Je suis tombee sur cet article sur un autre site et je vous le remets ici
Article de DAYA
Il illustre une des innombrables aberrations du détestable "code de l’infamie".
Mon amie Farroudja m’a demandé de vous parler d’elle et de la manière dont elle s’est fait rattraper par le code de la famille.
Je vais d’abord vous parler de Farroudja, juste ce qu’il faut pour que vous compreniez son histoire.
Alors voilà. Farroudja est mariée depuis 4 ans à Salomon, un Français aux vagues origines marocaines (suffisamment lointaines en tout cas pour qu’elles soient vagues) et Salomon est de culture française. Pourquoi ses parents l’ont appelé Salomon au lieu de Slimane ? Ca je ne saurais vous le dire.
Toujours est-il que Farroudja a épousé Salomon et qu’ils ont depuis un petit garçon au doux nom de Jean-Jacques Ariless (ce n’est pas une blague), Riri de son petit nom.
Je vais m’arrêter un instant sur le mariage de Farroudja.
Farroudja est venue compléter son cursus universitaire en France et doctorat en poche, elle pensait rentrer en Algérie servir son pays et se caser gentiment comme de bien entendu pour une fille de bonne famille...mais voilà Salomon a fait irruption dans sa vie. Et a tout bouleversé.
Un soir, Farroudja a donc appelé chez elle et demandé à parler à son père.
Voici leur échange tel qu’il m’a été rapportée par mon amie (je vais directement à la partie de l’échange qui nous intéresse) :
F : "Ava, voilà. Yela yiwan daggi qui m’a demandée en mariage et je voulais t’en parler" (D’après Farroudja, il y a des mots qu’il vaut mieux dire en français qu’en kabyle).
Son père : "Inas’d iyemam, wiggi lecghal tlawin sina anzer" (parles-en avec ta mère, c’est d’abord une affaire de femmes. On verra après.)
F : "Non. Je voulais d’abord en parler yidek (avec toi)".
Son père : "Dargaz lali ? Ansiten imawlanis ? Yidem ixeddem ?"
(Est-ce que c’est un homme de qualité ? D’où sont ses parents ? Il travaille avec toi ?). Elle n’a l’air de rien mais cette dernière question est une question piège.
F : "Oui. Ixeddem yidi. Dargaz lali. Imawlanis n’dda"
(Oui, c’est un homme de qualité. Il travaille avec moi et ses parents sont d’ici)
Son père : "Ansiten da ?"
(Oui mais ici, ils sont d’où ?)
F : "Darumi." (c’est un roumi).
Son père : "Acu ?" (comment ?)
F : "Darumi. Dacu isa des origines marocaines." (c’est un roumi mais il a des origines marocaines)
Son père : Des origines marocaines ? C’est encore pire !!!"
Bref, Farroudja a eu raison des réticences de son père et du désespoir de sa mère (elle qui la destinait à son neveu installé au Canada).
El mouhim, Farroudja a épousé Salomon et la semaine dernière, elle s’est rendue à l’un des consulats algériens en France pour renouveler son passeport et par la même occasion déclarer son changement d’état-civil (elle ne l’avait pas fait pour la simple raison que les administrations, elle n’aime pas ça et tant que son passeport était valide, elle n’avait nullement besoin de se farcir les agents consulaires. Quant aux élections, pour ce qu’elle en pense...)
Coup de fil de ma copine Farroudja. Va vite finir mon histoire. Ils sont en train de la théoriser, mouskoutchiser etc.
Où en étais-je ? Oui, mardi dernier Farroudja se rend donc au consulat pour refaire son passeport. On lui a transmis par téléphone la liste des papiers nécessaires mais prudente, elle prend avec elle tout ce qu’elle peut imaginer comme papiers et autres pièces d’identité.
Une fois au consulat, on lui demande de se rendre dans la salle d’attente.
"Mi walagh kan la futu n’Boutfliqa dija yarwi lmuxiw", m’a-t-elle dit.
Au bout d’une demi-heure, c’est à elle.
F :"Bonjour Monsieur"
Le Guicheti : "N3am Khti" (Commentaire de Farroudja : ikriyid lgas. Ur ligh dyemmas wala d xaltis)
F : "C’est pour un passeport et un changement d’état-civil. Je me suis mariée et j’ai un enfant"
Le guicheti : "Et votre mari est immatriculé chez nous ?"
