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Les talibans se rapprochent de la capitale pakistanaise

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  • Les talibans se rapprochent de la capitale pakistanaise

    Les islamistes ont pris le contrôle du district de Buner, à une centaine de kilomètres d'Islamabad. Washington s'alarme.



    Toujours plus proches d'Islamabad, les talibans continuent leur progression au nord-ouest du Pakistan. La présence de patrouilles de combattants dans le district de Buner, à environ 100 km de la capitale, confirme que les islamistes n'ont pas renoncé aux armes en dépit d'un récent accord de paix avec le gouvernement.

    Des centaines de ces combattants islamistes, liés à al-Qaida et aux talibans afghans, circulaient jeudi dans le chef-lieu du district, équipés d'armes légères et de lance-roquettes. Ils ont établi des barrages filtrants sur les principaux axes, a témoigné depuis Buner Karim Babak, un ancien député provincial. «Ils ont instauré le règne de la terreur et c'est la panique dans la population locale», a-t-il insisté.

    Selon des témoins, les islamistes ont d'emblée, après leur entrée dans la ville, instauré leur loi et indiqué qu'ils ne tolèreraient plus aucune activité contraire à l'islam à Buner. «Des écriteaux ont été placardés chez les coiffeurs, interdisant aux hommes de raser leurs barbes», a témoigné un habitant. Même les responsables locaux des dispensaires et hôpitaux ont dû demander à leur personnel féminin de rester à la maison, a assuré Masood Ahmad Khan, un fonctionnaire du ministère provincial de la Santé.

    Après le district adjacent de Swat, dont la prise par les talibans avait forcé Islamabad à conclure en février un cessez-le-feu en échange de l'instauration de tribunaux islamiques, c'est un nouveau coup dur pour l'État pakistanais et le président Zardari.

    La chute de Buner a provoqué des réactions hostiles de la part de Washington, dont Islamabad est l'allié-clé depuis fin 2001 dans sa «guerre contre le terrorisme». La secrétaire d'État Hillary Clinton s'est alarmée de «la menace pour l'existence de l'Etat du Pakistan que représente la progression continue des talibans» et redouté qu'ils ne soient un jour à même de «prendre le contrôle» de cet «État nucléaire».

    De son côté, le porte-parole des talibans de Swat, Muslim Khan, a promis mercredi d'étendre l'application stricte de la charia à la totalité du pays.

    Les explications d'Olivier Guillard, directeur de recherche Asie à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), spécialiste du Pakistan.
    Peut-on envisager une attaque des talibans sur Islamabad ?

    Pour l'instant nous n'en sommes pas encore là. Les talibans sont à 100km de la capitale : c'est peu mais encore beaucoup. Nous ne devons pas oublier que juste à coté d'Islamabad se trouve une ville jumelle, Rawalpindi, qui est le centre du pouvoir militaire. Il est difficile d'imaginer que l'armée, qui a aussi des contingences de moyen, ne réagisse pas. Cependant, le gouvernement n'est à l'abri de rien.On n'aurait jamais imaginé il y a deux ans que la vallée de Swat, qu'on surnommait la «Suisse du Pakistan», allait tomber aux mains des talibans. On n'aurait jamais imaginé non plus que la mosquée rouge, à Islamabad, allait être prise, alors qu'elle se trouve à 500 m des palais gouvernementaux, au nez et à la barbe des uns et des autres. Aujourd'hui, les pakistanais commencent peu à peu à se faire à l'idée que des islamistes pourraient arriver aux portes de la capitale. C'est extrêmement préoccupant.

    Que fait l'actuel gouvernement, sous l'autorité du président Zardari, pour remedier à la situation ?

    Le président a été élu en septembre dernier, les élections législatives avaient lieu en février et il y a déjà un fort sentiment de déception nationale. Zardari n'est pas du tout crédible à la tête de l'État, c'est un individu qui aurait plus sa place dans les chroniques people et jet-set du sous-continent indien qu'à la tête d'un État qui est branlant de tous les côtés. Il est incapable d'assurer la fonction de président.Par ailleurs, la classe politique pakistanaise et notamment le PPP (Parti du Peuple Pakistanais) et le parti d'opposition PML-N (Ligue musulmane du Pakistan)ont passé l'essentiel de leur temps depuis février 2008 à se tirer dans les pattes. L'essentiel de l'attention et des moyens ont été concentrés dans ces querelles intestines au détriment d'autres dossiers beaucoup plus sérieux : la dégradation de l'économie, la talibanisation du pays, l'instauration d'un terrorisme récurrent sur le territoire. La faute repose donc en grande partie sur cette classe politique qui brille par son incompétence, son népotisme et ses disputes, que par la volonté de s'attaquer aux questions prioritaires pour le pays.

    Peut-on envisager un appui militaire américain ?

    La position du président Obama, qui a beau taper du poing sur la table et engager des moyens, est de plus en plus vécue dans la société pakistanaise comme une ingérence dans les affaires du pays. Aujourd'hui, véritablement, rien ne répond à la menace talibane, on a le sentiment d'une inéluctabilité de la dégradation de la situation et que le gouvernement est en train de perdre la partie.


    Source : lefigaro.fr
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