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Mohammed 6: le grand malentendu

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  • Mohammed 6: le grand malentendu

    Un livre au vitriol sur les dix ans de règne de Mohammed VI, signé par le cofondateur du plus grand hebdo marocain. Savoureux menu… Encore un peu relevé par le refus du Journal Hebdomadaire d’en publier les bonnes feuilles.

    Les plumitifs du royaume enchanté qui se vouent aveuglément à la défense de Mohammed VI et du makhzen marocain ne pourront pas crier à l’ingérence étrangère. Cette fois, c’est un journaliste marocain qui s’attaque à la citadelle royale.


    Co-fondateur avec Aboubakr Jamaï du grand hebdo indépendant Le Journal Hebdomadaire, Ali Amar, 42 ans, publie ce mercredi chez Calmann-Lévy, Mohammed VI, le grand malentendu.


    Peu amène, cet ouvrage tire le médiocre bilan des dix premières années de règne du fils de Hassan II et passe en revue différentes affaires qui ont égayé les débuts du jeune souverain : les petits week-ends en amoureux de Nicolas et Carla Sarkozy chez un Mohammed VI qui a mis à leur disposition son « petit palais de Jnane Lakbir, niché dans la Palmeraie » de Marrakech, le renvoi de l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri, l’assassinat du maître-chanteur Hicham Mandari, la pittoresque affaire de Talsint où le roi a cru que l’on avait trouvé du pétrole au royaume enchanté… Mais aussi des descriptions précises des dérives de l’entourage du monarque, sans oublier Lalla Selma, la rousse épouse de Mohammed VI. Bonnes feuilles.



    Très riche roi des pauvres

    D’emblée, Ali Amar dresse un portrait carabiné du roi Mohammed VI et de son penchant pour la fête avec les people.
    « Samedi 2 novembre 2002 à Marrakech. C’est le pic de saison pour La Mecque du tourisme marocain après les longs mois d’accalmie qui ont suivi le 11-septembre, mais les hôteliers et les restaurateurs font grise mine. Sur ordre des autorités, comme à l’accoutumée, tous les débits de boisson baissent leur rideau aux musulmans : dans quelques jours c’est ramadan. Un tunnel d’un mois qui grève leur chiffre d’affaires, surtout lorsque le calendrier de l’Hégire le fixe en automne.


    Vers 21 h 30, pourtant, à un jet de pierre du célèbre palace La Mamounia, dans la rue qui abrite Le Comptoir, un lounge-bar à la mode, l’ambiance n’est pas à la piété. De rutilantes limousines escortées de motards, tous gyrophares tournoyants, déversent dans un ballet incessant près de 300 convives aux portes de ce haut lieu de la vie nocturne marrakchie.
    Ce soir, la jet-set internationale est invitée par P. Diddy, la star du rap américain, qui a choisi le Maroc pour souffler ses 33 bougies. Sont arrivés à bord de deux avions spécialement affrétés de New York et de Paris par la Royal Air Maroc : Naomi Campbell, Ivana Trump, Tommy Lee Jones, Joey Starr ou encore Gérard Depardieu. De nombreux artistes de la scène musicale new-yorkaise dont les chanteurs Usher ou Billy Crawford ont également fait le déplacement pour trois jours et trois nuits de libations à l’orientale. Coût de l’anniversaire : un million de dollars, selon la très people « Page Six » du New York Post et le tabloïd anglais The Sun, qui affirmeront que la somme pour régler la note salée provenait de la cassette personnelle de Mohammed VI.


    L’information est relayée par toutes les gazettes mondaines de la planète et devient vite incommodante pour le jeune roi que l’on voit à la veille du mois sacré distribuer lui-même, à grand renfort de propagande, la soupe populaire aux nécessiteux du royaume. L’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze, ordonnateur de ces soirées dignes des Mille et une nuits, est appelé à la rescousse.


    Il dira benoîtement qu’il a organisé lui-même ces festivités à travers Kissman Events, la société d’événementiel qu’il a créée au Maroc à cette occasion. Plus cocasse encore, son agent Jean-Pierre Domboy affirmera qu’en réalité l’opération n’a été possible que « grâce à une conjonction de partenaires comme l’office marocain du tourisme, la compagnie Royal Air Maroc, de grands palaces de Marrakech, ainsi que la chaîne de supermarchés Marjane ». Une bien fortuite conjonction de grandes entreprises publiques et de l’enseigne de grande distribution qui appartient à un holding royal.
    Toujours est-il qu’officiellement, le roi Mohammed VI n’a en aucun cas offert quoi que ce soit sinon, toujours selon l’agent de Jamel Debbouze, « l’utilisation d’une quinzaine de voitures avec chauffeurs, attachés au Palais ». L’intention de Jamel, « qui s’implique de plus en plus dans la promotion de l’image de son pays d’origine, était de faire découvrir à P. Diddy et à ses amis américains la beauté du Maroc, le sens de l’hospitalité et de la fête de ses habitants et surtout de leur montrer qu’un pays musulman pouvait être tout à fait fréquentable ».


