ou du personnel paramédical. J’estime que l’Etat doit mettre les moyens à la disposition des établissements hospitaliers. De même, les cliniques privées et les cabinets dentaires doivent investir pour prévenir la prolifération de virus et de bactéries, en s’équipant d’autoclave et d’appareils d’endoscopie notamment. A ce propos, j’estime nécessaire d’équiper les services d’hépato-gastro-entérologie du secteur public d’appareils d’endoscopie. Nous ne disposons malheureusement que de deux appareils pour examiner une quarantaine de patients par jour, ce qui pose le problème de la stérilisation et de l’hygiène et expose les malades à de nombreuses affections. Or, pour prendre en charge tous ces malades, il faut au moins huit appareils d’endoscopie. Par ailleurs, il y des actions lancées ici et là, comme la création de comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) dans chaque hôpital, ce qui est une bonne chose. Le CLIN est chargé d’organiser et de coordonner la surveillance, la prévention et la formation continue en matière de lutte contre les infections nosocomiales. Ce type d’actions est à multiplier pour prévenir ces infections et assurer une bonne hygiène hospitalière.

    L’Algérie a également fait des progrès considérables en matière de sécurité transfusionnelle. Dans ce cadre, l’Agence nationale du sang réalise un travail remarquable pour écarter tout risque de propagation de virus.

    Le département de Saïd Barkat veut mettre de l’ordre dans les hôpitaux, il a déclaré dernièrement la guerre aux infections nosocomiales et prévoit des sanctions sévères au manquement d’hygiène. Qu’en pensez-vous ?

    J’estime que le recours à la répression et aux sanctions doit être justifié. On ne peut pas exiger des mesures d’hygiène irréprochables si on n’accorde pas les moyens nécessaires. En fait, la sanction n’est pas la meilleure solution. Je plaide pour la formation et le recyclage du personnel médical aux règles d’hygiène et aux méthodes de stérilisation et de désinfection des équipements de soins. Il est nécessaire d’initier des campagnes d’information et de sensibilisation. Certaines associations font beaucoup d’efforts en matière de sensibilisation sur les règles de base et mènent des campagnes de prévention à large échelle. Un travail considérable est également en train d’être réalisé dans certains hôpitaux, je citerai à ce sujet le service très actif en matière de prévention, dirigé par le professeur
    Benhabbyles, chef du service épidémiologie et prévention à l’hôpital Mustapha Bacha.

    Quelles sont, selon vous, les actions qui doivent être préconisées pour prévenir les infections nosocomiales et la prolifération des maladies en milieu hospitalier ?

    La sensibilisation et la formation doivent constituer un souci pour les responsables afin qu’aucune négligence ne soit tolérée en matière de respect des règles d’hygiène et de sécurité en milieu hospitalier et aussi dans les cliniques privées. Je pense qu’il faut aussi que l’hygiène soit adaptée aux moyens mis en place. Il est, en outre, indispensable de respecter les normes de sécurité au sein des établissements notamment pour ce qui de la stérilisation du matériel médical, du lavage des mains et de la désinfection des lieux.

    Vous êtes aussi président du Comité national de lutte contre les hépatites virales. L’absence d’hygiène est l’un des facteurs favorisant la propagation des virus B et C, entre autres…

    Tout à fait. Ce comité qui a été réactivé cette année fait d’ailleurs de la prévention son cheval de bataille. Car c’est par la prévention que l’on peut lutter efficacement contre les hépatites. Dans le cadre de ce comité, nous sommes en train d’élaborer une série de recommandations que nous allons transmettre au ministère de la Santé et nous préparons d’ici juin prochain la première conférence nationale sur les hépatites virales.

    Il faut dire que l’Algérie a fait des efforts importants pour lutter contre l’hépatite virale. Au titre de l’année 2008, un budget de 3 500 milliards de centimes a été débloqué pour assurer la meilleure prise en charge possible des malades et mettre à leur disposition les traitements. Par ailleurs, la création d’une usine d’ici la fin de 2009 pour la fabrication de vaccins contre l’hépatite B est une bonne nouvelle dans la mesure où elle permettra d’élargir la population à vacciner.

    Par la Tribune
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