F : "Non. Mon mari est Français."
Le guicheti : " D’origine algérienne ?"
F : "Français sans origines algériennes"
Le Guicheti : "Alors vous n’êtes pas mariée..."
Farroudja croyant qu’il avait mal compris, lui répète :
"Je vous dis que je suis mariée et voilà mon acte de mariage et ma nouvelle carte de séjour".
Le Guicheti : "Mis non ma soeur, vous n’avez pas compris. Vous connaissez le code de la famille, non ? Vous n’avez pas le droit d’épouser un français pure souche sauf s’il est musulman. Il est musulman, votre mari ?"
F : "Non. Mais il a un aïeul qui était marocain donc musulman, et par hérédité, on peut considérer que mon mari est musulman."
Le Guicheti : "Alors, il faudra nous ramener une pièce justificative pour l’aïeul ou un certificat d’obédience de votre mari"
F : "Un certificat de quoi ?"
Le Guicheti : "Un certificat d’obédience. Il faut qu’il voie un immam et après sa profession de foi, ils lui délivreront un certificat à nous ramener en deux exemplaires."
F : "Je ne vous ramène rien du tout."
Le Guicheti : "Alors, on ne pourra pas reconnaître votre mariage"
F : "Je m’en fous. Oubliez que je suis mariée et faîtes-moi un passeport à mon nom de jeune fille"
Le Guicheti : "Ce n’est pas possible puisque vous êtes mariée. Et puis, votre carte de séjour est à votre nom d’épouse. On est obligé d’en tenir compte"
F : "Je veux voir le consul"
Le Guicheti : "Impossible. Il ne reçoit que pour les affaires importantes et sur RDV."
F :"Alors le vice-consul, Chadli, Bouteflika, n’importe qui mais je veux voir un responsable"
Manque de pot pour elle, il n’y avait aucun responsable pour la recevoir.
Farroudja demande donc à être reçue par un responsable. Peu importe lequel mais quelqu’un qui soit chef de quelque chose. Après 1 heure à parler haut et fort (et je peux vous assurer que sa voix porte), elle est enfin reçue par un chef d’étage. Elle n’a pas su m’expliquer de quoi il était chef exactement mais les autres lui parlaient avec respect et il avait un bureau individuel. Et une photo non dédicacée de Bouteflika pour lui tout seul.
Farroudja lui expose donc le problème mais "Madame, le code de la famille c’est pas moi...Moi, je ne fais qu’appliquer la loi. Si vous décidez d’y contrevenir c’est votre droit mais il faut en assumer les conséquences".
Alors, Farroudja a compris que sa planche de salut était ce lointain ancêtre marocain. Elle a joué et gagné. Le droit d’avoir un passeport sans avoir à justifier de la religion de son mari, avec porté sur la première page son nom de jeune fille et celui de son mari. Son mariage n’est pas reconnu pour autant. Mais elle a son passeport algérien en attendant d’avoir la nationalité française qu’elle s’est juré de demander. Et puis, tenez-vous bien, elle a eu son passeport dans la journée...Un miracle.
Si vous croyez que c’est fini, c’est que vous ne connaissez pas Farroudja. Une vraie cha3chabouna dans son genre. Une fois son passeport en main, elle a innocemment ( ?) demandé quelles étaient les pièces à fournir pour la double nationalité de son enfant.
A 3h de l’après-midi, une journée de ramadhan, il ne faut pas non plus abuser de l’amabilité du personnel consulaire... On lui a répondu :
"Vous en faîtes un français, un marocain ou ce que vous voulez mais il ne sera jamais algérien."
Non mais. Il ne faut pas non plus dépasser les bornes...
Je vous ferai grâce de la réplique de mon amie.
Farroudja est revenue malheureuse de son passage au consulat.
"Mes enfants ne seront jamais algériens, tu te rends compte ? Mes neveux dont la mère est française ont droit à la nationalité algérienne et pas mon enfant !!"
Mais dans la vie, tout est question d’angle d’observation. J’ai donc expliqué à mon amie les multiples avantages de la situation. Le premier est le simple plaisir d’être à la fois mariée et célibataire sur le même document et l’autre, le plus grand, est le pouvoir qu’elle a désormais sur son mari : celui d’être polygame. Un mari au bled et un en France.
C’est pas le bonheur ça ? Merci Monsieur le code de la famille.
