Les envois de fonds des immigrés vers leurs pays constituent un apport non négligeable, bénéfique au développement des pays concernés. Les immigrés du Sud ont ainsi expédié en 2005, 167 milliards de dollars ce qui représentent 20% de leurs revenus et qui est le double de l'aide publique accordé par les pays riches au tiers-monde.
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Cent cinq millions de migrants en 1985. Le double vingt ans plus tard. Dans sa dernière livraison du Global Economic Prospect 2006 publié hier, la Banque mondiale a entrepris d'approfondir ce phénomène de grande ampleur, «parce que les envois de fonds des travailleurs à l'étranger vers leur pays d'origine constituent un puissant outil de réduction de la pauvreté», constate François Bourguignon, l'économiste en chef et premier vice-président de l'institution internationale. «hawala» (NDLR : «confiance», en arabe), «sur parole», très en vogue chez les musulmans d'Asie du Sud. Un système de virement qui ne se fait pas par des jeux d'écriture, mais Les immigrés issus du Sud expédient 20% de leurs revenus dans leur pays d'origine. Soit l'équivalent de 167 milliards de dollars en 2005 (126 milliards l'année dernière). A l'échelle mondiale, ces flux de capitaux privés représentent désormais le double de l'aide publique accordée par les pays riches au tiers-monde. Et constituent la deuxième source de financement externe du monde en développement, derrière les investissements directs.
La Banque mondiale suppute même que ces chiffres officiels pourraient être gonflés de 50% si on prenait en compte les transferts informels, c'est-à-dire les liasses de billets cachés dans des valises ou les fonds rapatriés par le biais de l'Depuis 2001, le montant des transferts a crû de 73% et ce mouvement ne montre aucun signe de retournement. Et pour cause. L'argent des émigrés est perçu comme un véritable ballon d'oxygène pour les pays pauvres, qui auraient bien du mal à s'en sortir sans cette manne.
Des services à coût zéro
Quand les sommes envoyées par la diaspora ne sont pas supérieures au budget de l'Etat – comme c'est le cas aux Comores –, elles représentent une part importante du PIB des pays récipiendaires. Au Tonga, par exemple, la remise des salaires équivaut à 31% du PIB, au Salvador 16%, au Lesotho presque 26%... «D'ailleurs, ces sommes sont à considérer au même titre que des revenus d'exportation», estime François Bourguignon.
Le lien entre envois de fonds et recul de la pauvreté n'est plus à démontrer et est même quantifiable : – 11% en Ouganda, – 6% au Bangladesh ou encore – 5% au Ghana.
Voilà pourquoi, depuis quelques années, les pays riches incapables de trouver des ressources supplémentaires pour financer la lutte contre la pauvreté s'intéressent de plus près à ce phénomène, y voyant là une ébauche de solution. Ce qui irrite la Banque mondiale : «Il s'agit de fonds privés. Ce n'est en aucun cas assimilable à de l'aide au développement.»
Quoi qu'il en soit, cela a permis de faire avancer la réflexion sur le coût prohibitif des transferts, tels que pratiqués par les organismes comme Western Union. Aujourd'hui, envoyer 100 euros en coûte 15. Pour la Banque mondiale, il importe de réduire ces commissions, en faisant jouer la concurrence avec les banques traditionnelles. Chacun y trouvant finalement son compte. Ainsi, CityGroup offre désormais aux Mexicains des services à coût zéro moyennant la «bancarisation» des familles restées au pays.
«D'un point de vue strictement économique, notre rapport conclut au bienfait du système migratoire. Mais il y a aussi des effets pervers», tempère François Bourguignon. Au premier rang desquels figure l'exode des cerveaux, très dommageable pour les économies pauvres. Sur une promotion de médecins au Ghana, moins de 5% restent au pays. Idem au Malawi, où les infirmières, très bien formées, sont toutes parties depuis longtemps s'installer en Grande-Bretagne.
