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La mafia pourrait profiter du séisme des Abruzzes en Italie

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  • La mafia pourrait profiter du séisme des Abruzzes en Italie

    Les débris du tremblement de terre dévastateur des Abruzzes ne sont pas encore déblayés qu'une nouvelle crainte assaille les Italiens: que la mafia ne soit la première à bénéficier des contrats de plusieurs milliards d'euros de la reconstruction des écoles, des hôpitaux ou des tribunaux, comme ce fut le cas à Naples après le séisme de 1980.

    Le crime organisé possède des liens avec les sociétés cimentières, les entreprises qui évacuent les débris, et d'autres entreprises qui pourraient s'infiltrer dans le processus si les autorités ne sont pas vigilantes, avertit Franco Roberti, chef de l'équipe de magistrats chargée d'enquêter sur les activités de la Camorra à Naples. "Nous avons découvert à quel point la Camorra est impliquée dans le bâtiment en enquêtant sur les suites du tremblement de terre de 1980" près du grand port du Sud, explique le magistrat.

    La cité médiévale de L'Aquila, capitale des Abruzzes ravagée par un séisme de magnitude 6,3 le 6 avril, se trouve à 240km au nord de Naples, près du territoire des plus importantes familles du crime du pays. Or les enquêteurs constatent que les gangs ont de plus en plus tendance à déborder de leurs frontières traditionnelles, cherchant de nouveaux débouchés dans le centre et le nord de l'Italie pour recycler les millions du trafic de drogue, de l'extorsion de fonds et d'autres rackets.

    "Restons très vigilants contre les mafias sur les chantiers", écrivait le quotidien catholique "L'Avvenire" dimanche, soupçonnant les mafieux de vouloir s'enrichir grâce à l'argent de la reconstruction. L'enveloppe total pourrait représenter 12 milliards d'euros, selon certaines estimations gouvernementales.

    "Cosa Nostra, 'ndrangheta (Calabre) et la Camorra sont déjà arrivées dans les Abruzzes et auront certainement les yeux rivés sur la reconstruction", souligne Giuseppe Pisanu, ancien ministre de l'Intérieur, aujourd'hui à la tête de la commission parlementaire contre les mafias. Ces clans, en particulier la Cosa Nostra sicilienne et la Camorra napolitaine, ont largement profité des milliards d'euros de fonds publics investis pour développer le Sud durant les dernières décennies.

    Le clan Casalesi, une branche de la Camorra basée près de Caserte, est considéré comme le mieux placé pour bénéficier de la manne publique de la reconstruction. La Camorra possède "le matériel, les machines et les hommes", prévient encore Raffaele Cantone, un ancien procureur anti-mafia de Naples, aujourd'hui en poste à Rome.

    Depuis les dérives de la reconstruction de Naples, la loi oblige les entreprises candidates à un marché public à se soumettre à des contrôles de la police pour vérifier qu'elles ne sont pas liées au crime organisé. Cela ne garantit toutefois pas que la mafia n'obtiendra pas sa part du gâteau. "Le problème réside dans la sous-traitance", explique le magistrat Franco Roberti.

    Malheureusement, souligne-t-il, il faut aller vite car des dizaines de milliers de réfugiés vivent sous des tentes, chez des proches ou dans des hôtels de la côte Adriatique qui doivent bientôt accueillir leurs premiers vacanciers. "L'urgence joue en faveur de la mafia", déplore le magistrat.

    Le procureur national chargé de la lutte contre la mafia en Italie, Piero Grasso, a annoncé qu'il formerait un groupe de travail de procureurs ayant l'expérience du crime organisé pour aider les autorités de L'Aquila à mener les vérifications pour les appels d'offres. Les spécialistes craignent notamment que les entreprises liées à la mafia n'utilisent des matériaux de mauvaise qualité, moins chers que ceux facturés.

    Pour l'instant, rien ne suggère que le crime organisé soit pour quoi que soit dans l'effondrement et les dégâts subis par des dizaines de milliers de bâtiments après le tremblement de terre des Abruzzes, même si les pompiers ont trouvé certaines constructions bien légères pour une région qui a déjà subi de violents séismes. Des constructeurs, ingénieurs et inspecteurs devaient être interrogés cette semaine à ce sujet.

    A Naples, près de 30 ans après le tremblement de terre de 1980, des milliers d'habitants vivaient toujours dans des logements provisoires, et certaines nouvelles constructions étaient de si mauvaise qualité qu'elles n'ont pas pu être utilisées. Le gouvernement avait pourtant investi plus de 32 milliards de dollars (26 milliards d'euros). L'étendue du rôle de la Camorra reste imprécise car plusieurs procès sont encore en cours, selon le procureur antimafia Piero Grasso.

    source : AP
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