    En réalité, le rétropédalage de Debbouze cache mal la gêne du Palais qui s’efforce depuis l’accession de Mohammed VI au trône en 1999, de façonner au souverain une image de « roi des pauvres » en rupture avec la magnificence médiévale de Hassan II. Des photos de paparazzi parues dans la presse, qui le montraient, alors prince héritier en jean et baskets, un paquet de Marlboro à la main, faisant ses emplettes dans les beaux quartiers de Paris, avaient déjà valu à sa garde rapprochée de sévères remontrances. Les débuts de son règne semblaient pourtant confirmer cette volonté du jeune roi de vivre au diapason de son peuple : plus modestement. »



    « le train de vie de sultan des temps modernes mené par Mohammed VI ne peut plus être tenu secret. Chaque année, le budget de l’État alloué à la monarchie s’élève à près de 300 millions d’euros. On y décompte les « listes civiles » qui comprennent notamment le salaire du chef de l’État (environ 36 000 euros par mois) ainsi que les indemnités que perçoit sa famille proche dont le détail reste confidentiel, atteignant 2,5 millions d’euros par an.
    Cependant, l’essentiel des dépenses du monarque provient d’à-côtés budgétaires pharaoniques destinés à entretenir sa cour et ses proches collaborateurs (un millier de salariés qui n’engloutit pas moins de 160 millions d’euros chaque année). Des rallonges qui sont prestement votées par consentement tacite des élus de la Nation au pouvoir bien limité.
    Le budget de fonctionnement de la maison royale – réparti en frais de personnel, frais de bouche, frais de déplacement, de téléphone, d’entretien des palais et de subventions diverses – représente plus de 2 % des dépenses totales de l’État. Il a augmenté de plus de 40 % depuis 2000. Il dépasse l’enveloppe allouée à la Justice, par exemple, et représente plus de vingt-cinq fois celle du Premier ministre et de son cabinet, réduit à la portion congrue et de facto à la figuration.


    Les dépenses somptuaires du Palais, décuplées par le grand apparat de son protocole, atteignent des sommets pour chacune des coquetteries voulues par le roi. Mohammed VI dilapide par exemple 40 millions d’euros par an en frais de voyages, 1 million pour la nourriture des animaux du Palais, 6 millions pour le renouvellement de son parc automobile, près de 2 millions en dépenses vestimentaires chez les grands couturiers comme Gianfranco Ferre ou des stylistes en vogue comme Holland and Sherry, qui a annoncé en 2008 sur le site stv.tv que le roi faisait partie des 18 personnalités à lui avoir commandé l’habit le plus cher au monde : un costume en laine de lama des Andes pour la coquette somme de 35 000 livres sterling. La marque qui habille les grandes stars comme George Clooney et Tom Cruise précisait que le vêtement de Mohammed VI nécessitait un travail de dix-huit mois pour sa confection.


    Des chiffres qui donnent évidemment le vertige dans un pays où le salaire minimum ne dépasse pas les 200 euros. »

    == MODERATION==
    Deja initié par Orion
    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

