Le plan Azur «glisse» vers 2016 · Boussaïd: «On avait vu trop grand»
· L’offre litière revue: 35.000 lits au lieu de 85.000
«JE ne fais le procès de personne». Mohamed Boussaïd, ministre du Tourisme, affirme que le plan Azur, tel qu’il a été conçu, pèche par excès d’ambition en termes de délais de réalisation et de capacité litière.
Le ministre, qui reconnaît par ailleurs le «bon travail» de son prédécesseur, ne cache pas que «le plan Azur a été pensé sans prendre en compte les aléas, les contraintes voire la cyclicité du secteur». Mais il reconnaît qu’il est de son devoir en tant que ministre de tutelle de «le réajuster et le redimensionner». Mais, il s’est gardé de dire comment.
S’expliquant sur la résiliation de la convention de mise en valeur de la station Taghazout qui liait l’Etat à l’américain Colony Capital, le ministre du Tourisme en a profité pour faire un large tour d’horizon sur la Vision 2010 (qui est de moins en moins mise en avant).
En termes de bilan du plan Azur, toutes les stations ont connu des difficultés et plus que des retards, des glissements dans les délais… Les départs de chefs de file se sont succédé (Dallah El Baraka, Orco, Thomas & Piron, Colony Capital…).
Compte tenu d’un certain nombre de facteurs: la révision de plans d’aménagement, les retards dans les travaux, les problèmes du foncier…
A cela, s’ajoute le retournement de la conjoncture. Une récession qui, selon le ministre du Tourisme, présente trois risques majeurs pour le plan Azur. D’abord, une baisse de l’attractivité pour l’immobilier de luxe. Ce qui se traduit par moins de cash pour les stations, compromettant ainsi le reste des programmes dont le financement est étroitement lié au résidentiel. Ensuite, la crise touche directement les investisseurs en ce sens qu’elle réduit leur capacité de financement et de lever des fonds. D’où des arbitrages sur les destinations. Enfin, la conjoncture rend difficile le montage financier de projets surtout dans le secteur du tourisme. Les banques deviennent plus regardantes et exigent plus de garanties.
Aux yeux du ministre, pour le tourisme en général, «le plus dur reste à venir et les années fastes sont derrière nous». Conséquence: Boussaïd revoit les ambitions du plan Azur à la baisse. Huit ans après, le Maroc ne dispose toujours pas de stations de nouvelle génération.
Le deadline change. Au lieu de 2010, les pouvoirs publics se donnent finalement un délai supplémentaire qui va jusqu’à 2016.
De même, la capacité litière de 85.000 lits, initialement programmée par l’accord- cadre signé en 2001, est à son tour fortement reconsidérée.
«Un ajustement», dira Boussaïd, qui revoit cet objectif autour de 35.000 lits.
Un décalage dans la réalisation des objectifs que le ministre impute à la complexité des projets. Il fallait créer des stations ex nihilo.
En plus, le processus de lancement des projets est très lourd: entre la signature de l’accord-cadre et le démarrage des travaux d’une station, il s’est passé 6 ans. Phase qui correspond aux étapes du process de l’appel d’offres, les études techniques, l’aménagement, la réalisation et la construction… D’autant plus que la quasi-totalité des stations ont connu beaucoup de retards.
Deux échecs sur Taghazout
Le cas de Tagahazout est édifiant. «C’est un dossier malheureux qui connaît un deuxième échec», dira Boussaïd pour qui la station ne peut se permettre un troisième échec. L’équilibre Etat/aménageur a été rompu pour non-respect de clauses du cahier des charges. Par cet acte, «l’Etat a montré sa fermeté», justifie le ministre du Tourisme. «Notre décision est blindée juridiquement. Nous avons pris nos responsabilités», renchérit-il. Mais cela ne remet pas en cause l’avenir de la station qui est «l’un des plus beaux sites du plan Azur».
Il reconnaît qu’après le départ de Dallah El Baraka, l’aménageur américain avait présenté la meilleure offre avec toutes les garanties de réussite. Sauf qu’en deux ans, «pas un seul mètre carré n’est sorti de terre», constate Boussaïd. L’aménageur aurait eu des difficultés à lever des fonds auprès des banques. «Je regrette cette résiliation, mais la position de l’Etat a été faite conformément aux clauses de la convention qui le liait à l’aménageur».
Valeur aujourd’hui, le ministre dit avoir de la visibilité pour 4 stations: Saïdia, Lixus, Mazagan, Mogador. Taghazout et Plage Blanche sont en difficulté. Il va falloir trouver dans l’immédiat un repreneur pour Taghazout et relancer Addoha pour Plage Blanche. Ce qui, dans la conjoncture actuelle, relèverait presque de l’exploit.
