En Algérie, le début du mois du Patrimoine, dont la célébration a été marquée par des activités officielles à partir de la journée d’hier, est devenu un rituel à l’occasion duquel une image faussement joviale de notre patrimoine matériel et immatériel se donne à voir.
Pourtant, le constat de déficit de prise en charge, pour ne pas dire d’abandon caractérisé, de certains aspects de notre legs historique et d’une kyrielle de nos sites naturels est partagé aussi bien par des responsables de l’administration, des hommes de culture que par le monde associatif et l’univers académique. Un mois du patrimoine, période pendant laquelle s’organisent journées d’études et campagnes de sensibilisation autour du précieux legs, matériel et immatériel, laissé par les générations qui nous ont précédés et dont l’âge peut remonter jusqu’à…l’âge de pierres, ne suffit guère pour vulgariser notre patrimoine culturel et sensibiliser les citoyens à son importance.
Pour une permanence de l’acte de sauvegarde et de promotion
Une politique culturelle qui revalorise l’être et le patrimoine algériens est non seulement nécessaire mais possible. Des initiatives allant dans ce sens sont perceptibles depuis quelques temps. En effet, au-delà des remous et des déceptions générés par les manifestations culturelles de conjoncture, l’on ne peut que se réjouir de l’intérêt que les autorités publiques commencent à accorder à la réhabilitation de certains édifices ayant une valeur culturelle ou historique intimement liée à l’Histoire du pays et de la société. Une fois n’est pas coutume, l’un de ces sites se trouve être la basilique Notre-Dame d’Afrique dominant la baie d’Alger sur les hauteurs de Bouzaréah. En effet, ce lieu de culte chrétien dépasse largement sa vocation originelle strictement liturgique pour se fondre dans la mémoire de la ville d’Alger. Depuis les premiers chantiers, lancés par l’évêque Pavy en 1858 sur la base de plans architecturaux de type byzantin conçus par Fromageau, jusqu’à nos jours, ‘’Madame l’Afrique’’ – selon la belle et savoureuse contorsion que son nom a subie dans le langage algérois – fait partie intégrante du décor et du paysage de la capitale. Sa position géographique privilégiée la mettant en saillie par rapport aux quartiers populaires de Bab El Oued et Bologhine n’a fait que lui attirer un intérêt redoublé des touristes nationaux et étrangers, et ce, malgré les années d’horreur qui ont mis temporairement un bémol à son orgue. Désertée par les visiteurs, oubliée des regards, ce n’est qu’à la faveur du projet de réhabilitation de son édifice que la basilique commence à faire parler d’elle. En effet, la wilaya d’Alger s’est associée avec la Commission européenne, le Conseil général des Bouches-du-Rhône, la région Provence-alpes-côte-d’azur et l’État français dans une convention qui les engagent à rafraîchir et rénover cette ‘’dame’’- légèrement ébranlée par le séisme de 2003- avec un budget de 5 millions d’euros. Les travaux s’étaleront jusqu’à 2011.
En Kabylie maritime, c’est le site romain de Tigzirt qui est inscrit à l’indicatif de la direction de la Culture de la wilaya pour être restauré selon les normes techniques modernes. À Sour El Ghozlène, les services concernés ont puisé dans le budget spécial Hauts Plateaux pour réhabiliter l’amphithéâtre romain et les remparts coloniaux.
Une valeur ajoutée pour le potentiel touristique
L’Algérie constitue à l’évidence un vaste territoire riche de ses vestiges allant de la période préhistorique jusqu’à la colonisation française, en passant par la civilisation berbéro-romaine, les dynasties musulmanes du Maghreb central et les vestiges turcs. De nombreux lieux de culte, des cimetières, des mausolées et des cités entières attendent qu’un geste des pouvoirs publics vienne les sauver non seulement de l’oubli, mais surtout des mains criminelles qui ne cessent de les saccager et de les effacer de la mémoire culturelle du pays. Les exemples ne manquent pas. Des personnalités et des associations se sont élevées contre les dégradations du site de Timgad qui surviennent à chaque édition du festival annuel qui se tient dans cette ville. Les ruines du village de Djouab, dans la wilaya de Médéa, abritant l’histoire de l’antique Rapidi, bastion de Takfarinas, sont tout simplement en état de… ruine du fait qu’aucune prise en charge scientifique de ce legs n’y a été réalisée. L’exhibition des charmes de l’Algérie, dans la cadre de l’activité touristique constituent sans nul doute la matière première de l’activité touristique que les autorités du pays comptent impulser aujourd’hui. Cette opération est bien nécessaire après une rupture des flux touristiques vers notre pays qui aura duré bientôt plus d’une quinzaine d’années. En contact des tour-opérateurs européens, les représentants du secteur escomptent un retour d’écoute qui se concrétisera par un renouvellement d’intérêt pour les sites et panoramas d’Algérie.