  • #2
    Les deux têtes de Janus

    Au menu de ce chapitre, la description des relations entre deux personnalités proches de Mohammed VI : les sieurs Fouad Ali el Himma et Mounir Majidi. Les deux hommes se livrent un combat de titans pour le pouvoir et l’oreille du souverain.
    « Depuis que Mohammed VI est roi, les parcours fulgurants des deux hommes résument à eux seuls la « nouvelle ère ». Deux personnalités, devenues en dix ans les plus influentes du Maroc, qui n’ont presque aucun point en commun, sinon celui de vouloir être au plus près de Sa Majesté. Ils personnalisent deux archétypes de cette « Génération M6 », mais surtout deux versants d’un même pouvoir, dont le roi a lui-même tracé les contours : El Himma à la politique et à la sécurité en tant que ministre délégué de l’Intérieur, Majidi au business et à la gestion de la fortune royale en tant que chef du secrétariat particulier du roi.
    Depuis qu’ils se sont hissés au pinacle du pouvoir, ces deux confidents de Mohammed VI font mine de respecter ce jeu de rôle, mais, à chaque faiblesse de l’un ou de l’autre, leur guerre d’usure laisse jaillir des étincelles. En coulisses, leur combat n’a pas repris : il ne s’est jamais interrompu. « Arrêter de surveiller l’autre serait déjà une erreur, cesser de s’en méfier, une faute », commente un habitué du sérail.
    Les quelques patrons invités à la cène d’Elalamy qui abordent ce sujet en discrets conciliabules ont des raisons de s’inquiéter : ils font partie du clan Majidi, formaté autour des holdings royaux et du patronat. Et Majidi est de nouveau au centre de plusieurs polémiques qui pourraient favoriser ceux d’en face, affidés à l’aile sécuritaire du Palais.
    Déjà en 2004, lorsque se préparait la relève au sein du patronat, El Himma avait saisi l’occasion d’avancer ses pions dans le pré carré des hommes d’affaires, soutenu en cela par le tour de vis sécuritaire donné au pays au lendemain des attentats sanglants du 16 mai 2003 à Casablanca, la capitale économique du royaume.
    El Himma avait profité de l’événement pour accuser publiquement les grands patrons de la ville de ne pas suffisamment investir afin de stimuler l’économie marocaine, de réduire le chômage et ce faisant d’éradiquer la misère des banlieues, terreau fertile de l’islamisme radical. Il empiète alors sur le domaine réservé de Majidi, qui lui aussi veut contrôler à sa manière le patronat en y plaçant ses fidèles alliés. Parce qu’il s’agit de menace terroriste, parce que la sécurité nationale est en jeu, l’incursion d’El Himma sera tolérée par Mohammed VI.
    Un geste qui sera très médiatisé et qui rappelle une vérité toute simple : dans la hiérarchie du pouvoir marocain, il n’y a pas de place pour deux vice-rois en période de crise. « Comment, dans ces conditions, parler d’attelage efficace destiné à secouer l’immobilisme du gouvernement ? », s’interroge la presse, qui critique cette polarisation du pouvoir autour du roi et qui ne crée que tensions et scandales à répétition.
    Cette fois, le fer est croisé au cœur du business de Mohammed VI. Une violente controverse vient d’éclater autour du débarquement précipité de Khalid Oudghiri, un ancien cadre de la BNP promu au poste de P-DG d’Attijariwafa Bank, la banque contrôlée par les holdings du roi. Yassine Mansouri, le patron de la DGED (Direction générale des études et de la documentation), le service de contre-espionnage marocain, est destinataire en décembre 2006 d’une missive confidentielle de ses homologues français. La France, première partenaire économique du royaume, s’inquiète de voir malmenés ses intérêts au Maroc.
    Mohammed VI est immédiatement informé. On ne saurait obscurcir le ciel dégagé des relations privilégiées avec Paris, alors que le soutien de l’Élysée et du Quai d’Orsay est si crucial sur le dossier du Sahara occidental. El Himma y voit une opportunité de porter l’estocade à son rival.
    Une réunion extraordinaire est organisée au ministère de l’Intérieur en janvier 2007, à laquelle sont convoqués Majidi et ses lieutenants : Hassan Bouhemou, le patron de Siger (anagramme de Regis, « roi » en latin), holding du souverain qui contrôle l’Omnium Nord-Africain (ONA) et Attijariwafa Bank, Saâd Bendidi, à l’époque P-DG de l’ONA, et Khalid Oudghiri, le P-DG d’Attijariwafa Bank.
    En face d’eux, El Himma aligne Chakib Benmoussa, le ministre de l’Intérieur, par ailleurs un ancien de l’ONA, et Yassine Mansouri, le chef des services secrets. La réunion est houleuse, mais au sein du clan Majidi, Oudghiri laisse entrevoir des positions opposées sur la stratégie de la banque vis-à-vis de l’ONA et de ses partenaires français, notamment AXA et Auchan avec qui la guerre est ouverte.
    Oudghiri sera invité à s’exprimer plus librement à huis clos lors d’une deuxième rencontre avec les « sécuritaires ». À cette occasion, il s’opposera à l’idée de mettre la banque qu’il dirige au seul service des intérêts du roi. L’hostilité à l’égard des intérêts économiques de la France est pour lui une hérésie.
    El Himma boit du petit-lait et s’empresse de s’en ouvrir à Mohammed VI qui attend des explications. Mais l’omerta qui règne au Palais veut que rien ne filtre, l’affaire devra rester secrète. Elle sera tranchée par le limogeage d’Oudghiri sans autre forme d’explication, Majidi préférant sacrifier un pion sur l’échiquier pour que les querelles sur les affaires royales ne soient pas rendues publiques, surtout lorsqu’elles se télescopent avec des enjeux diplomatiques.
    Pire, alors que Oudghiri quitte le Maroc des mois plus tard pour prendre la direction d’une banque saoudienne, il sera accusé de malversations et de mauvaise gestion d’Attijariwafa Bank, au point qu’il fera appel pour sa défense à Me Vergès, le ténor du barreau parisien, pour se prémunir de la vengeance du clan Majidi qui ne lui a pas pardonné sa traîtrise. »

    Génération M6

    Tout au long de son livre, Ali Amar égrène plusieurs révélations sur l’histoire du Journal Hebdomadaire comme cet épisode concernant l’ancien Premier ministre Driss Jettou.