«Ce phénomène a un coût social et psychologique très lourd, que les chiffres ne prennent pas en compte», termine François Bourguignon. «L'actualité explosive des banlieues françaises en est une illustration.»
Source: Le Figaro
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Cent cinq millions de migrants en 1985. Le double vingt ans plus tard. Dans sa dernière livraison du Global Economic Prospect 2006 publié hier, la Banque mondiale a entrepris d'approfondir ce phénomène de grande ampleur, «parce que les envois de fonds des travailleurs à l'étranger vers leur pays d'origine constituent un puissant outil de réduction de la pauvreté», constate François Bourguignon, l'économiste en chef et premier vice-président de l'institution internationale. «hawala» (NDLR : «confiance», en arabe), «sur parole», très en vogue chez les musulmans d'Asie du Sud. Un système de virement qui ne se fait pas par des jeux d'écriture, mais Les immigrés issus du Sud expédient 20% de leurs revenus dans leur pays d'origine. Soit l'équivalent de 167 milliards de dollars en 2005 (126 milliards l'année dernière). A l'échelle mondiale, ces flux de capitaux privés représentent désormais le double de l'aide publique accordée par les pays riches au tiers-monde. Et constituent la deuxième source de financement externe du monde en développement, derrière les investissements directs.
La Banque mondiale suppute même que ces chiffres officiels pourraient être gonflés de 50% si on prenait en compte les transferts informels, c'est-à-dire les liasses de billets cachés dans des valises ou les fonds rapatriés par le biais de l'Depuis 2001, le montant des transferts a crû de 73% et ce mouvement ne montre aucun signe de retournement. Et pour cause. L'argent des émigrés est perçu comme un véritable ballon d'oxygène pour les pays pauvres, qui auraient bien du mal à s'en sortir sans cette manne.
Des services à coût zéro
Quand les sommes envoyées par la diaspora ne sont pas supérieures au budget de l'Etat – comme c'est le cas aux Comores –, elles représentent une part importante du PIB des pays récipiendaires. Au Tonga, par exemple, la remise des salaires équivaut à 31% du PIB, au Salvador 16%, au Lesotho presque 26%... «D'ailleurs, ces sommes sont à considérer au même titre que des revenus d'exportation», estime François Bourguignon.
Le lien entre envois de fonds et recul de la pauvreté n'est plus à démontrer et est même quantifiable : – 11% en Ouganda, – 6% au Bangladesh ou encore – 5% au Ghana.
Voilà pourquoi, depuis quelques années, les pays riches incapables de trouver des ressources supplémentaires pour financer la lutte contre la pauvreté s'intéressent de plus près à ce phénomène, y voyant là une ébauche de solution. Ce qui irrite la Banque mondiale : «Il s'agit de fonds privés. Ce n'est en aucun cas assimilable à de l'aide au développement.»
Quoi qu'il en soit, cela a permis de faire avancer la réflexion sur le coût prohibitif des transferts, tels que pratiqués par les organismes comme Western Union. Aujourd'hui, envoyer 100 euros en coûte 15. Pour la Banque mondiale, il importe de réduire ces commissions, en faisant jouer la concurrence avec les banques traditionnelles. Chacun y trouvant finalement son compte. Ainsi, CityGroup offre désormais aux Mexicains des services à coût zéro moyennant la «bancarisation» des familles restées au pays.
«D'un point de vue strictement économique, notre rapport conclut au bienfait du système migratoire. Mais il y a aussi des effets pervers», tempère François Bourguignon. Au premier rang desquels figure l'exode des cerveaux, très dommageable pour les économies pauvres. Sur une promotion de médecins au Ghana, moins de 5% restent au pays. Idem au Malawi, où les infirmières, très bien formées, sont toutes parties depuis longtemps s'installer en Grande-Bretagne.
«Ce phénomène a un coût social et psychologique très lourd, que les chiffres ne prennent pas en compte», termine François Bourguignon. «L'actualité explosive des banlieues françaises en est une illustration.»
Source: Le Figaro
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