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Plaisanterie Syrienne : «grève» de prisonniers

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  • Plaisanterie Syrienne : «grève» de prisonniers

    J'ai bien rigolé en lisant cet article, au point où j'ai pensé à le poster dans le topic 'humour' qui a l'air d'être plus approprié. Enjoy .

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    Une blague peut aller plus loin qu’un viol

    Faut-il encore parler de la Syrie? Oui. Pourquoi pas. Le pays résume ses Frères, en quelque sorte, et ce que l’on ne peut plus dire ici, depuis quelque temps déjà, on peut le dire à propos d’un pays frère qui nous ressemble tant. Cela servira aux deux sans ne servir à rien d’autre qu’à élever la voix. La Syrie est un pays au service de ses «Services» comme dit, hier. C’est un pays arabe qui résume l’arabité et c’est un pays où se pose déjà la question du «Qui tue Qui?» pour Hariri. Bloqué à la hauteur d’un garde-à-vous permanent devant son propre reflet dans l’Histoire et incapable de renouer avec le réel, à force de discours, de commémorations et de vanité nationale, le pays n’arrive même pas à éviter le grotesque. A l’heure même de sa plus grave inculpation internationale, en liberté conditionnelle et si près d’être mis dans un trou de Tikrit pour être retrouvé par des adolescents du Nebraska, à Damas, ce pays a «publié» hier une sorte d’information lunaire absolument époustouflante dans la bouche de son agence officielle. A sa manière, cette info rappelle les «marches spontanées de soutien», les «taux de participation» des élections arabes, les communiqués d’associations, toutes les ENTV de la planète arabe et un profond schéma mental pratiqué chez nous depuis les indépendances nationalisantes. Manipulations, falsifications, viol du réel, propagande et ratage élaboré d’une séquence de l’histoire numérique, il suffit de lire cette dépêche qui parle de votre vie de tous les jours. La majorité des détenus dans la Prison centrale de Damas ont ainsi, selon Sana, décidé d’entamer, à partir de lundi dernier, une grève de la faim de trois jours pour... manifester leur solidarité avec la Syrie, en proie aux pressions internationales depuis plusieurs mois. Impassible et tenant tête au réel et le regardant dans les yeux, la dépêche de cette même agence qui fonctionne comme toutes les agences des presses publiques dans la planète arabe, c’est-à-dire en gramophone, précise que «90% des détenus dans la Prison centrale de Damas ont décidé d’entamer une grève de la faim de trois jours pour protester contre les pressions exercées sur la Syrie». Brusquement, libres d’écrire et de transmettre du courrier et d’utiliser leur voix autrement que pour gémir et quémander, ces prisonniers ont fait transmettre une lettre à un représentant de l’ONU à Damas, dans laquelle «ils dénoncent les pressions et menaces extérieures dirigées contre la Syrie sur la base d’accusations injustes».

    Il est donc demandé aux lecteurs de cette dépêche surréaliste, et donc aux Arabes qui savent ce que sont les prisons dans un pays gouverné par ses «Services», de croire que les prisonniers de la Syrie sont des touristes ou même des sortes de clubistes intellectuels, libres d’exercer leurs opinions et leur liberté et encore soucieux de sauver le pays qui sert de prétexte à ceux qui les mâchent le matin et le soir, sous-couvert de la sécurité de l’Etat. Il est demandé au client de ce genre de stalinisme écrit, d’oublier que les prisons syriennes sont parmi les mieux garnies en «politiques», les mieux servies par les «Droits de l’homme» et les meilleures auberges de la partie vivante ou téméraire du peuple et d’avaler avec confiance ce genre de farce d’Etat à l’heure où la question se pose en terme d’issues de secours pour toute une race.

    Reste que le problème n’est pas dans ce genre de manipulation grossière, mais dans le réflexe qui pousse certains, tout un pays ou toute une époque, à ne pas hésiter et à y recourir avec une outrecuidance stricte. On a si longtemps manipulé des histoires nationales, des opinions et des chiffres, si longtemps menti sur des taux de participation, des disparitions sur commandes, des assassinats, des massacres de contestataires et des prétendues victoires du peuple sur ses ennemis intérieurs, qu’un jour il fallait que ça arrive et que le pas soit franchi entre excès de propagande et premières folies collectives. En Syrie, cela a donné la plaisanterie de cette «grève» de prisonniers qui dénoncent les pressions sur leur pays. Ailleurs, cela a donné ce que chaque Arabe dans son pays arabe a vécu, au moins une fois dans sa vie, comme un viol commis sur sa personne, sa raison ou sa conscience et sa conviction.

    Par Kamel Daoud, Quotidien d'Oran, 15/11/05.

  • #2
    ridiculism

    hilarant l'article merci de le partager avec nous

    une chose parfois je me dis pourquoi le ridicule ne tue pas!

    Commentaire

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