    « Dans sa villa du Val d’Anfa à Casablanca, Driss Jettou me reçoit avec le sourire, ce 25 juillet 2008. Je n’avais pas vu l’ancien Premier ministre depuis des années. Le sujet pour lequel je souhaitais le rencontrer devient presque secondaire lorsqu’il se met à égrener des souvenirs communs. « Tu ne sais pas à quel point je vous ai défendu lorsque j’étais aux affaires. Tout le monde voulait votre peau, des gens au Palais bien sûr, mais plus encore chez les socialistes. Parfois, le Conseil du gouvernement faisait de votre cas une obsession. Ça n’a pas été de tout repos, crois-moi. » Je veux bien le croire en effet.


    2 décembre 2000, Abderrahmane Youssoufi, Premier ministre socialiste à l’époque, entérine la mort du Journal. Je suis attablé avec Aboubakr Jamaï, Fadel Iraki et l’un des enfants de Mehdi Ben Barka à la terrasse d’un café du XVIe arrondissement à Paris lorsque nous apprenons la nouvelle. Nous décidons de rester en France encore quelques jours pour organiser notre contre-attaque, car cette fois-ci la bataille sera encore plus rude et nous savons que notre meilleure défense est notre exposition à l’opinion internationale.


    L’interdiction de l’hebdomadaire coïncide avec la tenue au Maroc du premier congrès de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dans un pays non démocratique. Dans son communiqué de protestation, la FIDH fait remarquer à Youssoufi les contradictions de sa décision. Il prétend la prendre dans « sa conviction de renforcer les espaces de liberté », alors même qu’il a utilisé le fameux article 77 du code de la presse qui a servi pendant des décennies à censurer son propre parti lorsque celui-ci était dans l’opposition. Le satisfecit que voulait donner cette puissante organisation au royaume en organisant son congrès à Casablanca pour la transition vers un État de droit dans laquelle il semblait s’être engagé va tourner à la catastrophe médiatique.


    Driss El Yazami, l’ancien opposant du régime et cheville ouvrière de la FIDH, se sent floué par cette décision liberticide. À notre retour de Paris, il invite Aboubakr Jamaï à la tribune du Congrès. Face aux caméras du monde entier, après un discours percutant, le jeune patron du Journal annonce sa décision d’entamer sur-le-champ une grève de la faim illimitée afin d’obtenir l’autorisation de ressusciter sa publication.
    Les débats prévus sur les avancées en matière de droits de l’homme sous Mohammed VI paraissent dès lors désuets. Youssoufi, qui avait quitté la salle avant l’intervention de Jamaï, est décrédibilisé. Ce scénario inattendu au Palais va le contraindre à reconsidérer sa position, surtout qu’une campagne de presse à l’internationale se fait de plus en plus l’écho de la fin du « printemps marocain ».
    Fouad Ali El Himma, en retrait depuis le début de la crise, reprend langue avec Fadel Iraki, l’actionnaire principal du Journal. Le rendez-vous aura lieu à Marrakech, alors que Jamaï, cloîtré depuis presque une semaine dans son bureau où il a installé un lit de camp, reçoit sans interruption les médias et enchaîne les conférences de presse jusqu’à épuisement.
    La mobilisation est à son comble, alors que l’État et sa justice se confondent dans des explications juridiques surréalistes pour justifier leur refus d’autoriser Jamaï à lancer un nouveau titre. Le parquet de Casablanca, censé donner ce sésame sur simple présentation d’un dossier, conformément au code de la presse, joue la montre en arguant que des pièces administratives n’ont pas été produites, sans pour autant préciser lesquelles.



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    • #3
      Alors en route pour Marrakech, Fadel Iraki reçoit un coup de téléphone de son ami Abderrahim Lahjouji, le patron de la CGEM, l’équivalent marocain du MEDEF, avec qui il s’était entretenu durant la journée. Il lui demande de faire demi-tour d’urgence et de le retrouver à son bureau privé de la rue d’Alger.