Les maillons de la chaîne touristique s’étalent principalement sur trois segments indispensables qui se complètent : potentialités naturelles ou liées à l’histoire et à la culture d’une nation (qui exigent entretiens, réhabilitation et accompagnement logistique) , les structures d’accueil (hôtellerie, instance chargées des circuits touristiques) et l’environnement économique qui conditionne les nouveaux investissements liés au secteur. L’absence ou la mauvaise gestion de l’un d’eux déteint immanquablement sur le reste et compromet l’ensemble de l’activité.
Matière moulée par la nature ou pétrie par l’homme
Il s’agit d’abord de l’existence d’une matière première brute ou façonnée par les hommes. L’Algérie ne manque pas de sites naturels auxquels son relief, sa végétation et son climat ont donné des caractéristiques que beaucoup de pays ne possèdent pas dans leur concomitance. Des 1200 km de côtes jusqu’au Parc du Hoggar-Tassili, toute une série de lieux exceptionnels attiraient jadis des centaines de milliers de touristes européens. Depuis les dernières transformation géologiques subies par la terre au quaternaire, la nature a aussi doté l’Algérie de plusieurs dizaines de sources thermales réparties sur l’ensemble de son territoire. Les vertus thérapeutiques de ces eaux ont été mises à l’épreuve au fur et à mesure que s’accroissait l’intérêt récréatif et ludique pour ces sources. De même, des preuves matérielles existent sur les aménagements que ces sources ont reçus depuis la plus haute antiquité. Les Romains et les Byzantins y ont apporté leur touche selon les schémas des thermes de la péninsule italienne et de Byzance. Les Turcs ont développé en Algérie l’art des hammams au point d’en faire une véritable culture. Des reproductions artificielles ont été effectuées pour rapprocher les thermes des citadins et surtout des citadines. Tout autour des sources thermales naturelles, des noyaux de vie se sont développés afin d’assurer le gîte et le couvert pour les visiteurs et les baigneurs. C’est, en quelque sorte, le début de l’ ‘’industrie touristique’’ que l’on retrouve dans certaines villes algériennes. Au cours des années 1970, l’État a pu intervenir sur certains sites pour les valoriser au vu des flux de visiteurs qu’ils reçoivent. Parallèlement à ces sites pris en charge de façon plus ou moins correcte, d’autres sites et non des moindres continuent à coltiner un destin peu enviable, réduits qu’ils sont à une situation de source sauvage que seuls les riverains connaissent, admirent et parfois mythifient. Elles sont censées, dans le cadre du redéploiement du secteur touristique, jouer un rôle de plus en plus important avec les travaux d’aménagement dont elles commencent à bénéficier.
Pourtant, le constat de déficit de prise en charge, pour ne pas dire d’abandon caractérisé, de certains aspects de notre legs historique et d’une kyrielle de nos sites naturels est partagé aussi bien par des responsables de l’administration, des hommes de culture que par le monde associatif et l’univers académique. Un mois du patrimoine, période pendant laquelle s’organisent journées d’études et campagnes de sensibilisation autour du précieux legs, matériel et immatériel, laissé par les générations qui nous ont précédés et dont l’âge peut remonter jusqu’à…l’âge de pierres, ne suffit guère pour vulgariser notre patrimoine culturel et sensibiliser les citoyens à son importance.
Pour une permanence de l’acte de sauvegarde et de promotion
Une politique culturelle qui revalorise l’être et le patrimoine algériens est non seulement nécessaire mais possible. Des initiatives allant dans ce sens sont perceptibles depuis quelques temps. En effet, au-delà des remous et des déceptions générés par les manifestations culturelles de conjoncture, l’on ne peut que se réjouir de l’intérêt que les autorités publiques commencent à accorder à la réhabilitation de certains édifices ayant une valeur culturelle ou historique intimement liée à l’Histoire du pays et de la société. Une fois n’est pas coutume, l’un de ces sites se trouve être la basilique Notre-Dame d’Afrique dominant la baie d’Alger sur les hauteurs de Bouzaréah. En effet, ce lieu de culte chrétien dépasse largement sa vocation originelle strictement liturgique pour se fondre dans la mémoire de la ville d’Alger. Depuis les premiers chantiers, lancés par l’évêque Pavy en 1858 sur la base de plans architecturaux de type byzantin conçus par Fromageau, jusqu’à nos jours, ‘’Madame l’Afrique’’ – selon la belle et savoureuse contorsion que son nom a subie dans le langage algérois – fait partie intégrante du décor et du paysage de la capitale. Sa position géographique privilégiée la mettant en saillie par rapport aux quartiers populaires de Bab El Oued et Bologhine n’a fait que lui attirer un intérêt redoublé des touristes nationaux et étrangers, et ce, malgré les années d’horreur qui ont mis temporairement un bémol à son orgue. Désertée par les visiteurs, oubliée des regards, ce n’est qu’à la faveur du projet de réhabilitation de son édifice que la basilique commence à faire parler d’elle. En effet, la wilaya d’Alger s’est associée avec la Commission européenne, le Conseil général des Bouches-du-Rhône, la région Provence-alpes-côte-d’azur et l’État français dans une convention qui les engagent à rafraîchir et rénover cette ‘’dame’’- légèrement ébranlée par le séisme de 2003- avec un budget de 5 millions d’euros. Les travaux s’étaleront jusqu’à 2011.