Daya
Article de DAYA
Il illustre une des innombrables aberrations du détestable "code de l’infamie".
Mon amie Farroudja m’a demandé de vous parler d’elle et de la manière dont elle s’est fait rattraper par le code de la famille.
Je vais d’abord vous parler de Farroudja, juste ce qu’il faut pour que vous compreniez son histoire.
Alors voilà. Farroudja est mariée depuis 4 ans à Salomon, un Français aux vagues origines marocaines (suffisamment lointaines en tout cas pour qu’elles soient vagues) et Salomon est de culture française. Pourquoi ses parents l’ont appelé Salomon au lieu de Slimane ? Ca je ne saurais vous le dire.
Toujours est-il que Farroudja a épousé Salomon et qu’ils ont depuis un petit garçon au doux nom de Jean-Jacques Ariless (ce n’est pas une blague), Riri de son petit nom.
Je vais m’arrêter un instant sur le mariage de Farroudja.
Farroudja est venue compléter son cursus universitaire en France et doctorat en poche, elle pensait rentrer en Algérie servir son pays et se caser gentiment comme de bien entendu pour une fille de bonne famille...mais voilà Salomon a fait irruption dans sa vie. Et a tout bouleversé.
Un soir, Farroudja a donc appelé chez elle et demandé à parler à son père.
Voici leur échange tel qu’il m’a été rapportée par mon amie (je vais directement à la partie de l’échange qui nous intéresse) :
F : "Ava, voilà. Yela yiwan daggi qui m’a demandée en mariage et je voulais t’en parler" (D’après Farroudja, il y a des mots qu’il vaut mieux dire en français qu’en kabyle).
Son père : "Inas’d iyemam, wiggi lecghal tlawin sina anzer" (parles-en avec ta mère, c’est d’abord une affaire de femmes. On verra après.)
F : "Non. Je voulais d’abord en parler yidek (avec toi)".
Son père : "Dargaz lali ? Ansiten imawlanis ? Yidem ixeddem ?"
(Est-ce que c’est un homme de qualité ? D’où sont ses parents ? Il travaille avec toi ?). Elle n’a l’air de rien mais cette dernière question est une question piège.
F : "Oui. Ixeddem yidi. Dargaz lali. Imawlanis n’dda"
(Oui, c’est un homme de qualité. Il travaille avec moi et ses parents sont d’ici)
Son père : "Ansiten da ?"
(Oui mais ici, ils sont d’où ?)
F : "Darumi." (c’est un roumi).
Son père : "Acu ?" (comment ?)
F : "Darumi. Dacu isa des origines marocaines." (c’est un roumi mais il a des origines marocaines)
Son père : Des origines marocaines ? C’est encore pire !!!"
Bref, Farroudja a eu raison des réticences de son père et du désespoir de sa mère (elle qui la destinait à son neveu installé au Canada).
El mouhim, Farroudja a épousé Salomon et la semaine dernière, elle s’est rendue à l’un des consulats algériens en France pour renouveler son passeport et par la même occasion déclarer son changement d’état-civil (elle ne l’avait pas fait pour la simple raison que les administrations, elle n’aime pas ça et tant que son passeport était valide, elle n’avait nullement besoin de se farcir les agents consulaires. Quant aux élections, pour ce qu’elle en pense...)
Coup de fil de ma copine Farroudja. Va vite finir mon histoire. Ils sont en train de la théoriser, mouskoutchiser etc.
Où en étais-je ? Oui, mardi dernier Farroudja se rend donc au consulat pour refaire son passeport. On lui a transmis par téléphone la liste des papiers nécessaires mais prudente, elle prend avec elle tout ce qu’elle peut imaginer comme papiers et autres pièces d’identité.
Une fois au consulat, on lui demande de se rendre dans la salle d’attente.
"Mi walagh kan la futu n’Boutfliqa dija yarwi lmuxiw", m’a-t-elle dit.
Au bout d’une demi-heure, c’est à elle.
F :"Bonjour Monsieur"
Le Guicheti : "N3am Khti" (Commentaire de Farroudja : ikriyid lgas. Ur ligh dyemmas wala d xaltis)
F : "C’est pour un passeport et un changement d’état-civil. Je me suis mariée et j’ai un enfant"
Le guicheti : "Et votre mari est immatriculé chez nous ?"