A.R. & B. T.
· L’offre litière revue: 35.000 lits au lieu de 85.000
«JE ne fais le procès de personne». Mohamed Boussaïd, ministre du Tourisme, affirme que le plan Azur, tel qu’il a été conçu, pèche par excès d’ambition en termes de délais de réalisation et de capacité litière.
Le ministre, qui reconnaît par ailleurs le «bon travail» de son prédécesseur, ne cache pas que «le plan Azur a été pensé sans prendre en compte les aléas, les contraintes voire la cyclicité du secteur». Mais il reconnaît qu’il est de son devoir en tant que ministre de tutelle de «le réajuster et le redimensionner». Mais, il s’est gardé de dire comment.
S’expliquant sur la résiliation de la convention de mise en valeur de la station Taghazout qui liait l’Etat à l’américain Colony Capital, le ministre du Tourisme en a profité pour faire un large tour d’horizon sur la Vision 2010 (qui est de moins en moins mise en avant).
En termes de bilan du plan Azur, toutes les stations ont connu des difficultés et plus que des retards, des glissements dans les délais… Les départs de chefs de file se sont succédé (Dallah El Baraka, Orco, Thomas & Piron, Colony Capital…).
Compte tenu d’un certain nombre de facteurs: la révision de plans d’aménagement, les retards dans les travaux, les problèmes du foncier…
A cela, s’ajoute le retournement de la conjoncture. Une récession qui, selon le ministre du Tourisme, présente trois risques majeurs pour le plan Azur. D’abord, une baisse de l’attractivité pour l’immobilier de luxe. Ce qui se traduit par moins de cash pour les stations, compromettant ainsi le reste des programmes dont le financement est étroitement lié au résidentiel. Ensuite, la crise touche directement les investisseurs en ce sens qu’elle réduit leur capacité de financement et de lever des fonds. D’où des arbitrages sur les destinations. Enfin, la conjoncture rend difficile le montage financier de projets surtout dans le secteur du tourisme. Les banques deviennent plus regardantes et exigent plus de garanties.
Aux yeux du ministre, pour le tourisme en général, «le plus dur reste à venir et les années fastes sont derrière nous». Conséquence: Boussaïd revoit les ambitions du plan Azur à la baisse. Huit ans après, le Maroc ne dispose toujours pas de stations de nouvelle génération.
Le deadline change. Au lieu de 2010, les pouvoirs publics se donnent finalement un délai supplémentaire qui va jusqu’à 2016.
De même, la capacité litière de 85.000 lits, initialement programmée par l’accord- cadre signé en 2001, est à son tour fortement reconsidérée.
«Un ajustement», dira Boussaïd, qui revoit cet objectif autour de 35.000 lits.
Un décalage dans la réalisation des objectifs que le ministre impute à la complexité des projets. Il fallait créer des stations ex nihilo.
En plus, le processus de lancement des projets est très lourd: entre la signature de l’accord-cadre et le démarrage des travaux d’une station, il s’est passé 6 ans. Phase qui correspond aux étapes du process de l’appel d’offres, les études techniques, l’aménagement, la réalisation et la construction… D’autant plus que la quasi-totalité des stations ont connu beaucoup de retards.
Deux échecs sur Taghazout
Le cas de Tagahazout est édifiant. «C’est un dossier malheureux qui connaît un deuxième échec», dira Boussaïd pour qui la station ne peut se permettre un troisième échec. L’équilibre Etat/aménageur a été rompu pour non-respect de clauses du cahier des charges. Par cet acte, «l’Etat a montré sa fermeté», justifie le ministre du Tourisme. «Notre décision est blindée juridiquement. Nous avons pris nos responsabilités», renchérit-il. Mais cela ne remet pas en cause l’avenir de la station qui est «l’un des plus beaux sites du plan Azur».
Il reconnaît qu’après le départ de Dallah El Baraka, l’aménageur américain avait présenté la meilleure offre avec toutes les garanties de réussite. Sauf qu’en deux ans, «pas un seul mètre carré n’est sorti de terre», constate Boussaïd. L’aménageur aurait eu des difficultés à lever des fonds auprès des banques. «Je regrette cette résiliation, mais la position de l’Etat a été faite conformément aux clauses de la convention qui le liait à l’aménageur».
Valeur aujourd’hui, le ministre dit avoir de la visibilité pour 4 stations: Saïdia, Lixus, Mazagan, Mogador. Taghazout et Plage Blanche sont en difficulté. Il va falloir trouver dans l’immédiat un repreneur pour Taghazout et relancer Addoha pour Plage Blanche. Ce qui, dans la conjoncture actuelle, relèverait presque de l’exploit.
A.R. & B. T.
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