      Là, la surprise est de taille : Driss Jettou, alors conseiller du roi, l’y attend. Iraki m’appelle pour assister à la rencontre. L’échange est cordial, mais quelque peu tendu. Lahjouji y met beaucoup du sien, explique au conseiller les retombées néfastes de l’affaire et étale sous ses yeux les articles du Monde, du Figaro et de Libération qui parlent d’un retour aux années sombres. Jettou se tourne vers moi et me dit : « Écoute, je sais que tu es un garçon raisonnable. Le pays est lynché, demande à ton ami d’arrêter au moins sa grève de la faim et je te promets de solutionner le problème dans l’heure qui suit. Si vous faites ça, je vous invite tous les trois à dîner ce soir autour d’un tajine de poulet au citron. »


      Ce à quoi je réponds que, si Jamaï reçoit son autorisation avant la fin de la journée, nous serions honorés d’être invités à sa table. Au même moment, nous apprenons qu’ordre a été donné au procureur du tribunal de première instance de Casablanca de remettre en mains propres à un Jamaï triomphal son sésame.


      Jettou appelle alors El Himma de son portable et lui annonce avec satisfaction : « On a gagné ! » Nous dînerons alors le soir même autour du tajine promis au domicile de Lahjouji. Au dessert, Jettou aura cette phrase terrible : « Vous devez savoir qu’au Palais, on ne lit pas tous vos articles dans le détail. On s’arrête souvent sur un titre qui dérange, une formule, mais le sens général n’est pas souvent compris. Vous n’avez pas affaire à des intellectuels. »


      Pour garder la face, le procureur du roi sera dépêché sur le plateau de télévision de la chaîne 2M pour annoncer que Le Journal a finalement produit les pièces manquantes imaginaires. Le publicitaire Nourredine Ayouch, un proche du Palais, était passé opportunément à l’administration du Journal pour demander une copie du dossier initial, remis un mois plus tôt au procureur. Il ira le déposer au greffe du Tribunal, offrant ainsi à l’État le prétexte officiel pour céder à la pression médiatique. »
      Mohammed VI, Le grand malentendu. Dix ans de règne dans l’ombre de Hassan II. Par Ali Amar. Ed. Calmann-Lévy.
      « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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      • #4
        depuis l’accession de Mohammed VI au trône en 1999, de façonner au souverain une image de « roi des pauvres » en rupture avec la magnificence médiévale de Hassan II.

        pour etre roi des pauvres il faut avoir des pauvres, et c'est ça le rol que le gouvernement de sa majesté a compri creer plus de pauvre possible,,
        autrement dit le roi n'est pas le roi des riche,

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        • #5
          Bonjour à tout le monde,

          Pourquoi, il n'y aurait-il pas de pauvres au Maroc?

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          • #6
            Bayti fait du bon boulot envers les enfants démunis des rues et mouah et je crois mais j'en suis pas certain, cette association a des contacts avec des ong à alger.

            PS: le petit bonhomme en avatar de l'association bayti est un comédien ancien sdf qui est devenu une petite célébrité au maroc après avoir joué ali zaoua qui est un excellent film que je recommande à nos amis algériens, le film retrace une réalité des enfants exclus de la société marocaine mais on n'est pas dans le pathos car c'est une histoire à mourir de rire avec des personnages attanchants qui ne se démontent pas face à la misère et au contraire ils se battent pour en sortir.

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            • #7
              Merci pour le complément de renseignements.

              Malheureusement la situation désastreuse des enfants est généralisée à tous les pays en voie de développement qu'il s'agisse de l'Afrique, de l'Amérique du Sud (par exemple, au Brésil des commandos armés tirent sur des gosses voleurs comme sur des lapins) et en Asie.

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              • #8
                Quelle dictature que celle du Royaume du Maroc où l'on publi sans problème les artricles que tu lis en haut.

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                • #9
                  Bonjour à tout le monde,

                  Pourquoi, il n'y aurait-il pas de pauvres au Maroc?
                  Mouah.................
                  ..................................

                  Tu préfères,peut être ,faire comme en Algérie, avancer le nif et cacher la pauvreté en avançant comme ton ministre des inepties du genre " Il n'y a pas de pauvres en Algerie , il y a juste des necessiteux"

                  Même la France a des "Bayti" comme les Restos du cœur ( coluche) , Emmaus ( Abbé Pierre) etc....

                  Un tabou reconnu est à moitié résolu et je suis fier que le Maroc regarde enfin ses "verrues" pour être poussé à les enlever.

                  Commentaire


                  • #10
                    Quelle dictature que celle du Royaume du Maroc où l'on publi sans problème les artricles que tu lis en haut.

                    BeidawiII


                    ................................

                    Espérant qu'l n'y aura pas un zélé qui va empêcher ce livre de circuler au Maroc.

                    Il est clair que Ali Amar règle des comptes car c'est pas la déontologie journalistique qui le fait réagir mais il a le droit de s'exprimer.

