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Le réchauffement climatique bouleverse les oiseaux migrateurs

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  • Le réchauffement climatique bouleverse les oiseaux migrateurs

    L'hirondelle, c'est désormais établi, fait de plus en plus précocement le printemps. Et elle n'est pas la seule. Un nombre croissant d'oiseaux reviennent de leur migration plus tôt qu'il y a vingt ans et repartent plus tard, tandis que d'autres hivernent sur le littoral atlantique ou le bassin méditerranéen plutôt que de gagner des zones transsahariennes.

    Trente ans de protection de l'avifaune européenne

    C'est un anniversaire en demi-teinte qu'a célébré l'Union européenne (UE) pour les trente ans de sa directive Oiseaux. Adopté le 2 avril 1979, le premier texte législatif de l'UE en faveur de la protection de la nature a permis d'améliorer la situation de nombreuses espèces menacées, tels le pétrel de Madère, la spatule blanche, le pélican frisé, le cormoran pygmée, le pygargue à queue blanche ou l'aigle impérial ibérique. Mais, sur les 500 espèces d'oiseaux sauvages que compte l'avifaune européenne, 43 % n'en continuent pas moins de décliner. Notamment parmi les oiseaux des champs, dont les effectifs ont chuté de presque 50 % depuis 1980. Cette situation impose, selon l'UE, "de faire davantage pour mieux intégrer les exigences en matière de protection des oiseaux dans la politique agricole".

    Principale cause de ces bouleversements : le réchauffement climatique. Celui-ci pourrait avoir, pour ces voyageurs de haut vol, des répercussions autrement sportives. Selon des travaux publiés, mercredi 15 avril, dans le Journal of Biogeography, il leur faudra en effet remonter notablement plus au nord pour passer leurs quartiers d'été sous des cieux favorables à leur reproduction.

    Leur trajet en sera allongé d'autant. Ce surplus d'effort pourrait être fatal à certains passereaux, lesquels, déjà, pour accomplir leur périple, atteignent les limites de l'endurance. "Chaque année, environ 500 millions d'oiseaux migrent d'Afrique vers l'Europe et l'Asie. Les plus petits ne pèsent pas dix grammes, et n'en parcourent pas moins d'une traite des milliers de kilomètres. Pour tenir de telles distances, certains doublent leur poids avant le départ, d'autres rétrécissent leurs organes internes pour dépenser moins d'énergie. A ce niveau-là, tout ce qui rend le voyage plus long peut les mettre en péril", explique Stephen Willis, coordinateur de cette recherche au Centre pour la science des écosystèmes de l'université de Durham (Grande-Bretagne).

    Menée à l'aide de modèles informatiques, son étude s'est résolument tournée vers le futur. Le principe : confronter les grands scénarios climatologiques prévus pour la fin du siècle aux données bio-écologiques disponibles sur les passereaux européens. Pas sur tous : la tâche aurait été interminable. Mais sur ceux appartenant au genre Sylvia, mieux connus sous le nom de fauvettes.

    Pourquoi les fauvettes ? Peut-être parce que celle dite "à tête noire" est récemment devenue plus familière aux chercheurs de Durham, puisqu'elle a résolu la question du réchauffement climatique en passant désormais ses hivers en Angleterre. Mais surtout parce que les nombreuses espèces recensées en Europe, par la diversité de leurs habitudes alimentaires et géographiques, offrent un bon aperçu de ce qui attend la communauté des oiseaux migrateurs dans son ensemble.

    ZONES D'ESCALE

    "On trouve parmi les fauvettes des migratrices au long cours, d'autres qui se déplacent sur de petites distances, d'autres enfin qui ne bougent pas du tout", précise Stephen Willis. De plus, toutes n'ont pas les mêmes exigences concernant leur habitat. Selon qu'elles soient méridionales ou septentrionales, selon qu'elles peuplent un vaste territoire ou non, elles s'adapteront différemment aux variations climatiques à venir.

    Soumises au pouvoir de prédiction des ordinateurs, les fauvettes ont donc livré aux chercheurs leurs conclusions. Et celles-ci sont inquiétantes : à l'horizon 2071-2100, neuf des dix-sept espèces recensées en Europe - notamment celles qui traversent le Sahara - devront allonger leur voyage. Parfois de 400 kilomètres. Car lorsque la température globale s'élèvera de quelques degrés, leurs zones de reproduction se déplaceront vers le nord, sans que leurs zones d'hivernage - moins sensibles aux bouleversements climatiques - aient changé de latitude. De plus, la nature ne faisant pas toujours bien les choses, les plus grandes migratrices seront celles qui devront allonger le plus leur vol printanier.

    Mauvaise nouvelle ? "Les oiseaux de nos régions n'ont pas attendu le réchauffement climatique pour voir leur survie menacée, tempère Michel Métais, directeur de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Il ne s'agit que d'un paramètre de plus à intégrer dans les stratégies futures de préservation." Un défi auquel l'Union européenne commence à s'atteler dans le cadre de sa directive Oiseaux, qui vient de célébrer ses trente années d'existence.

    "Les oiseaux sauvages, dont la plupart sont des migrateurs, constituent un patrimoine commun à tous les Etats membres", a rappelé à cette occasion Stavros Dimas, le commissaire européen à l'environnement. Leur conservation, inconcevable sans une réelle coopération internationale, passe notamment par la mise en place de zones de protection spéciale (ZPS). Réparties dans les vingt-sept pays membres et intégrées dans le réseau écologique Natura 2000, ces ZPS couvrent aujourd'hui plus de 10 % du territoire de l'Union et d'importantes zones maritimes côtières.

    Leurs gestionnaires devront à l'avenir prendre en compte les nouveaux territoires et parcours de migration qu'imposeront les changements climatiques. Et, peut-être, prévoir des zones d'escale afin de permettre à ces voyageurs au (très) long cours de s'alimenter et de reprendre force.

    Par le Monde


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