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Tortures sous Bush : l’enquête s’impose à Obama

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  • Tortures sous Bush : l’enquête s’impose à Obama

    Pressé sur sa gauche, le Président accepte à contrecœur le principe de poursuites.

    Barack Obama aurait préféré que la publication, la semaine dernière, des notes de l’administration Bush sur les méthodes d’interrogation pour le moins musclées contre les détenus soupçonnés de terrorisme n’entraîne aucune poursuite judiciaire. Las. Pressé sur sa gauche, aussi bien par les associations de défense des droits de l’homme que par plusieurs parlementaires démocrates, le président américain a accepté, mardi, le principe d’une enquête contre les responsables ayant approuvé l’utilisation de ces pratiques inhumaines. En revanche, il a réitéré son opposition à poursuivre les bourreaux ayant suivi les ordres de leurs supérieurs.

    Cette inflexion pourrait ouvrir la porte à un grand déballage sur l’administration de son prédécesseur, George W. Bush, et aboutir à des inculpations contre certains de ses responsables. La guerre partisane qu’Obama voulait éviter paraît désormais plus que probable. Et déjà, Dick Cheney, l’ancien vice-président, accuse Obama de fragiliser les Etats-Unis.

    «En ce qui concerne ceux qui ont conduit ces opérations sous la protection des avis juridiques de la Maison Blanche, je ne pense pas qu’il est approprié de les poursuivre. Quant à ceux qui ont formulé ces avis juridiques, la décision appartiendra davantage au ministre de la Justice dans le cadre déterminé par différentes lois», a déclaré le Président en réponse à un journaliste, alors qu’il recevait le roi Abdallah II de Jordanie, dont la visite a été occultée par la fureur générée par cette polémique.

    Opinion publique. Si la décision de publier les mémos a été prise contre l’avis des responsables de la CIA, celle d’accepter l’idée de poursuites judiciaires au plus haut niveau de l’Etat a été forcée par l’opinion publique.

    Selon le Washington Post, citant une source proche de la Maison Blanche, Obama y était opposé. «Il s’inquiétait que cela ne relance toute l’affaire», aurait déclaré cette source. Ce week-end encore, le chef de cabinet de la Maison Blanche, Rahm Emanuel, excluait toute poursuite contre les auteurs des notes. Barack Obama a réitéré, mardi, son inquiétude de voir la polémique tourner au règlement de comptes : «D’une manière générale, nous devrions regarder vers l’avant, et non pas vers l’arrière.»

    La Commission des services armés du Sénat a aussi publié un rapport accablant (lire ci-contre) pour plusieurs responsables de l’administration Bush concernant les sévices infligés à des détenus dans la prison d’Abou Ghraib en Irak, à Guantánamo et en Afghanistan. Le rapport estime ainsi que l’ancien vice-président Dick Cheney, l’ex-secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et l’ex-ministre de la Justice Alberto Gonzales se sont soustraits à leurs responsabilités, alors que les auteurs de ces supplices ont été condamnés. «Le rapport est une condamnation de la politique d’interrogatoires de l’administration Bush mais aussi des hauts responsables de l’administration qui ont tenté de rejeter la faute des abus […] sur des soldats de rangs inférieurs», a dit le sénateur Carl Levin, en présentant le document.

    Cherchant encore à éviter une guerre ouverte avec l’ancienne administration, Obama préférerait qu’une commission indépendante s’empare du dossier, comme celle qui avait tenté de faire la lumière sur les attentats du 11 Septembre. Mais les démocrates au Congrès pourraient en décider autrement. Patrick Leahy, le président de la puissante Commission judiciaire du Sénat, plaide pour une commission vérité et réconciliation. Et les associations de gauche ne se contenteront pas non plus d’un simple rapport d’enquête. Via deux pétitions adressées mardi et hier à Obama, MoveOn et Democrats.com réclament la nomination d’un procureur indépendant aux pouvoirs illimités. «Personne n’est au-dessus du droit. Il est temps de nommer un procureur spécial pour enquêter et poursuivre les architectes du programme de torture de l’ère Bush», dit MoveOn.

    Déjouer. Défendant son bilan, Dick Cheney a lancé sa contre-offensive, faisant le siège des studios de télévision pour dénoncer la publication des mémos au nom de la sécurité de l’Etat. «Il y a des rapports qui montrent ce que nous avons obtenu avec ces méthodes, a-t-il dit sur Fox News. Mais, ils n’ont pas été déclassifiés.» Les défenseurs de Bush prétendent que les informations obtenues ont permis de déjouer d’autres attentats sur le sol américain. Des affirmations démenties par d’anciens agents du contre-terrorisme. Autant de contradictions promptes à renforcer les arguments de ceux qui réclament une enquête approfondie. George Bush, lui, conforme à l’attitude adoptée depuis son départ de la Maison Blanche, a gardé le silence.

    Liberation
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