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La rupture du système monétaire international se confirme

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  • La rupture du système monétaire international se confirme

    GEAB N°34 est disponible! Eté 2009




    - Communiqué public GEAB N°34 (15 avril 2009) -





    La prochaine étape de la crise sera déterminée par un rêve chinois. En effet, à quoi peut bien rêver Pékin pris, d'après Washington, dans le « piège Dollar » de ses 1.400 milliards d'actifs libellés en Dollars US (1) ? D'après les dirigeants américains et leur cortège d'experts médiatiques, à continuer à être prisonnier et même à renforcer cette condition carcérale en achetant toujours plus de Bons du Trésor et de Dollars US (2).

    Pourtant, tout le monde sait à quoi rêve vraiment un prisonnier ? A s'évader bien sûr, à sortir de sa prison. Aussi, pour LEAP/E2020, il ne fait aucun doute que Pékin cherche sans relâche désormais (3) à se débarrasser au plus vite de cette montagne d'actifs « toxiques » que sont devenus les Bons du Trésor US et la devise américaine sous laquelle la richesse de 1 milliard 300 millions de Chinois (4) est emprisonnée. Dans ce GEAB N°34, notre équipe détaille donc les « tunnels et les galeries » que Pékin creuse discrètement depuis plusieurs mois dans le système économique et financier mondial afin de s'évader du « piège Dollar » d'ici la fin de l'été 2009. Sur fond de cessation de paiement des Etats-Unis s'ouvrira alors la période à partir de laquelle le « chacun pour soi » deviendra la règle du jeu international, dans la droite ligne d'un G20 de Londres dont le communiqué final se lit comme la « chronique d'une dislocation géopolitique annoncée » ainsi que LEAP/E2020 l'analyse dans ce numéro du Global Europe Anticipation Bulletin.



    Evolution trimestrielle de l'accroissement des réserves de change chinoises - Source : Banque centrale de Chine / New York Times, 04/2009

    Derrière le « jeu de dupes » londonien, où chacun a prétendu croire qu’une collaboration internationale « historique » (5) était en action, on constate en fait une profonde division du G20 : les Américains et le Britanniques (suivis par un Japon docile) tentent désespérément de préserver leur contrôle sur le système financier mondial, en bloquant ou en diluant toute réforme significative donnant un pouvoir plus important aux autres acteurs du système, sans plus avoir assez de puissance pour imposer leurs objectifs. Les Chinois, les Russes, les Indiens, les Brésiliens, … essayent de rééquilibrer le système monétaire et financier international en leur faveur, mais sans pouvoir (ou peut-être même sans vouloir vraiment (6)) imposer une telle réforme. Les Européens (et quand on utilise ce terme il implique de plus en plus une UE sans le Royaume-Uni) s'avèrent de leur côté incapables de trancher entre les deux seules options qui s'offrent à eux : sombrer avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni en copiant leurs politiques ou bien remettre fondamentalement en cause le système monétaire et financier mondial actuel en partenariat avec les Chinois, les Russes, les Indiens et les Brésiliens. Ils arrivent à ne plus suivre Washington et Londres dans leur reproduction des politiques passées qui ont toutes déjà fait faillite (7), mais ils ne parviennent pas à oser préparer l'avenir.



    L'effondrement du commerce international n'a aucun précédent - Evolution annuelle à partir des taux trimestriels (courbe en trait continu : évolution en cours / courbe en petits pointillés : prévision d'après la corrélation historique entre le com

    Les Européens porteront d'ailleurs une responsabilité majeure si, dans la brève fenêtre temporelle qui reste (moins de six mois désormais), aucune action majeure n'est entreprise pour éviter la crise longue et tragique qui durera plus d'une décennie (8). Ils possèdent à la fois le savoir-faire technique pour aider au succès d'une devise internationale fondée sur un panier des principales monnaies et une méthode politique qui permet de gérer au mieux les intérêts stratégiques divers d'un ensemble de pays comme ceux dont la monnaie serait derrière la nouvelle devise internationale de référence. Pourtant, il existe aujourd'hui une évidente incapacité des dirigeants de l'UE (et notamment de la zone Euro) à assumer ces responsabilités, comme si finalement ils préféraient voir le système occidental finir de se briser (tout en proclamant le contraire) plutôt que de se battre pour en faire un pont vers un nouveau système mondial : que ce soit un choix (ce que LEAP/E2020 ne croit pas) ou que ce soit le simple résultat de la pusillanimité de dirigeants européens choisis pour leur docilité (vis-à-vis de Washington et des grands opérateurs économiques et financiers européens), dans tous les cas, leur neutralité est très dangereuse pour la planète puisqu'elle empêche le lancement d'un processus efficace permettant d’éviter une crise longue et tragique (9).

