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    Ministres, imams et harraga
    par Abed Charef
    Les ministres algériens sont précieux. Si précieux qu'on ne veut pas en perdre un seul. On les garde en bloc.

    On ne change pas une équipe qui gagne. Pour le président Abdelaziz Bouteflika, le gouvernement en place avant les élections présidentielles du 9 avril a si parfaitement rempli sa mission qu'il ne fallait surtout pas y toucher. C'est une équipe qui frise la perfection, dans sa composition comme dans son organisation. Elle est aussi d'une efficacité redoutable. La conserver, sans en briser l'harmonie ni altérer les équilibres, est un acte patriotique. Le bilan de cette équipe gouvernementale est en effet impressionnant. Elle a si bien géré les affaires du pays que les Algériens ont massivement adhéré à sa politique. Preuve en a été donnée le 9 avril, lorsque 75 pour cent des Algériens, bravant la pluie et les difficultés, se sont rendus aux urnes pour participer aux élections présidentielles, montrant ainsi leur passion pour la vie politique. Entre deux élections, le chiffre de la participation a doublé, ce qui montre la très forte adhésion à la politique suivie par les dirigeants algériens sous M. Bouteflika, et particulièrement depuis le retour de M. Ouyahia au gouvernement. Et sur les trois quarts des Algériens qui ont voté le 9 avril, 90 pour cent ont littéralement plébiscité le président Abdelaziz Bouteflika. Cela montre que le programme du chef de l'Etat était bon, que ses choix ont été judicieux aussi bien dans les domaines politique et économique que dans le domaine des hommes appelés à mettre en oeuvre son programme. Ceci a naturellement débouché sur des résultats qui ont dépassé toutes les espérances. Dès lors, il n'était plus question de changer ni le chef de l'Etat, ni les ministres qui ont été à la hauteur.

    Il suffit de rappeler que le gouvernement a réalisé plus d'un million de logements, selon les propos du ministre de l'Habitat. Dans le domaine de l'emploi, l'Algérie compte un taux de chômage nettement moins élevé que celui de l'Espagne, selon M. Djamel Ould Abbas. Les institutions fonctionnent bien. Elles fonctionnent si bien qu'il est désormais possible de fixer les résultats d'une élection à l'avance.

    A côté d'un bilan aussi solide, il était naturel d'enregistrer quelques points noirs, qui restent toutefois sans signification particulière. Malgré l'exploitation politicienne que veulent en faire certains esprits chagrins, ces difficultés ne peuvent altérer la marche triomphale du pays vers le progrès. Le phénomène des « harraga », par exemple, que certains veulent mettre en évidence, n'est qu'un épiphénomène sans impact sur le bilan du gouvernement. Celui-ci le traite avec le dédain qu'il mérite. Pour le gouvernement, les « harraga » relèvent tantôt de la délinquance, qu'il faut combattre, tantôt du manque de patriotisme, selon les propos d'un ministre. A défaut de trouver des parades à ce phénomène, on multiplie les explications d'un comportement jugé irrationnel. Comment quitter un si beau pays, où sévit une bureaucratie si efficace, et où les services publics fonctionnent si bien ?

    Depuis cette semaine, une nouvelle explication de la « harga » a été lancée sur le marché. Elle est l'œuvre d'un célèbre prédicateur, un de ceux qui sont invités par le ministère des Affaires religieuses pour dialoguer avec les terroristes et gérer l'islamisme politique dans le pays.

    A en croire la presse, Oujdi Ghenim, un des plus célèbres de ces maîtres de la pensée islamique, a déclaré que les « harraga » manquent de foi et de conscience. Comment iraient-ils ainsi à l'aventure s'ils avaient la foi et s'ils étaient conscients de leurs actes, se demande le vénérable idéologue.

    Ces cheikhs, intronisés comme interlocuteurs des groupes armés, sont devenus très influents. Leurs prêches attirent des foules impressionnantes, ce qui rappelle la fin des années 1980. Le recours à ces imams médiatiques constitue apparemment un choix délibéré des autorités algériennes, qui les ont appelés à la rescousse, pour tenter de convaincre les membres des derniers groupes armés. Personne en Algérie n'ayant la crédibilité nécessaire pour s'adresser aux terroristes, les dirigeants algériens ont ramené certains de ceux qui les avaient poussés à prendre le maquis, pour les inciter cette fois-ci à faire le chemin inverse.

    C'est du moins ce que révèle une lettre rendue publique la semaine dernière par un ancien dirigeant de l'AIS, apparemment un proche de Madani Mezrag. Dans cette lettre, le dirigeant de l'AIS accuse un des plus célèbres prédicateurs de la télé-religion, Iouadh El-Qarni, d'avoir incité les jeunes à rejoindre le Jihad contre le pouvoir algérien dans les années 1990, avant de retourner sa veste aujourd'hui et de mener une campagne pour inviter les terroristes à accepter l'offre de réconciliation !

    C'est à ces prédicateurs que les dirigeants du pays ont livré la rue. Après avoir interdit toute possibilité de structurer le pays de manière moderne, avec des partis crédibles, des associations libres et des syndicats représentatifs, le pouvoir a laissé la seule mosquée comme alternative. Mais comme personne en Algérie n'est en mesure de prendre en charge cette mosquée, ce sont des chouyoukh importés du Proche-Orient qui sont invités à remplir le vide. Qui sont ces chouyoukh ? Pour qui travaillent-ils ? On n'en sait rien. Les ministres algériens non plus. Mais ne pas savoir qui manipule la rue algérienne et les mosquées ne semble pas gêner le bilan d'une équipe qui gagne.


    Source Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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