En Kabylie maritime, c’est le site romain de Tigzirt qui est inscrit à l’indicatif de la direction de la Culture de la wilaya pour être restauré selon les normes techniques modernes. À Sour El Ghozlène, les services concernés ont puisé dans le budget spécial Hauts Plateaux pour réhabiliter l’amphithéâtre romain et les remparts coloniaux.
Une valeur ajoutée pour le potentiel touristique
L’Algérie constitue à l’évidence un vaste territoire riche de ses vestiges allant de la période préhistorique jusqu’à la colonisation française, en passant par la civilisation berbéro-romaine, les dynasties musulmanes du Maghreb central et les vestiges turcs. De nombreux lieux de culte, des cimetières, des mausolées et des cités entières attendent qu’un geste des pouvoirs publics vienne les sauver non seulement de l’oubli, mais surtout des mains criminelles qui ne cessent de les saccager et de les effacer de la mémoire culturelle du pays. Les exemples ne manquent pas. Des personnalités et des associations se sont élevées contre les dégradations du site de Timgad qui surviennent à chaque édition du festival annuel qui se tient dans cette ville. Les ruines du village de Djouab, dans la wilaya de Médéa, abritant l’histoire de l’antique Rapidi, bastion de Takfarinas, sont tout simplement en état de… ruine du fait qu’aucune prise en charge scientifique de ce legs n’y a été réalisée. L’exhibition des charmes de l’Algérie, dans la cadre de l’activité touristique constituent sans nul doute la matière première de l’activité touristique que les autorités du pays comptent impulser aujourd’hui. Cette opération est bien nécessaire après une rupture des flux touristiques vers notre pays qui aura duré bientôt plus d’une quinzaine d’années. En contact des tour-opérateurs européens, les représentants du secteur escomptent un retour d’écoute qui se concrétisera par un renouvellement d’intérêt pour les sites et panoramas d’Algérie.
Les maillons de la chaîne touristique s’étalent principalement sur trois segments indispensables qui se complètent : potentialités naturelles ou liées à l’histoire et à la culture d’une nation (qui exigent entretiens, réhabilitation et accompagnement logistique) , les structures d’accueil (hôtellerie, instance chargées des circuits touristiques) et l’environnement économique qui conditionne les nouveaux investissements liés au secteur. L’absence ou la mauvaise gestion de l’un d’eux déteint immanquablement sur le reste et compromet l’ensemble de l’activité.
Matière moulée par la nature ou pétrie par l’homme
Il s’agit d’abord de l’existence d’une matière première brute ou façonnée par les hommes. L’Algérie ne manque pas de sites naturels auxquels son relief, sa végétation et son climat ont donné des caractéristiques que beaucoup de pays ne possèdent pas dans leur concomitance. Des 1200 km de côtes jusqu’au Parc du Hoggar-Tassili, toute une série de lieux exceptionnels attiraient jadis des centaines de milliers de touristes européens. Depuis les dernières transformation géologiques subies par la terre au quaternaire, la nature a aussi doté l’Algérie de plusieurs dizaines de sources thermales réparties sur l’ensemble de son territoire. Les vertus thérapeutiques de ces eaux ont été mises à l’épreuve au fur et à mesure que s’accroissait l’intérêt récréatif et ludique pour ces sources. De même, des preuves matérielles existent sur les aménagements que ces sources ont reçus depuis la plus haute antiquité. Les Romains et les Byzantins y ont apporté leur touche selon les schémas des thermes de la péninsule italienne et de Byzance. Les Turcs ont développé en Algérie l’art des hammams au point d’en faire une véritable culture. Des reproductions artificielles ont été effectuées pour rapprocher les thermes des citadins et surtout des citadines. Tout autour des sources thermales naturelles, des noyaux de vie se sont développés afin d’assurer le gîte et le couvert pour les visiteurs et les baigneurs. C’est, en quelque sorte, le début de l’ ‘’industrie touristique’’ que l’on retrouve dans certaines villes algériennes. Au cours des années 1970, l’État a pu intervenir sur certains sites pour les valoriser au vu des flux de visiteurs qu’ils reçoivent. Parallèlement à ces sites pris en charge de façon plus ou moins correcte, d’autres sites et non des moindres continuent à coltiner un destin peu enviable, réduits qu’ils sont à une situation de source sauvage que seuls les riverains connaissent, admirent et parfois mythifient. Elles sont censées, dans le cadre du redéploiement du secteur touristique, jouer un rôle de plus en plus important avec les travaux d’aménagement dont elles commencent à bénéficier.
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