    Ainsi, dans ce GEAB N°34, nos chercheurs développent plus avant leurs anticipations sur les formes possibles que prendra la cessation de paiement américaine d'ici la fin de l'été 2009 et que le mois d'Avril 2009 (principal mois de collecte des revenus fiscaux aux Etats-Unis) va rendre désormais impossible à masquer (10). La cessation de paiement des Etats-Unis à l'été 2009 est en effet d'une actualité toujours plus brûlante avec un déficit public désormais totalement hors de contrôle sur fond d'explosion des dépenses (+ 41%) et d'effondrement des recettes fiscales (-28%) comme l'a anticipé LEAP/E2020 il y a plus d'un an : pour le seul mois de Mars 2009, le déficit fédéral s'est monté à près de 200 Milliards USD (très largement au-dessus des prévision les plus pessimistes), soit à peine un peu moins de la moitié du déficit pourtant record de l'ensemble de l'année 2008 (11). Et le même phénomène se répète à tous les niveaux de la structure publique du pays : état fédéral, états fédérés (12), comtés, villes (13), … partout les recettes fiscales s'évanouissent entraînant de manière accélérée l'ensemble du pays dans une spirale déficitaire que personne (Washington en premier chef) ne maîtrise plus.




    Evolution des revenus fiscaux de sociétés aux Etats-Unis (1930 – 2009) - Sources : US Department of Commerce / Réserve Fédérale de Saint Louis (Estimation 2° et 3° trimestres 2009 par EconomicEdge)

    Dans ce GEAB N°34, nos chercheurs se penchent également sur le « mystère du cours de l'or ». Pour le métal jaune, nos chercheurs (non pas d'or, mais d'information) ont identifié quelques pistes très intéressantes pour comprendre pourquoi (14), alors que les acheteurs d'or sont légion et que dans de nombreux pays on signale des ruptures d'approvisionnement en pièces ou lingots d'or, le cours du métal jaune ne fait qu'osciller autour du même pivot depuis des mois.

    Enfin, notre équipe présente ses recommandations pour se préparer aux prochains mois de la crise en s'attachant ce mois-ci notamment à l'épargne en général et aux assurances-vie en particulier.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    (1) Si l'ensemble des réserves chinoises est évalué désormais à environ 2.000 milliards USD, la part d'actifs libellés en Dollars US n'est au maximum que de 70%, ce qui donne environ 1.400 milliards USD. Le reste consiste essentiellement en actifs libellés en Euros.

    (2) N'oublions pas que ce sont en général les mêmes « experts » qui prédisaient ces dernières années que l'économie mondiale bénéficierait de la suppression de la régulation des banques, que l'économie de l'Internet ouvrait la voie à une croissance sans fin, que les déficits américains étaient un signe de force, que les prix de l'immobilier US n'arrêteraient pas de monter et enfin que s'endetter sans restrictions était la forme moderne d'un enrichissement durable.

    (3) Le message sur le nécessaire changement de devise internationale de référence que Pékin a adressé au monde entier, et aux autorités américaines en particulier, à la veille du sommet du G20 de Londres n'était absolument pas un « ballon d'essai » ou une tentative sans espoir de réussite. Les dirigeants chinois ne se faisaient aucune illusion sur la probabilité qu'un tel sujet soit discuté au cours de ce G20. Ils ont voulu imposer ce débat dans les couloirs du sommet afin de faire passer un message, un avertissement officieux à tous les acteurs du système monétaire international : pour Pékin, le système Dollar, c'est fini. Si personne ne veut préparer un système alternatif en commun, alors, cela se fera autrement. Et leurs actes, analysés dans ce numéro du GEAB, corroborent cette intention. D'ailleurs, et le hasard du calendrier politique est une rareté à Pékin, dans la même période sort un livre, intitulé « La Chine mécontente », qui demande une action plus volontariste des leaders chinois afin d'imposer leurs choix sur la scène internationale. Source : ChinaDailyBBS, 27/03/2009

    (4) Un lien original pour suivre ce chiffre en temps réel : Chine Information.

