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Amizour Huit ans après les événements du 22 Avril 2001

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  • Amizour Huit ans après les événements du 22 Avril 2001

    Temps morose à Amizour. Malgré la verdure qui signe l’installation du printemps, l’hiver continue à sévir et à accaparer la saison printanière comme pour accélérer sa décadence.

    Le centre-ville qui vient d’accueillir le festival du théâtre amateur grouille de monde. Une animation toute particulière est donnée à cette métropole à la fois rurale et citadine. Amizour est une ville qui reçoit des habitants de ses 60 villages, sans compter ceux des communes voisines. Le pont traversant l’oued est un passage obligé pour les passants occasionnels et pour les Amizourois. Il permet le passage de la rive gauche à la rive droite pour accéder à la gare routière ou à d’autres quartiers de la ville. Ce ponceau a ses propres histoires.

    Dans les années 70, un mémorable débordement du cours de l’oued Soummam. De la colère des eaux à celle des hommes, le même pont a vécu un autre événement il y a huit ans. C’était sur ce passage étroit qu’a eu lieu l’arrestation par des gendarmes de trois collégiens du CEM Emir-Abdelkader en route avec leur prof pour une séance d’éducation physique. Depuis, ce passage est baptisé le “Pont du Printemps noir”. Une plaque accrochée à un arbre dont les branches ont aujourd’hui grandi jusqu’à la masquer complètement.

    Genèse

    C’était le 22 Avril 2001. Une atteinte aux franchises scolaires qui aura vite débordé. Un soulèvement qu’on croyait éphémère au début prendra des années à s’estomper. Il a gagné en ampleur et en espace. Des émeutes d’une rare violence ont transformé toute la Kabylie en un champ de bataille entre jeunes prêts à en découdre avec des éléments anti émeutes armés jusqu’aux dents d’un arsenal digne d’une guerre. Les conséquences sont fâcheuses, des blessés comptés en milliers, des dégâts matériels, de la terreur mais surtout des morts. 126 victimes sont tombées sous les balles assassines dont beaucoup sont arrachés jeunes à leurs familles. Ils n’ont eu droit qu’au statut de martyrs accordé par ceux ayant encadré les révoltés pour canaliser leur colère et la transformer en un mouvement pacifique citoyen. Ce mouvement a pris naissance dans cette même ville qui était aussi le tremplin de la marche pédestre et historique vers la capitale un certain 14 juin 2001. Elle était aussi le théâtre du fameux conclave des aârchs pour débattre de la réponse à donner à l’invitation du chef du gouvernement de l’époque, Ahmed Ouyahia. Par la force des choses, Amizour est devenue la mecque des délégués du mouvement mais aussi des émeutiers qui viennent affronter les CNS. Huit ans sont passés depuis ce soulèvement à essence démocratique et sociale, les revendications du mouvement connues de tous ne sont toujours pas satisfaites, mais cela n’est pas l’affaire de cette ville.

    Une commune qui est restée sans assemblée depuis 2002 jusqu’à la fin 2005 pour renouer avec les élections malgré une faible participation. Croyant que c’était le début d’un retour total au calme, la nouvelle assemblée populaire qui venait d’examiner un dossier, néanmoins d’ordre économique, a jeté le pavé dans la marre au risque et péril d’une accalmie fragile qui a failli encore enflammer cette ville entre les “pour” et les “contre” d’un projet d’implantation d’une usine de profilage. L’on a verrouillé ce projet qualifié par les opposants de “cadeau empoisonné” pour faire rêver toute une région d’autres projets plus importants. Du gisement minier de zinc et de plomb au projet de CHU en passant par celui de la faculté de droit, il y a de quoi croire que les jours du chômage galopant dans cette ville de la vallée sont comptés. Mais rien de tout cela. Et la liste des chômeurs continue à s’élargir. Parmi eux, il y a Farid Bariche, un jeune de 25 ans qui n’a pas besoin d’être présenté, car il s’agit d’un des 3 collégiens arrêtés par des gendarmes le 22 avril 2000. A l’époque, il avait 17 ans. Aujourd’hui, tout juste 25 ans, Farid est plein de remords. Il trouve que le manque d’organisation a fait en sorte que le mouvement s’est essoufflé avant qu’il aboutisse à son objectif capital, celui d’honorer les mémoires des victimes par la satisfaction complète des revendications citoyennes. Il ajoute qu’il ne cesse d’avoir une pensée à son professeur de physique Ahmed Mammeri, qui s’est battu bec et ongles contre les gendarmes lors de cette descente punitive d’il y a huit ans. L’accompagnateur de ces élèves n’est plus de ce monde, il a tiré sa révérence suite à une longue maladie. Notre interlocuteur suit aujourd’hui une formation professionnelle dans l’espoir de décrocher un emploi qu’il voit d’ores et déjà une mission difficile dans une commune qui ne peut offrir que des postes sociaux malgré les fortes promesses.

    Bilan

    De son côté, Amirouche, animateur du mouvement voit que les revendications sont toujours insatisfaites et le bilan des 7 années passées démontre que le taux de chômage grandit et le marasme social persiste pour devenir une poudrière potentielle prête à l’explosion pour revenir à la case de départ. Une analyse qui n’est pas loin de la réalité puisque pour, une histoire d’inondation ayant touché un quartier situé au côté de la ville cela a failli provoquer le pire.

    Cela s’est passé en pleine campagne électorale pour voir les habitants sinistrés verser leur colère sur les autorités locales, en accueillant un ministre de passage dans la localité par des cris de “pouvoir assassin”. Même son de cloche pour Hamid, simple citoyen, pour souligner que les pouvoirs publics n’ont pas compris le message de la classe juvénile. Malgré les quelques percées d’acquis, le mépris est monnaie courante. Il faut redonner espoir à cette jeunesse, clame-t-il en l’écoutant et en l’accompagnant dans ses besoins.

    Par Nadir Touati, La Dépêche de Kabylie
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