F : "Non. Mon mari est Français."
Le guicheti : " D’origine algérienne ?"
F : "Français sans origines algériennes"
Le Guicheti : "Alors vous n’êtes pas mariée..."
Farroudja croyant qu’il avait mal compris, lui répète :
"Je vous dis que je suis mariée et voilà mon acte de mariage et ma nouvelle carte de séjour".
Le Guicheti : "Mis non ma soeur, vous n’avez pas compris. Vous connaissez le code de la famille, non ? Vous n’avez pas le droit d’épouser un français pure souche sauf s’il est musulman. Il est musulman, votre mari ?"
F : "Non. Mais il a un aïeul qui était marocain donc musulman, et par hérédité, on peut considérer que mon mari est musulman."
Le Guicheti : "Alors, il faudra nous ramener une pièce justificative pour l’aïeul ou un certificat d’obédience de votre mari"
F : "Un certificat de quoi ?"
Le Guicheti : "Un certificat d’obédience. Il faut qu’il voie un immam et après sa profession de foi, ils lui délivreront un certificat à nous ramener en deux exemplaires."
F : "Je ne vous ramène rien du tout."
Le Guicheti : "Alors, on ne pourra pas reconnaître votre mariage"
F : "Je m’en fous. Oubliez que je suis mariée et faîtes-moi un passeport à mon nom de jeune fille"
Le Guicheti : "Ce n’est pas possible puisque vous êtes mariée. Et puis, votre carte de séjour est à votre nom d’épouse. On est obligé d’en tenir compte"
F : "Je veux voir le consul"
Le Guicheti : "Impossible. Il ne reçoit que pour les affaires importantes et sur RDV."
F :"Alors le vice-consul, Chadli, Bouteflika, n’importe qui mais je veux voir un responsable"
Manque de pot pour elle, il n’y avait aucun responsable pour la recevoir.
Farroudja demande donc à être reçue par un responsable. Peu importe lequel mais quelqu’un qui soit chef de quelque chose. Après 1 heure à parler haut et fort (et je peux vous assurer que sa voix porte), elle est enfin reçue par un chef d’étage. Elle n’a pas su m’expliquer de quoi il était chef exactement mais les autres lui parlaient avec respect et il avait un bureau individuel. Et une photo non dédicacée de Bouteflika pour lui tout seul.
Farroudja lui expose donc le problème mais "Madame, le code de la famille c’est pas moi...Moi, je ne fais qu’appliquer la loi. Si vous décidez d’y contrevenir c’est votre droit mais il faut en assumer les conséquences".
Alors, Farroudja a compris que sa planche de salut était ce lointain ancêtre marocain. Elle a joué et gagné. Le droit d’avoir un passeport sans avoir à justifier de la religion de son mari, avec porté sur la première page son nom de jeune fille et celui de son mari. Son mariage n’est pas reconnu pour autant. Mais elle a son passeport algérien en attendant d’avoir la nationalité française qu’elle s’est juré de demander. Et puis, tenez-vous bien, elle a eu son passeport dans la journée...Un miracle.
Si vous croyez que c’est fini, c’est que vous ne connaissez pas Farroudja. Une vraie cha3chabouna dans son genre. Une fois son passeport en main, elle a innocemment ( ?) demandé quelles étaient les pièces à fournir pour la double nationalité de son enfant.
A 3h de l’après-midi, une journée de ramadhan, il ne faut pas non plus abuser de l’amabilité du personnel consulaire... On lui a répondu :
"Vous en faîtes un français, un marocain ou ce que vous voulez mais il ne sera jamais algérien."
Non mais. Il ne faut pas non plus dépasser les bornes...
Je vous ferai grâce de la réplique de mon amie.
Farroudja est revenue malheureuse de son passage au consulat.
"Mes enfants ne seront jamais algériens, tu te rends compte ? Mes neveux dont la mère est française ont droit à la nationalité algérienne et pas mon enfant !!"
Mais dans la vie, tout est question d’angle d’observation. J’ai donc expliqué à mon amie les multiples avantages de la situation. Le premier est le simple plaisir d’être à la fois mariée et célibataire sur le même document et l’autre, le plus grand, est le pouvoir qu’elle a désormais sur son mari : celui d’être polygame. Un mari au bled et un en France.
C’est pas le bonheur ça ? Merci Monsieur le code de la famille.
Daya
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