    (5) C'est en fait Angela Merkel qui a fait preuve de la plus grande clairvoyance en trouvant le mot juste sur la nature du sommet du G20 à Londres. Elle a dit que c'était une réunion « presque historique » ; et c'est bien le mot « presque » qui résume ce qui s'est passé à Londres. Les dirigeants du G20 ont « presque » abordé les questions essentielles ; ils ont « presque » défini un programme commun d'action; ils sont « presque » parvenus à lancer de nouvelles stimulations économiques et une nouvelle régulation financière mondiale; ils ont « presque » interdit les paradis fiscaux; et ils ont « presque » convaincu » l'opinion publique mondiale. « Presque », mais, hélas, pas réellement. Et cela fait une belle différence pour la suite de la crise.

    (6) C'est en effet le dilemme du « jeu international » développé dans le GEAB N°33. A un certain moment, l'intérêt des joueurs qui montent en puissance est de laisser purement et simplement l'ancien jeu se briser net pour en reconstruire un qui leur convienne plutôt que de se battre pour transformer l'ancien jeu via une transition longue et incertaine.

    (7) Notamment l'endettement public à outrance, qui est appelé par Washington et Londres « stimulus économique ».

    (8) Le G20 de Londres s'inscrit directement dans la direction de cette crise de longue durée.

    (9) A propos de l'UE, l'équipe de LEAP/E2020 souhaite souligner l'inanité des « analyses » économico-politiques, essentiellement issues d'éminents économistes et experts proches du Parti démocrate américain, que relayent actuellement les principaux médias internationaux, et qui se limitent à reprocher aux Européens … de ne pas faire comme Washington. Paul Krugman en tête, ces « grands amis » de l'Europe, qui l'aiment tant qu'ils pensent savoir mieux que les Européens ce qu'elle doit faire (et aussi ce qu'elle doit être car les mêmes prônent généralement aussi son extension à la Turquie, voire à Israël et à l'Asie centrale), feraient mieux de s'occuper de conseiller efficacement leur propre parti et leur nouveau président pour éviter l'effondrement de leur pays, car c'est bien de cela qu'il s'agit désormais. Enfin, et nous n'y reviendrons plus, il est quand même étonnant qu'un ensemble d'experts qui depuis des années a tant vanté les mérites d'un système qui aujourd'hui s'effondre sous les yeux de tous, ose encore donner des leçons au reste du monde. La plus élémentaire décence lui imposerait, au niveau international, la seule voie respectable possible : le silence. En tout cas, en Europe, ce discours, qui a bien entendu toujours ses relais académiques et journalistiques, ne passe plus car il vient tout droit d'une époque révolue. Comme le fait d'ailleurs régulièrement remarquer LEAP/E2020, il est bien évidemment nécessaire et légitime de porter un regard très critique sur l'UE, ses dirigeants et ses politiques ; mais le faire avec comme seul critère la conformité ou non aux orientations de Washington (ou Londres) est désormais inacceptable. Visiblement, à l'image des financiers qui n'ont pas encore compris qu'une page était tournée en ce qui concerne leurs stock-options et leurs « parachutes dorés », nombre d'intellectuels et de politiques n'ont pas encore bien intégré que leurs références, leurs valeurs et leurs analyses appartenaient désormais au passé. Qu'ils pensent aux élites du bloc soviétique … et ils comprendront comment et à quelle vitesse un système de pensée peut devenir obsolète.
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    • #3
      (10) Outre la baisse des revenus fiscaux, on assiste dorénavant aux Etats-Unis à l'extension d'un mouvement de révolte contre l'utilisation des impôts pour sauver Wall Street et contre l'ampleur des déficits prévus, qui met en cause l'ensemble de la classe dirigeante américaine. Sources : USAToday, 13/04/2009 ; MarketWatch, 16/04/2009

      (11) Sources : USAToday, 11/04/2009 ; MarketWatch, 10/04/2009

      (12) Ainsi en Californie, les premiers jours d'Avril laissent craindre des recettes très largement inférieures aux pires prévisions, entraînant un déficit budgétaire multiplié par deux pour la Californie par rapport aux prévisions d’il y a seulement quelques mois. Au niveau fédéral, un processus du même type est en cours, rendant désormais envisageable selon LEAP/E2020 un déficit fédéral annuel à près de 3.500 Milliards USD, soit plus de 20% du PNB des Etats-Unis. Source : CaliforniaCapitol, 08/04/2009

      (13) L'exemple de ces villes qui, comme Auburn dans la région de Seattle, doivent interdire leurs grands axes aux poids-lourds faute de moyens pour les entretenir est éloquent. Source : SeattleBusinessJournal, 10/04/2009

      (14) Et permettre ainsi d'anticiper les tendances des prochains mois.