                    Ci apres un edito qui analyse bien cette situation

                    ...............................

                    Le plaidoyer pro domo de Ali Amar a manifestement pour objectif de faire la part des choses. Il ne serait ni le méchant, ni le démiurge de cette trouble période.

                    La saison des livres sur SM le Roi Mohammed VI est ouverte. C’est naturel, la perspective du 10ème anniversaire excite les imaginations fertiles et les plumes loquaces.

                    L’ancien correspondant d’El Pais ouvre le bal. Un livre, selon nos confrères d’Al Ayyam, qui semble plus personnel, plus descriptif et peut-être plus utile pour le lecteur espagnol. Un ton apaisé d’un journaliste qui a une vraie expérience du Maroc.

                    L’autre livre, celui de notre ex-confrère Ali Amar, a une autre fonction. Testimoniale, apparemment.

                    Il souhaite restituer, semble-t-il, les années «Journal» dans un contexte plus juste, moins caricatural, plus proche des contradictions de l’époque et plus proche, finalement, d’une vérité complexe voire à jamais insaisissable.

                    Le plaidoyer pro domo de Ali Amar a manifestement pour objectif de faire la part des choses.

                    Il ne serait ni le méchant, ni le démiurge de cette trouble période.
                    Il ne veut plus en être le bouc émissaire. Le chemin de l’enfer étant pavé de bonnes intentions, il faut juste faire attention à l’excès d’ivresse.

                    Pour le reste, les livres à venir, nous sommes habitués à ce type de littérature depuis le coup fumant — un succès commercial difficilement rééditable — de Gilles Perrault avec «Notre ami le Roi».

                    La recette est connue. Un livre à charge, mono-sourcé, sans nuance, une indignation caricaturale et des révélations à la limite du réel. Le marketing fait le reste, c’est-à-dire le SAV (le service après-vente pour ceux qui ne suivent pas).

                    Et si vous ajoutez un coup de censure, toujours malvenue, la gloire est au rendez-vous.

                    La censure est véritablement l'adjuvant principal de ces écritures qui ne survivent jamais à la bonne foi.


                    Par : Khalil HACHIMI IDRISSI

                    Commentaire


                    • #11
                      Le livre de Gilles Perrault "Notre ami le roi" est un chef d'oeuvre. Et, il y a lieu de l'accepter ainsi n'en déplaise, ce d'autant qu'il n'est pas anti-royaliste mais objectif.

                      Il faut accepter la critique et à ce titre, Mohamed Harbi lors de son réquisitoire à l'encontre du FLN est dans une pertience sans lacune.

                      Commentaire


                      • #12
                        mais jamais il ne sera censuré, ce genre de livre pâsse inaperçu chez les marocains. Le genre de journaleux comme Ali Ammar élevés à la française et qui ne pige rien à la réalité marocaine.

                        Commentaire


                        • #13
                          "Notre ami le roi" fut censuré au Maroc et du reste même Hassan II avait annulé une visite qu'il devait faire en France en protestaion sur le contenu du bouquin (si ma mémoire est bonne). Or feu le roi avait une drôle de conception de la démocratie dès lors qu'en Occident, il est très difficile à un gouvernement d'interdire la parution d'un livre. Seule la justice peut exiger le retranchement de certains passages qui se réveleraient erronés.

                          Commentaire


                          • #14
                            Le livre de Gilles Perrault "Notre ami le roi" est un chef d'oeuvre.

                            Mouah....


                            .......................

                            Laisse les chefs d'œuvre aux immortels .

                            Il s'agit d'un simple pamphlet commandité par des opposants à Hassan II

                            Le livre de Perrault n'existe que parce que Hassan II en monarque despote a cru bon de l'interdire .Aujourd'hui on peut le trouver dans tous les Kiosques.

                            Sous Boutef la censure existe encore

                            Mohamed BENCHICOU écrit KHALIDA MESSAOUDI TOUMI : «Votre prison est impuissante»

