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Alstom teste en Suède son piège à dioxyde de carbone

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  • Alstom teste en Suède son piège à dioxyde de carbone

    Comme tous ses concurrents, le géant français de l'énergie Alstom cherche le procédé miracle pour empêcher le CO2 de se répandre dans l'atmosphère. Les cheminées de la centrale électrique de Karlshamn pointent vers le ciel comme un immense trident. Mais, ce matin d'avril, les bouches en béton ne crachent pas de fumée. Le temps est clément, dans cette petite ville du sud de la Suède, il n'est pas nécessaire de lancer cette unité, qui fonctionne surtout en cas de températures extrêmes (grands froids ou fortes chaleurs). Durant ces périodes de pointe, les besoins en électricité sont colossaux. Les trois turbines de 340 mégawatts tournent alors à plein régime, brûlant des milliers de litres de gazole. Et ce sont plus de 700 tonnes de CO2 qui sont dispersées toutes les heures dans l'atmosphère.

    Dans un coin du bâtiment principal, des opérateurs s'activent autour de colonnes métalliques. Les équipements, flambant neufs, tranchent avec la vétusté du site, construit dans les années 70. C'est ici que l'industriel français Alstom Power mène une expérience inédite avec E.ON, l'électricien qui exploite cette centrale : capturer le CO2 qui sort des chaudières. « Nous sommes en train d'achever la phase de tests », se réjouit Ola Augustsson, ingénieur à Alstom, l'?il rivé sur une rangée de manomètres. Car l'instant est délicat : en ce moment même, ses équipes remplissent les cuves d'ammoniaque et d'eau froide. C'est cette solution qui, au contact des gaz de combustion, va capter le CO2 dans des sortes de percolateurs géants. Le dioxyde de carbone sera ensuite acheminé, sous forme de cristaux, dans un compresseur. Il en sortira une « soupe de CO2 », très concentrée, que l'on pourra évacuer par pipeline ou camions-citernes. Quant à l'ammoniaque, il sera réinjecté dans le circuit pour un nouveau cycle.

    Ce procédé peut-il être utilisé à grande échelle ? Trop tôt pour le dire. Car il n'en est encore qu'au stade de l'expérimentation et ne porte que sur de très faibles quantités de CO2. « En février, nous avons inauguré un premier site pilote dans le Wisconsin (Etats-Unis), explique Philippe Paelinck, directeur pour le CO2 d'Alstom Power. Ça n'a pas été simple, car nous n'avions pas de mode opératoire. C'était la première fois que nous utilisions un procédé à base d'ammoniaque. Mais maintenant, ça y est, nous avons une vraie expérience. »

    Coordinateur du projet à E.ON, Björn Fredriksson Möller suit le chantier de très près. « D'ici à 2030, nous voulons diminuer de moitié les rejets de CO2 de nos centrales, indique-t-il. Son stockage est donc pour nous un sujet majeur. En tout, nous menons conjointement sept expérimentations différentes. Nous verrons bien quelle est la technologie la plus performante. »

    Al'instar d'Alstom, une poignée d'industriels se sont lancés sur ce créneau. Qu'ils s'appellent General Electric, Siemens, Cansolv ou Mitsubishi Heavy Industries, ces pionniers testent en ce moment différents procédés de capture de CO2. Les uns brûlent de l'hydrogène, les autres diluent des amines, gazéifient du charbon, cryogénisent de l'hydrogène... Objectif commun : disposer le plus rapidement possible d'une technologie éprouvée de captage de CO2.

    « Nous serons prêts en 2015 », promet pour sa part Philippe Joubert, PDG d'Alstom Power, qui investit « des dizaines de millions d'euros annuels » dans ces recherches. Prudent, le groupe français s'est positionné sur plusieurs technologies, histoire de ne pas se retrouver dans une impasse. « En tout, nous avons lancé une dizaine de projets », précise Philippe Paelinck. Allemagne, Norvège, Canada... Mais c'est le site de Belchatow, en Pologne, qui semble le plus prometteur. Là-bas, on s'apprête à tester un procédé en grandeur nature. « Nous allons capturer 2 millions de tonnes de CO2 chaque année, c'est énorme », commente-t-il.

    Vrais défis technologiques, ces systèmes devront aussi prouver leur viabilité économique avant d'être déployés à une autre dimension. Et là, quand on aborde le sujet, l'optimisme est un peu plus mesuré. Car personne ne sait vraiment comment va évoluer le marché du CO2. Pour installer de tels équipements, il faut que les industriels (cimentiers, aciéristes, électriciens) y soient contraints. Ce sera le cas s'ils doivent payer - cher - leurs droits à polluer, les fameux crédits carbone. Investir des millions d'euros dans des technologies de charbon ou de gaz propre sera alors rentable. Selon une étude réalisée par le cabinet McKinsey, il faudrait que la tonne s'échange à plus de 60 euros, contre 10 aujourd'hui, pour que ces investissements « verts » soient pertinents.

    L'équiper d'un dispositif de captage de CO2 gonfle le prix d'une centrale de 30 à 40 %. Et puis, il y a les coûts indirects. Tous ces procédés sont énergivores : il faut consacrer le quart de la puissance de la centrale au captage - ce qui limite d'autant son efficacité, et donc les revenus qu'elle rapporte aux investisseurs. Pour la plupart des experts, toutefois, le problème ne se posera plus à long terme. D'abord, parce que les effets d'échelle baisseront rapidement les coûts industriels.

    source : l'Expansion
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