      Mercredi 15 Avril 2009



      Dans la même rubrique :

      Conseils pour anticiper les prochaines étapes de la crise : Treize questions/réponses de LEAP/E2020 (2ème épisode) - 30/04/2009


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      • #4
        Conseils pour anticiper les prochaines étapes de la crise : Treize questions/réponses de LEAP/E2020 (2ème épisode)

        - Extrait GEAB N°30 (15 décembre 2008) -



        Cette série de question - dont nous publions ici le 2° épisode - est parue dans le GEAB N°30 du 15 décembre 2008.

        5. Quels risques majeurs pèsent toujours sur le système financière international ? Et toutes les épargnes sont-elles égales face à la crise ?
        LEAP/E2020 : Les risques pesant sur le système financier international proviennent désormais de l’économie réelle, d’une part, et de l’effondrement du système monétaire dollar, d’autre part. Ils sont donc extrêmement graves. Comme anticipé dans différents numéros du GEAB il y a plus d’un an, après avoir été écrasées par leurs propres erreurs financières (subprime, produits dérivés, effets de levier excessifs,…), les banques du monde entier sont maintenant frappées directement par les conséquences de la récession globale (initialement déclenchées par leurs erreurs). De plus en plus de ménages et d’entreprises, ainsi que des collectivités locales et des états entiers, se retrouvent en cessation de paiement. Ainsi les banques qui avaient peur de se prêter de l’argent entre elles l’an passé, ont maintenant peur de prêter à tout opérateur autre que les états les plus « sûrs ». Ceci affecte bien sûr directement à la baisse leurs revenus. Le secteur financier est en route pour une nouvelle année de bouleversements majeurs, avec au programme plus de faillites encore qu’en 2008.
        Cela dit, même les états jugés « sûrs » par les organismes financiers (ou les particuliers) peuvent réserver de grandes surprises. Comme nos lecteurs le savent, LEAP/E2020 estime que les Etats-Unis seront en cessation de paiement d’ici l’été 2009. Un tel événement aurait l’effet d’une « bombe nucléaire financière » balayant au passage jusqu’aux institutions financières les plus prestigieuses. De même qu’en 2007 et 2008, il suffit d’identifier celles qui présentent la plus grande exposition aux actifs libellés en dollar US (Bon du Trésor, Dollar, actions d’entreprises US…) pour obtenir une excellente carte des risques existant. La même analyse vaut pour le Royaume Uni et la Suisse ; ces deux pays, qui sont deux piliers importants de l’actuel système financier global, seront très exposés en 2009.
        En parallèle, comme anticipé dans le GEAB N°23, les pays dont les systèmes de retraite sont fondés sur les fonds de pension risquent de connaître d’importants revers dans les prochains mois. Aujourd’hui déjà dans ces pays (Etats-Unis, Canada, Japon, Danemark, Pays Bas, pour l’essentiel), un nombre croissant de fonds de pension annoncent d’énormes pertes, et se mettent à augmenter les cotisations tout en diminuant les paiements. Tous ces pays risquent fort en 2009 de devoir nationaliser ces fonds s’ils veulent éviter que des dizaines de millions de retraités ne se retrouvent sans pension. Les fonds de pension seront en 2009 ce que les organismes de prêt hypothécaire, les « hedge funds » et les banques d’investissement ont été en 2008.
        Tous ceux qui restent liquides pour le moment, qui ne sont pas engagés en bourse et qui se tiennent à distance des actifs de pays dont le gouvernement est susceptible de se retrouver en cessation de paiement, sont en sécurité. Les autres devraient s’inquiéter de sortir rapidement ou de se préparer à de mauvaises nouvelles.


