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La peau et ses mystères

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  • La peau et ses mystères

    Plus ça démange, plus on se gratte. Et plus on se gratte, plus ça démange. Cette sensation inassouvie de plaisir est des plus frustrantes. C'est souvent comme cela après une piqûre de moustique, mais, parfois, se gratter apporte un véritable soulagement. Nombreux et nombreuses sont ceux et celles à qui un bon grattage entre les omoplates ou le long de la colonne vertébrale va faire un bien fou. Pourquoi ? Cela reste en grande partie un mystère même si on commence à avoir quelques pistes d'explication.

    Il faut dire que de tous les organes des sens, la peau est sans nul doute le plus complexe. On connaît beaucoup mieux le fonctionnement de l'œil, de l'oreille ou du nez que celui de la peau.

    Car la peau ne produit pas seulement des sensations mais aussi presque des sentiments. Être à fleur de peau, avoir la peau dure, se mettre dans la peau de quelqu'un d'autre, être une peau de vache, la liste des expressions le traduisant est longue. Sans oublier le fameux « avoir quelqu'un dans la peau ». Sans compter que la peau peut être ou non colorée, qu'elle change d'aspect avec l'âge, qu'elle traduit, par la pâleur ou le rougissement, des sentiments internes. Platon pensait que tous les sens se réduisent au toucher puisque toute perception est une palpation, de la lumière sur l'œil, des molécules odoriférantes sur le nez, etc. C'est d'ailleurs le premier sens « éveillé » lors de la vie fœtale et indispensable à la naissance.

    La peau est l'organe le plus imposant du corps. D'une surface moyenne de 1,5 m², elle pèse entre trois et quatre kilos. Elle est composée de quelque 2 000 milliards de cellules de beaucoup de types différents et a une épaisseur de 1 à 4 mm. C'est une enveloppe qui protège des agressions extérieures, qui respire et qui renseigne le cerveau sur tout ce qu'il se passe à l'extérieur, comme la température, la pression, la lumière, etc.

    Dans sa mission de renseignement, la peau est équipée d'une formidable batterie de capteurs. À raison de 50 récepteurs par cm² en moyenne. Soit quelque 5 milliards de capteurs sur l'ensemble du corps. Inégalement répartis d'ailleurs puisque par exemple les mains et surtout l'extrémité des doigts, ou les zones érogènes, en possèdent beaucoup plus que d'autres parties du corps.

    Ces récepteurs sont à la fois présents dans la partie superficielle de la peau, l'épiderme et, dans sa partie plus profonde, le derme, où ils sont d'ailleurs un peu plus nombreux. Ils sont de deux catégories, nommés à terminaison libre ou à terminaison capsulée. Ils ont des apparences, et des fonctions, différentes.

    L'importance de la moelle épinière

    Les « capsulés » sont des mécanorécepteurs. Ils sont sensibles à la pression, à l'étirement et aux vibrations, en combinaison. L'un d'eux par exemple détectera les pressions fortes, les vibrations de haute fréquence et les étirements alors qu'un autre est « conçu » pour les pressions douces, les vibrations de fréquence basse et les étirements. Les récepteurs à terminaison libre sont eux spécialisés dans la température, la pression, les intrusions extérieures ou l'altération de la peau, les mouvements des poils et les… démangeaisons. Ces capteurs transmettent ce qu'ils « voient » au cerveau par une voie royale : elle va de la peau à la moelle épinière par un nerf dit « afférent », puis au thalamus qui est le dispatcheur des sensations vers les différentes zones du cortex cérébral. On a récemment démontré que, par exemple, des neurones différents étaient affectés d'une part à la sensation de douleur et d'autre part à la sensation de démangeaison.

    Et qu'il y avait, dès le niveau de la moelle épinière, comme un « petit cerveau » qui comparait les deux flux d'informations. Des expériences sur les singes ont montré que le fait de se gratter (modérément) faisait baisser l'intensité du signal de démangeaison. Se gratter fait donc (au moins temporairement) du bien. Ce qui ouvre des perspectives sur la mise au point de traitement contre les démangeaisons chroniques importantes, comme c'est le cas dans une cinquantaine de pathologies.

    Mais la route est encore longue pour comprendre réellement les mécanismes de ces phénomènes de démangeaison. Et elle *passe peut-être par la compréhension d'un autre mystère : pourquoi ne peut-on pas se chatouiller soi-même ? En attendant, vous ne vous gratterez plus *comme avant.

    Par Jean-Luc Nothias, Le figaro
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