- [IMG]http://www.liberte-***********/images/separateur2x2.gif[/IMG][IMG]http://www.liberte-***********/apps/edition/images_editions/5057/113310.jpg[/IMG]
Culture (Dimanche 26 Avril 2009)
L’écrivain yasmina khadra à liberté
“Je rêve d’écrire sur la paysannerie algérienne et sur la charlatanerie”
Par : Sara Kharfi
Lu : (2711 fois)
“Je rêve d’écrire sur la paysannerie algérienne et sur la charlatanerie”
Par : Sara Kharfi
Lu : (2711 fois)
Présent à Oran pour son dernier roman, Ce que le jour doit à la nuit, et assister à la représentation générale de l’adaptation du 2e volet de sa trilogie, l’Attentat, ainsi qu’au premier tour de manivelle du film d’Alexandre Arcady qui a acheté les droits cinématographiques de son dernier roman, Yasmina Khadra évoque, dans cet entretien, son roman, son activité d’écrivain et de directeur du Centre culturel algérien de Paris ainsi que la littérature algérienne et la polémique qui tourne autour de son écriture.
Liberté : L’année 2008 a été, sans conteste, l’année de Yasmina Khadra : un nouveau roman, Ce que le jour doit à la nuit, élu meilleur livre de l’année par le magazine Lire, le prix France-Télévision, une adaptation théâtrale du roman l’Attentat et Alexandre Arcady qui s’apprête à adapter votre dernier roman au cinéma. Un mot sur cet engouement ?
(a suivre)
Liberté : L’année 2008 a été, sans conteste, l’année de Yasmina Khadra : un nouveau roman, Ce que le jour doit à la nuit, élu meilleur livre de l’année par le magazine Lire, le prix France-Télévision, une adaptation théâtrale du roman l’Attentat et Alexandre Arcady qui s’apprête à adapter votre dernier roman au cinéma. Un mot sur cet engouement ?
Yasmina Khadra : C’est toujours encourageant, ça prouve qu’il y a un accueil, un intérêt, il y a un suivi, donc ça me remet un peu dans cette sérénité qui consiste à observer les choses avec un maximum de distance. Je n’ai pas la grosse tête et je ne l’aurais jamais, mais ça prouve que j’ai un lectorat qui devient de plus en plus important et qui a confiance en ce que je fais. Et c’est très bien.
Vous parlez de sérénité ; celle-ci est largement évidente dans votre dernier roman. On dénote une sensibilité nouvelle…
Je crois que la sensibilité est la même ; c’est vrai que ce que je proposais avant c’étaient des thèmes assez bouleversants, dérangeants, terribles, mais j’ai réussi quand même à les présenter avec un maximum de vigilance littéraire puisqu’il y a une voix qui accompagne cette horreur. Les gens découvrent donc la monstruosité humaine et parallèlement à cela, ils ont accès à la générosité humaine dans les textes : dans la façon de raconter les choses, la structure textuelle, etc. Donc, je crois que la sensibilité est toujours là même, puisque, moi, je n’ai pas changé.
Mais vous évoluez ?
J’évolue, oui, c’est vrai. Mais je suis quelqu’un de perfectionniste, je ne suis jamais satisfait, même si je suis très content, je ne suis jamais satisfait de ce que je fais. Je me dis qu’il faut aller encore plus loin. Je sais que j’ai des limites, mais je dois aller jusqu’au bout de ces limites.
Ce que le jour doit à la nuit est très différent de vos précédents romans. Avant, vous proposiez une littérature assez chargée, mais dans ce dernier, ce qui transparaît le plus, c’est cette envie de raconter une histoire…
Oui. De donner du plaisir. Une charge émotionnelle assez saine à partir de sentiments nobles. Et c’était aussi pour moi une façon de me tester, à force d’être embarqué dans des thèmes assez catastrophiques, je me demandais si j’étais capable de raconter une histoire simple, une histoire d’amour, construite autour de personnes qui s’aiment et d’un avenir —même s’il est chahuté par l’histoire — qui se voudrait indépendant des chamboulement, des convictions de l’époque. C’était ma manière à moi d’écrire un Autant en emporte le vent algérien, le Docteur Jivago : ce sont des livres qui m’ont tellement fasciné quand j’étais enfant… qui m’ont tellement apporté. La douleur n’est pas nécessairement quelque chose de nuisible, la douleur quand elle nous éveille aux autres nous humanise. Et puis, c’est une histoire assez triste, mais qui nous ouvre, qui pousse devant nous des portes dérobées sur nos tergiversations, nos étroitesses d’esprit ; et je suppose que les choses qui étaient en train d’hésiter entre l’amour de leur vie et certains engagements ont tranché ; ils ont choisi l’amour de leur vie. C’est une façon de dire aux gens, choisissez toujours l’amour, quelle que soit la promesse, quel que soit l’engagement solennel que vous donnez, choisissez toujours l’amour, parce qu’il n’y a rien au-dessus de l’amour
Vous parlez de sérénité ; celle-ci est largement évidente dans votre dernier roman. On dénote une sensibilité nouvelle…
Je crois que la sensibilité est la même ; c’est vrai que ce que je proposais avant c’étaient des thèmes assez bouleversants, dérangeants, terribles, mais j’ai réussi quand même à les présenter avec un maximum de vigilance littéraire puisqu’il y a une voix qui accompagne cette horreur. Les gens découvrent donc la monstruosité humaine et parallèlement à cela, ils ont accès à la générosité humaine dans les textes : dans la façon de raconter les choses, la structure textuelle, etc. Donc, je crois que la sensibilité est toujours là même, puisque, moi, je n’ai pas changé.
Mais vous évoluez ?
J’évolue, oui, c’est vrai. Mais je suis quelqu’un de perfectionniste, je ne suis jamais satisfait, même si je suis très content, je ne suis jamais satisfait de ce que je fais. Je me dis qu’il faut aller encore plus loin. Je sais que j’ai des limites, mais je dois aller jusqu’au bout de ces limites.
Ce que le jour doit à la nuit est très différent de vos précédents romans. Avant, vous proposiez une littérature assez chargée, mais dans ce dernier, ce qui transparaît le plus, c’est cette envie de raconter une histoire…
Oui. De donner du plaisir. Une charge émotionnelle assez saine à partir de sentiments nobles. Et c’était aussi pour moi une façon de me tester, à force d’être embarqué dans des thèmes assez catastrophiques, je me demandais si j’étais capable de raconter une histoire simple, une histoire d’amour, construite autour de personnes qui s’aiment et d’un avenir —même s’il est chahuté par l’histoire — qui se voudrait indépendant des chamboulement, des convictions de l’époque. C’était ma manière à moi d’écrire un Autant en emporte le vent algérien, le Docteur Jivago : ce sont des livres qui m’ont tellement fasciné quand j’étais enfant… qui m’ont tellement apporté. La douleur n’est pas nécessairement quelque chose de nuisible, la douleur quand elle nous éveille aux autres nous humanise. Et puis, c’est une histoire assez triste, mais qui nous ouvre, qui pousse devant nous des portes dérobées sur nos tergiversations, nos étroitesses d’esprit ; et je suppose que les choses qui étaient en train d’hésiter entre l’amour de leur vie et certains engagements ont tranché ; ils ont choisi l’amour de leur vie. C’est une façon de dire aux gens, choisissez toujours l’amour, quelle que soit la promesse, quel que soit l’engagement solennel que vous donnez, choisissez toujours l’amour, parce qu’il n’y a rien au-dessus de l’amour
(a suivre)
Commentaire