                            mer, 10/29/2008

                            Madame la ministre de la Culture. Cette lettre n’est pas une réplique au triste étalage de contrevérités et de diatribes diffamantes que vous avez proférées à mon endroit lors de votre conférence de presse du 21 octobre 2008. Pour tout vous dire, je n’y ai vu que calembredaines désespérées, somme toute assez classiques chez un régime affolé et forcé à l’oukase. J’ai jugé qu’elles ne méritaient pas grande controverse ni encore moins un recours à l’arbitrage d’une justice à l’impartialité aléatoire.
                            Je me suis suffi du spectacle de votre embarras : vous ne savez, décidément, plus à quelles gémonies me vouer. De «journaliste irresponsable», j’étais devenu «dangereux trafiquant de capitaux» avant de terminer «apologiste des crimes coloniaux» et, pour l’apothéose, «antisémite». Et puis, oserais-je vous l’avouer, Madame la Ministre, je m’étais sagement rangé à l’idée que vous n’avez pas lu le manuscrit. «On» a dû le lire pour vous. Votre intelligence vous aurait interdit, autrement, d’accuser d’«apologie des crimes coloniaux» un livre qui rend hommage au combat de Ben M’hidi, de Ben Boulaïd et d’une de vos «avocats», Zohra Drif, mais qui — ceci expliquant sans doute cela — en dénonce la trahison et l’exploitation politicienne. Si vous aviez lu le texte, vous auriez remarqué qu’à aucun moment je ne qualifie M. Zerhouni de «Massu» même si, je le confesse, je ne m’attarde pas outre mesure sur les hauts faits d’armes du ministre de l’Intérieur dont je vous laisse seule juge des exploits guerriers. Si vous aviez lu le texte, Madame la Ministre, vous auriez noté qu’il fustige assez tous les Papon et tous les Bousquet pour être taxé d’antisémite. Je remarque au passage que vous faites bon négoce de la question juive puisque Le village de l’Allemand de Boualem Sansal est interdit pour l’«excès» inverse de pro-sémitisme ! Non, je n’aurais pas réagi à votre conférence de presse du 21 octobre 2008 si elle ne s’était accompagnée d’un terrible aveu. Plus que l’aveu d’un abus de pouvoir. L’aveu d’une intolérable voie de fait. Une voie de fait, Madame la Ministre ! Madame la Ministre, vous n’avez pas fait que censurer un livre, vous avez foulé aux pieds les lois de ce pays. Et sur ce préjudice-là, qui concerne mon pays, sur cette profanation de l’Etat de droit embryonnaire et, pire, sur la banalisation de l’acte totalitaire, je ne me tairai pas. Rien ne vous autorisait à violer aussi arbitrairement une propriété intellectuelle. Rien, surtout pas votre qualité de ministre d’une République dont vous avez le devoir absolu de protéger l’image et de veiller à la conformité aux règles sacrées d’un Etat de droit. Vous vous êtes autorisée à «faire justice» vous-même. Vous vous êtes autorisée à interdire un livre sans passer par le juge. Vous vous êtes autorisée à réagir au nom des personnes dont vous décrétez unilatéralement qu’elles sont diffamées. Vous vous érigez en tutrice absolue de la Constitution qui, je vous le rappelle, garantit la défense de la liberté face aux abus du pouvoir. Vous vous êtes permis une lecture unilatérale et intéressée des lois de ce pays. «Dans un Etat libre, il n’appartient à aucune autorité politique de définir la vérité historique et de restreindre la liberté de l’historien sous la menace de sanctions pénales.» Ce sont d’éminents intellectuels et historiens, dont je crois savoir que vous vous piquez de l’amitié, qui disent cela dans le tout récent Appel de Blois : Aleida et Jan Assmann, Elie Barnavi, Hélène Carrere d’Encausse, Etienne François, Timothy Garton Ash, Rafael Valls Montes, José Gotovitch, Jean Puissant, Sergio Romano, Carlo Ginzburg… Certains ont séjourné à Alger, d’autres vont y venir. Qu’allez-vous leur dire ? Un conseil, Madame la Ministre : vous devriez lire cet Appel de Blois avant de les recevoir. Aussi me navre-t-il, en ces moments où la souveraineté du pays est mise à mal, d’ajouter une controverse internationale supplémentaire, mais mon rêve de citoyen ne désespérant pas de voir naître un Etat de droit, mon rêve ou mon devoir, m’oblige à porter l’affaire devant le Conseil d’Etat. J’attends qu’il statue non pas sur l’interdiction du livre en soi mais sur l’inacceptable voie de fait caractérisée dont s’est rendu coupable un ministre de la République en foulant aux pieds les lois de ce pays, en s’autorisant à «faire justice » lui-même, au mépris des règles élémentaires d’un Etat de droit. Oui, Madame la Ministre, riposter à votre voie de fait est un devoir envers l’avenir de ce pays.