        Evolution des cessations de paiement des cartes de crédit aux US (à gauche) et banques US les plus exposées aux dettes de cartes de crédit (à droite) - Source : Businessweek, 12/2008
        6. La zone Euro constitue-t-elle une vraie protection contre les pires aspects de la crise et que pourrait-elle faire pour améliorer ce statut ?
        LEAP/E2020 : Pour différentes raisons évoquées dans les réponses précédentes, la zone Euro offre la meilleure protection contre l’actuel tsunami monétaire/financier/économique. Pour résister à ce tsunami, certains pays reposent sur des immeubles de béton à plusieurs étages (comme la zone Euro), d’autres sur des immeubles de béton à un étage (Japon, Chine par exemple), d’autres encore sur les immeubles de bois à un ou plusieurs étage(s) (Etats-Unis, Royaume Uni par exemple). L’analogie est on ne peut plus claire sur les pays qui souffriront le plus du tsunami. Le graphique ci-après montre que les Etats-Unis comme le Royaume Uni sont en évolution rapide dans l’échelle des risques de cessation de paiement. Disposant d’une monnaie déconnectée de ces deux pays, la zone Euro se retrouve efficacement protégée contre tout risque de contagion en cas de cessation de paiement des Etats-Unis et du Royaume Uni. L’Asie est quant à elle plus exposée à ce type de risque, de même que les pays de l’UE hors de la zone Euro ou l’Amérique latine.
        Bien entendu, la situation dans la zone Euro est loin d’être parfaite. Il y a un besoin évident de tenue régulière d’un Sommet de la zone Euro maintenant que ce dernier a enfin été réuni en novembre dernier. Il devrait avoir lieu la veille de chaque sommet de l’UE (tous les 4 mois). Il y a besoin également d’une sorte de Secrétariat de la zone Euro en charge de coordonner les politiques économiques et jouant le rôle d’interlocuteur privilégié avec la BCE d’une part (pour les questions monétaires) et avec la Commission européenne et le Parlement d’autre part (pour l’ensemble de l’UE). Ces deux « instruments » sont indispensables si l’on veut que la zone Euro devienne pro-active plutôt que simplement réactive. Nous pensons qu’en 2009, ces tendances vont rapidement se mettre en place, renforçant la position de la zone Euro, pour les raisons suivantes :
        - La prochaine présidence de l’UE sera aux mains du premier ministre Tchèque dont le pays n’est pas dans la zone Euro, qui est connu pour être euro-sceptique, dont le programme de présidence ne reflète aucunement les priorités des pays de la zone Euro, et qui est de surcroît extrêmement impopulaire dans son pays. Ces facteurs pousseront naturellement dans le sens d’une plus grande autonomie la zone Euro qui devra trouver des moyens de traiter ses propres priorités. Comme le montre le GlobalEuromètre, une large proportion d’Européens est désormais en faveur de ce type d’évolution (94% en décembre par rapport à 63% en octobre) and cela influencera nécessairement les choix des dirigeants.
        - Les souffrances socio-économiques croissantes apportées par la crise obligeront de plus en plus les dirigeants de la zone Euro à chercher des solutions innovantes qui, au sein de la zone Euro, sont nécessairement des solutions communes à la zone Euro.
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        • #5
          - D’un point de vue plus psycho-politique, on peu compter sur le Président français Sarkozy pour continuer à courir après l’idée d’une gouvernance autonome de la zone Euro (présidée par lui-même bien sûr). Et cela se fera, pas seulement parce que c’est un concept très gaulois, mais aussi parce que, privé de son aura de président de l’UE et confronté à la désillusion croissante de ses concitoyens concernant sa capacité à gérer la crise (comme Gordon Brown est sur le point de le découvrir lui aussi au cours des semaines à venir), il sera à la recherche de n’importe quel succès politique susceptible de le distancier de la dure réalité socio-économique française.


