La stabilité politique du Maghreb devient un souci à Washington
L’Europe méditerranéenne – France et Espagne principalement – fait travailler ses « think tanks » sur le rôle des acteurs extérieurs sur la rive sud de la mer intérieure. Il en a résulté que l’un des tous premiers exposés sur la démarche de l’administration Obama au Maghreb a eu lieu a Paris le 17 avril dernier à l’occasion d’un colloque sur le thème Etats-Unis-Maghreb : enjeux et perspectives, organisé par l’IFRI (institut français des relations internationales) et la Casa Arabe de Madrid. Deux responsables dans la nouvelle administration américaine, Alan Pino en charge du Proche Orient et de l’Afrique du Nord au NIC (National Intelligence Council) et Stéphanie Williams, nouvelle directrice du bureau des affaires nord africaines au département d’Etat, y ont développé un point de vue actualisé des relations entre les Etats-Unis et le Maghreb. La perception classique du Maghreb n’a pas changé à la surface : « c’est une région politiquement stable de notre point de vue. Mais seulement dans le cours terme » a précisé Alan Pino. Il a évoqué « six raisons d’être inquiet pour cette région au-delà des deux ou trois ans ». Alan Pino place les incertitudes sur les scénarios de succession « en particulier en Tunisie et en Algérie », en tête des motifs d’inquiétude pour Washington. Il a cité ensuite les variations sur le marché du pétrole et du gaz (Algérie, Libye), le niveau de chômage des jeunes très important même chez les diplômés universitaires (Maroc, Algérie) ; l’impact de la récession mondiale sur les économies les plus ouvertes du Maghreb (Tunisie, Maroc), la persistance de régimes autoritaires qui ne laissent pas de marges d’expression et d’organisation suffisante aux populations, et enfin la présence de groupes islamistes armés actifs qui peuvent débordé à tout moment au-delà du Maghreb. Alan Pino s’est fait le porte parole d’une vision quelque peu pessimiste sur les perspectives à long terme de réformes politiques au Maghreb, « elles sont plutôt bloquées actuellement » a-t-il épilogué pour le déplorer.
La politique de l’administration Obama va changer aussi au Maghreb. Quelques indications permettent d’en déduire de futures orientations.
Ihsane El Kadi, AlgerL’Europe méditerranéenne – France et Espagne principalement – fait travailler ses « think tanks » sur le rôle des acteurs extérieurs sur la rive sud de la mer intérieure. Il en a résulté que l’un des tous premiers exposés sur la démarche de l’administration Obama au Maghreb a eu lieu a Paris le 17 avril dernier à l’occasion d’un colloque sur le thème Etats-Unis-Maghreb : enjeux et perspectives, organisé par l’IFRI (institut français des relations internationales) et la Casa Arabe de Madrid. Deux responsables dans la nouvelle administration américaine, Alan Pino en charge du Proche Orient et de l’Afrique du Nord au NIC (National Intelligence Council) et Stéphanie Williams, nouvelle directrice du bureau des affaires nord africaines au département d’Etat, y ont développé un point de vue actualisé des relations entre les Etats-Unis et le Maghreb. La perception classique du Maghreb n’a pas changé à la surface : « c’est une région politiquement stable de notre point de vue. Mais seulement dans le cours terme » a précisé Alan Pino. Il a évoqué « six raisons d’être inquiet pour cette région au-delà des deux ou trois ans ». Alan Pino place les incertitudes sur les scénarios de succession « en particulier en Tunisie et en Algérie », en tête des motifs d’inquiétude pour Washington. Il a cité ensuite les variations sur le marché du pétrole et du gaz (Algérie, Libye), le niveau de chômage des jeunes très important même chez les diplômés universitaires (Maroc, Algérie) ; l’impact de la récession mondiale sur les économies les plus ouvertes du Maghreb (Tunisie, Maroc), la persistance de régimes autoritaires qui ne laissent pas de marges d’expression et d’organisation suffisante aux populations, et enfin la présence de groupes islamistes armés actifs qui peuvent débordé à tout moment au-delà du Maghreb. Alan Pino s’est fait le porte parole d’une vision quelque peu pessimiste sur les perspectives à long terme de réformes politiques au Maghreb, « elles sont plutôt bloquées actuellement » a-t-il épilogué pour le déplorer.
La démocratie jetée avec l’eau du bain ?
Le point de vue, un peu plus officiel de Stephanie Williams, a montré aux spécialistes présents combien le chemin demeurait long pour que Washington affine une politique spécifique à la région. Les déclarations de principes « nous voulons travailler avec l’UMA » ou « renforcer la stabilité et la paix » l’ont disputé aux affirmations les plus convenues : « le Maroc est un allié important des Etats-Unis en dehors de l’Otan » ou « l’Algérie est un important fournisseur de gaz naturel pour nous ». Mme Afrique du Nord à Washington a toutefois insisté sur le fait que « le Sahara occidental est une préoccupation majeure pour Mme Clinton », la nouvelle secrétaire d’Etat US, ainsi que sur la volonté américaine de soutenir les programmes en faveur des femmes et des jeunes ainsi que tous les efforts d’intégration économique de la région. Les spécialistes présents auront donc bien compris que la mise à la casse du messianisme du Grand Moyen Orient (GMO) de l’administration Bush, menace de « jeter le bébé de la démocratie avec l’eau du bain » comme l’a bien relevé le diplomate français Pierre Thenard. Les idées de stabilité, de bonne gouvernance et de déficit de démocratie « marquent le retour à une diplomatie plus conventionnelle » selon un autre intervenant, même si le colloque a bien prix notes des « critiques amicales » faites par Washington à Alger, pour les anomalies dans les dernières élections présidentielles.Irak et Palestine en test de vérité
L’administration Bush voulait forcer les régimes arabes à se démocratiser après l’invasion de l’Irak. La victoire du Hamas en Palestine en 2006 et la « poussée électorale » des Frères musulmans en Egypte ont remis le projet dans les cartons. A Paris, le colloque de relation internationale Etats-Unis – Maghreb a pu observer que « la pression pour une ouverture des régimes politiques au Maghreb » est un vrai casse tête pour le département d’Etat. C’est sans doute parce que la religion de Washington sur la question n’est sans doute pas encore faite que le duo Pino-Williams a beaucoup écouté quelques acteurs de la région (énergie, commerce, sécurité droits de l’homme). Ainsi, l’idée a été évoquée que le départ des troupes américaines d’Irak, que devrait accélérer Barack Obama, pourrait bien avoir une incidence directe sur le déclin – entraperçu en 2008 – de Al Qaida au Maghreb. Et comme le Moyen Orient et l’Afrique du Nord demeurent très fortement lié géopolitiquement, la position de Washington sur la question palestinienne a été présentée dans de nombreuses interventions comme déterminante pour l’influence des Etats-Unis au Maghreb. Les responsables et chercheurs américains ont pu également noter que l’Union pour la Méditerranée devrait, si elle se construisait, consolider l’avance historique de l’Europe dans ses flux d’affaires avec le Maghreb, l’UPM dont Stephanie Williams s’est contentée de « prendre acte ».
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