                            En agissant à contre-courant de votre époque, vous faites plus que discréditer la République, vous l’engagez dans le dangereux chemin du totalitarisme. Vous ressuscitez, Madame la Ministre, les odieux procédés d’excommunication qui ont servi à Goebbels, à Mac Carthy ou aux intégristes islamistes. Vous m’accusez de «félonie». Mais c’est toujours au nom d’une conception despotique de la «défense de la patrie» que se sont commis les grands crimes de l’Histoire. En l’espèce, tout a été dit dans cette déclaration du bras droit de Hitler, Goering, lors du procès de Nuremberg : «C'est simple d’entraîner le peuple dans telle ou telle direction… C'est facile. Tout ce qu'il faut dire à ces gens c'est qu'ils sont attaqués, en qualifiant les pacifistes de manque de patriotisme, en les accusant d'exposer la patrie à un danger. Ça marche de la même façon dans tous les pays du monde.» Et, de fait, ce fut en raison de leur «non-conformité à l'esprit allemand » que, le 10 mai 1933, furent brûlés 20 000 livres à Berlin lors de l'autodafé nazi, et que furent ainsi condamnés au feu les ouvrages, entre autres, de Bertolt Brecht, d'Alfred Döblin, de Sigmund Freud, d'Erich Kästner, d'Heinrich Mann, de Karl Marx, ou de Stefan Zweig C’est au nom de la lutte contre «les traîtres à la patrie américaine» que fut élaborée la liste noire du maccarthysme, que des créateurs comme Bertolt Brecht, Charlie Chaplin et Orson Welles furent poussés à l’exil et d’autres incarcérés. C’est cette page abominable que vous voulez faire revivre à l’Algérie, Madame la Ministre ? Je remarque que vous en avez, en tout cas, largement pris le chemin. En décapitant Zaoui, en condamnant Adonis, en interdisant Sansal, Lledo, Benchicou et maintenant Bachi, vous faites le lit de l’intégrisme selon le pire présage de Kabbani : avec vous, l’Algérie craint, désormais, de se regarder dans un miroir de peur de se désirer. Vous me suggérez de me limiter à publier à l’étranger. Mais cette patrie dont vous revendiquez la tutelle exclusive, cette patrie est aussi la mienne, l’unique, l’indispensable, l’inspiratrice, et vous ne ferez pas de moi un écrivain de l’exil. Je suis comme l’Allemand que Kastner décrit dans son épigramme, après qu’on eut brûlé ses livres : «Je suis un Allemand de Dresde en Saxe/ le pays natal (die Heimat) ne me laisse pas partir/ je suis comme un arbre qui a poussé en Allemagne/ et qui, si nécessaire, se dessèche en Allemagne.» J’ai bien peur, Madame la Ministre, que votre nom ne reste dans l’histoire comme celui d’une main noire et tremblante qui, à trop vénérer le mot de Goebbels, — «La vérité est le pire ennemi de l'Etat»—, fut conduite à sortir son revolver à chaque fois qu’elle entendait le mot «culture». Je terminerai sur un détour par votre pittoresque péroraison : par votre censure, vous m’auriez évité de «repartir en prison» ! La litote, à cheval entre l’ironie infatuée et la condescendance faraude, ne m’a pas surpris : vous ne retenez, décidément, rien du temps qui passe. Vous en êtes encore à brandir le code pénal, «arme de dissuasion massive» dont vous oubliez qu’en culture, elle ne sert, selon la formule de Françoise Chandernagor, qu’à «exterminer un petit groupe d’imbéciles». Votre prison est impuissante et je ne vous ai jamais demandé de m’en prémunir ! Vous semblez avoir oublié que l’incarcération de 24 mois ne m’avait inspiré qu’un texte, public, lu et publié le jour de ma sortie : «N’ayez pas peur de leur prison !» Je vous invite à le relire. Et comment, revendiquant mon appartenance à la société qui conteste, celle qui fut autrefois la vôtre, pouviez-vous m’imaginer sollicitant clémence de ce régime de geôliers auquel vous semblez éprouver plaisir à appartenir ? La vie nous a mis face à face et chacun assume, désormais, ses actes : vous, l’autodafé ; moi, mes écrits. Alors, «assumez» Madame !
                            Sur cette belle perspective, je vous donne rendez-vous pour mon prochain livre (titre provisoire : La dynastie des égarés) et vous prie de croire, Madame la Ministre, à ma parfaite considération.
                            Alger le 28 octobre 2008
                            Mohamed Benchicou
                            Dernière modification par chicha51, 28 avril 2009, 19h53.

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                            • #15
                              Je ne dis pas que sous Bouteflika, la censure n'existe pas.

                              Quant au livre de Gilles Perrault "Notre ami le roi", il fait référence à nombreux historiens ce qui paraît te déplaire. De sorte que s'il ne contenait pas des vérités, l'assassin Hassan II n'aurait pas annuler un voyage en France, comme si l'Hexagone était une dictaure comme le royaume où un président pouvait interdire la publication d'un livre. Il s'agissait d'un délire du roi marocain qui était amateur de cannabis sans doute. sans visas, contrairement aux Marocains soumis au document.

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