          Evolution de l’accroissement mensuel du risque de cessation de paiement des gouvernements - Source BIS, 11/2008
          7. Le système de Bretton Woods (sous sa dernière version des années 1970) est-il en train de s’effondrer ? L’Euro doit-il remplacer le Dollar ?
          LEAP/E2020 : Comme il a déjà été évoqué à plusieurs reprises dans les précédentes réponses, cette crise constitue en effet la phase terminale du système de Bretton Woods, version 1944 et version 1971-76. Le temps du Dollar comme unique monnaie de transaction pétrolière touche à sa fin. Comme l’a anticipé notre équipe au début de 2006, de la Russie à l’Iran, au Venezuela et bientôt aux pétromonarchies du Golfe, tous les pays producteurs de pétrole s’acheminent à vitesse croissante vers une diversification hors du dollar pour leurs transactions. La question n’est plus de savoir si le Dollar US va perdre son statut de seule monnaie de référence pour les transactions pétrolières, mais si cette évolution va se passer de manière « chaotique », comme c’est le cas actuellement, ou de manière « organisée ». D’après les chercheurs de LEAP/E2020, la réponse est claire : l’évolution doit être organisée car les transformations chaotiques en cours sont largement responsables de la très grande volatilité des prix de l’énergie, elle-même responsable en partie de l’instabilité générale qui règne actuellement sur notre planète. Et il est tout aussi évident pour nos chercheurs que tout doit être mis en œuvre pour éviter que l’Euro ne se substitue au Dollar US. Deux raisons fondent cette affirmation :
          . d’une part, être la seule monnaie d’échange de l’énergie est une malédiction à long-terme, comme le prouvent les Etats-Unis aujourd’hui, car cela entraîne un pays sur la voie de la facilité et de l’inadaptabilité aux changements de réalité, créant ainsi les conditions de crises majeures pour le pays concerné et ses partenaires ;
          . d’autre part, pour les producteurs de pétrole eux-mêmes, cette apparente simplicité porte en germe des problèmes à moyen et long termes de sur-dépendance vis-à-vis d’un seul pays et d’une seule économie. Ce n’est donc ni l’intérêt des européens ni celui des exportateurs de pétrole que de transformer l’Euro en héritier du Dollar. Au contraire, il apparaît à notre équipe qu’il est dans l’intérêt le plus évident de tout le monde de baser le prix de l’énergie, du pétrole en particulier, sur une monnaie globale, fondée sur un panier de monnaies existantes reflétant au mieux la réalité de l’économie mondiale et du marché de l’énergie. Ce panier de monnaies pourrait consister en monnaies représentant les principales économies de la planète (Euro, Dollar, Yen, Yuan, Real...) et les principaux producteurs d’énergie (Rouble, future monnaie commune des Etats du Golfe...), et intégrer un processus d’évaluation décennal destiné à rééquilibrer le panier de monnaies (et la représentation au sein de la banque globale en charge de gérer la monnaie globale). D’après LEAP/E2020, si ce type d’initiative n’est pas lancé d’ici la mi-2009, l’imbrication des crises du Dollar et du prix du pétrole, sur fond de dette US en augmentation rapide, entraînera une aggravation majeure de la crise économique globale et, comme l’a décrit LEAP/E2020, la rupture du système monétaire international à l’été 2009.

          8. Que peut-on espérer du prochain G20 de Londres ?
          LEAP/E2020: Les rencontres du G20 prouvent que la gouvernance économique et financière globale n’est plus aux seules mains de l’Anglosphère+UE+Japon. D’autres acteurs sont entrés dans le jeu et n’en sortiront plus.
          Cela dit, pour le moment, les nouveaux joueurs suivent les anciennes règles du jeu. Cette période de transition ne devrait pas durer plus d’une année. Le G20 deviendra le nouveau ‘moteur’ de la gouvernance globale lorsqu’il commencera à aborder la question centrale de « comment remplacer le Dollar US situé au cœur du système monétaire international ? ». Avant cela, il ne sera guère plus qu’un forum de discussion.
          Nous n’attendons donc pas grand-chose de la prochaine rencontre qui doit se tenir à Londres. C’est plus probablement la 3° rencontre, si elle a lieu à l’été 2009, qui commencera à ressembler à quelque chose. Mais pour cela, il faut qu’elle ait lieu en dehors des Etats-Unis et du Royaume-Uni (les deux piliers du système financier en effondrement) : Genève ou Vienne pourrait être de bons lieux de rencontre, ou encore Singapour ou Tokyo. Il faudra aussi qu’elle ose mettre sur la table la question du Dollar US.
          Si le G20 n’est pas capable d’avoir anticipé la cessation de paiement des Etats Unis et la rupture du système monétaire international à l’été 2009, comme anticipé par LEAP/E2020, alors le monde entrera dans un tel chaos que la capacité du G20 à simplement survivre deviendra une question.

          Jeudi 30 Avril 2009
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