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A Megheira, les jeunes ne chôment pas

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  • A Megheira, les jeunes ne chôment pas

    Village à vocation agricole dont les maisons sont éparpillées à travers les différents quartiers situés de part et d’autre du chemin de wilaya 250 reliant Mekla à Souama, laquelle route traverse toute la zone, Megheira demeure encore rattachée à la commune de Aït Khellili dont le siège, situé à Agoulmime, en amont du versant nord de cette montagne, à plus d’une dizaine de kilomètres, semble moins accessible que le siège de la commune mère, Mekla.

    Longtemps, les rues de ce village ont été sillonnées par les animaux de l’étable. Longtemps, les odeurs animalières ont hanté les lieux.

    Les bêlements, braillements, beuglements et aboiements sont chose naturelle et égaient une société habituée de longue date à respecter les cycles agricoles et vivant à leur rythme. Les deux cafétérias qui ont ouvert leurs portes, pratiquement en face l’une de l’autre par-delà le CW 250 continuent d’attendre les hypothétiques clients, accueillant plus de transitaires que de permanents. Pour un café “genre café maure”, les dominos ne résonnent pas et les jeux de cartes demeurent sur l’étagère.

    Un potentiel gâché...

    A Megheira, le chômage ne concerne que les oisifs tant les travaux ne manquent pas. La plupart des jeunes ont été initiés dès leur jeune âge aux travaux agricoles.

    Cependant, les deux écoles du village, l’une située en amont, sur le chemin de wilaya 150 rejoignant Aïn El Hammam et passant par le siège communal, l’autre plus bas, située dans le quartier le plus éloigné, ont donné un sens et une voie à toute cette jeunesse, leurs études poursuivies au CEM Si Abdellah située à Djemaâ Saharidj, puis au lycée et pour certains à l’université, leur ont permis d’améliorer leur situation et, aujourd’hui, les ingénieurs et les techniciens sont nombreux, aux côtés des artisans et des éternels paysans.

    Une entreprise de transport public née il y a peu de temps, a réussi à “se faire jour” reliant le village avec la capitale wilayale en tous temps et toutes heures de la journée. Quant aux fourgons, leur activité permet aux citoyens de se déplacer. Le ramassage scolaire ne fait pas défaut, la plupart des chauffeurs des bus étant du village.

    Si une antenne de la commune a ouvert ses portes, elle demeure toujours une simple agence avec peu de moyens. Quant à l’agence postale, seuls demeurent présents les murs et l’enseigne, son activité, pour une courte durée, ayant été gelée en dépit des multiples réclamations émanant de la population par le biais d’un comité de village toujours à l’écoute des attentes des villageois et villageoises.

    Le centre de santé, lui aussi, garde ses portes fermées, attendant la fin des travaux pour reprendre. Le gaz de ville frappe aux portes mais les conduites sont désespérément vides, certains quartiers encore en pleins travaux, d’autres non entamés. Et le goudronnage d’un chemin vicinal attendra la pose des tuyaux de gaz de ville.

    Le foyer de jeunes, de construction récente, réunit encore tout le monde, comité de village et associations culturelles, le premier chapeautant le second, s’essayant conjointement à multiplier les activités avec les moyens du bord.

    Les associations des villages voisins ont été invitées, comme si on faisait appel à leur capital expérience pour reprendre le flambeau de leurs aînés. Aït Kheir, Tandlest, El Kalaâ, Tizi Baman ont répondu présent.

    Autres temps, autres mœurs

    C’est ainsi que les deux niveaux du foyer de jeunes ont vu leur décor transformé, la poterie, des bijoux, des vêtements féminins, des habits traditionnels, des outils agricoles dont plus personne ne se sert et, sur les murs, exposées en deux rangées attirant le regard, des peintures, des dessins, dira-t-on tellement ils sont porteurs de messages dont seul l’auteur, KH. Hocine peut nous en donner l’explication. Les archives ont été extraites de leurs cartons avec les documents, les articles de presse et les livres d’auteurs. Ammi Med Saïd, président du comité, regrette que les “Thichemlith” aient disparu des habitudes. “Jadis, dit-il, en toute saison il y a un volontariat (obligatoire, en ce temps-là, qui réunissait tous les hommes du village autour d’une tâche d’intérêt commun. Aujourd’hui, on parle de “volontariat” et plus personne ne vient. Il y a comme une fuite devant les responsabilités sociales et villageoises !”.

    Il n’y a qu’à voir l’état des chemins qui traversent le village, les coins de rue, les bretelles entre les hameaux, les cimetières où l’herbe folle fait des ravages. Cheikh Hamou, imam du village depuis de longue date, connaît tout le monde et côtoie tout le monde, passant sans complexe des jeunes aux vieux, ayant toujours le mot simple pour sa petite intervention.

    Selon lui, il a constaté que “Avant, pour être Tamen ou Amine dans le village, il fallait être un sage exemplaire et briller par ses compétences. La sélection était rude et la fierté de représenter ses concitoyens auréolait l’élu. Maintenant, les candidatures se comptent sur les doigts d’une seule main. Heureusement que la jeunesse a pris le relais”.

    Pour l’heure, l’exposition sera suivie d’un gala animé par des jeunes de la région, des chanteurs connus. Gageons que la prochaine exposition verra des associations qui, venues de tous les horizons, honoreront de leur présence et de leur collaboration, une région qui tend à sortir d’une léthargie qui a trop duré. Souhaitons que ces jeunes, animés d’une volonté farouche remettent les pendules à l’heure. A l’heure de l’évolution, de l’informatique et du “village mondial”, ils doivent être soutenus et aidés par les instances concernées.

    Par la dépêche de Kabylie
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