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Maroc, Le Cabaret Halal

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  • Maroc, Le Cabaret Halal


    Le collant remplace le string pour le french cancan, le body des danseuses est rehaussé de voiles, le débardeur cache la nudité des acrobates, le baiser se pose sur la joue: un Français lance à Marrakech la première revue de cabaret compatible selon lui avec l'islam. "Ce n'est pas le Moulin Rouge car nous ne sommes pas à Paris, ce n'est pas le cirque du Soleil car nous ne sommes pas à Las Vegas, ici j'offre du rêve en respectant la culture du pays", affirme Claude Thomas, 49 ans, qui lance le 8 mai "les Folie's de Marrakech".

    Pour cet homme qui a monté depuis 15 ans des spectacles de music-hall d'abord à Lille, dans le nord de la France où il est né, puis au Japon, au Canada, à Reno et à Las Vegas, il s'agit d'un changement radical. "C'est bien la première fois que j'ai autant de beaux corps à montrer et que je dois les cacher. Je fais ici un cabaret à la mode musulmane car le but est d'avoir un produit qui soit 100% Maroc et 100% Folie's", confie en souriant cet artiste qui a investi avec son cousin 10 millions d'euros dans ce projet pharaonique. "Pendant une heure et demie, le public assistera à un tour du monde enchanteur avec des magiciens, des acrobates, des pirates, un homme faucon volant dans la salle, des fontaines magiques, de la danse, de la musique et de l'humour. Je fais du cabaret pour plaire", dit-il. Mais, islam oblige, il a chaque fois pris conseil auprès d'une passementière voilée de la troupe.
    "Quand elle me dit que le vêtement peut choquer je le modifie tout en gardant sa magie", dit-il. Par exemple dans le french-cancan traditionnel, Claude Thomas a changé la manière de porter les filles car les garçons la jugeaient peu masculine. Las de se heurter aux lois sociales et après quelques déconvenues, il vend en mai 2006 son cabaret en France et vient passer quelques jours à Marrakech où il s'enthousiame pour ce "nouveau Las Vegas". Le consul du Maroc à Lille lui conseille d'employer le mot "music-hall" plutôt que "cabaret" et le met en contact avec le "wali" (préfet) de la ville rouge.

    Avec son cousin, il achète 5 hectares et construit une salle de 2.000 m2 pouvant accueillir 1.100 clients pour un dîner-spectacle qui coûte 550 dirhams (50 euros). Il auditionne 300 acrobates, cracheurs de feu, voltigeurs, break-danseurs ou break-dansers à travers le royaume et en sélectionne 47, dont 12 filles, âgés de 17 à 32 ans. "Ils sont issus de tous les milieux, de la bourgeoisie de Casablanca aux enfants des rues de Salé", assure-t-il. Il recrute aussi cinq chorégraphes qui ont formé la troupe, à raison de quatorze heures par jour durant neuf mois, à l'accrobatie aérienne et au sol, à la voltige, à la danse, au chant et à la comédie.

    "La plus grande difficulté c'est que les Marocains ne croient pas être capables de prouesses et sont étonnés quand ils réussissent", assure le chorégraphe canadien d'origine cubaine Santiago Martinez, 37 ans.
    Lui aussi a adapté sa mise en scène aux règles de l'islam. "Un jour, je leur ai demandé d'avancer les bras en deuxième position (en croix), mais ils ont refusé car cela ressemblait au Christ. Alors je leur ai proposé de les lever plus haut", explique-il en souriant. Seul point sur lequel Claude Thomas s'est montré intransigeant, c'est l'égalité entre garçons et filles: Il a refusé qu'elles débarrassent la table.
    "Je respecte votre religion et j'ai même créé une salle de prière, mais ici tout le monde est un artiste quel que soit le sexe", leur a-t-il lancé. "C'était très dur de devenir un professionnel, mais aujourd'hui je pense que nous sommes sur le point de réussir", assure la vedette du spectacle Imad al Machriki, 19 ans, qui était funambule à l'école du cirque de Salé. Parallèlement à l'entrainement, il a repris l'école qu'il avait abandonnée à 13 ans. Son rêve est désormais ...de monter des spectacles
    source :bladi

  • #2
    telquel


    Depuis deux ans, le meneur de revue Claude Thomas s’est accroché à son pari : créer le premier music-hall marocain. Entre boas de plumes et répétitions nocturnes, bienvenue aux Folie’s de Marrakech. Ouverture le 29 avril.

    “Et pourquoi pas ?”, lance comme un défi l’imposant panneau planté sur la route de Fès, Km 12, signalant l’entrée des Folie’s de Marrakech. C’est exactement ce que s’est dit Claude Thomas, meneur de revue dunkerquois, quand lui est venue cette curieuse idée : créer dans la ville ocre le premier music-hall marocain, avec costumes à paillettes

    boas de plumes et tutti quanti. “Il n’y arrivera jamais !”, avait-on prédit. Pensez-vous ! Un tel projet au Maroc, pays sans école de danse ni art du show, et une sacrée dose de pudeur chevillée au corps social ? Deux ans plus tard, costard gris rayé et mèche coiffée en arrière, l’homme fait le tour du propriétaire. “Le public va entrer par ce tunnel rempli de fumée, décoré de plantes locales et de tapis traditionnels. Il faut tout de suite qu’il se sente au Maroc !”, insiste-t-il d’un ton solennel. Du bout de son stylo, Claude Thomas pointe les murs de béton bientôt recouverts de végétation et de pisé, désigne les bassins qu’il veut “d’un bleu piscine”, dessine la courbe des futurs jets d’eau et de flammes qui accueilleront les spectateurs. La salle, immense, descend jusqu’à la scène en plusieurs étages, avec une capacité de mille places, dont une centaine dans les loges royales, “comme à l’opéra”.

    Un chantier pharaonique
    La voix amplifiée par l’écho sur la scène encore vide, Claude Thomas passe du producteur concentré à l'enfant émerveillé, racontant les sept tableaux de la revue, de Paris à Venise et d’Espagne en Orient. Une heure trente de show, avec magiciens, bateau pirate volant et lutins acrobates descendant le long d’une robe de poupée géante. On s’y croirait, oubliant presque qu’on piétine un sol détrempé par les travaux en cours. Car les Folie’s de Marrakech ne sont encore qu’un pharaonique chantier où deux cents ouvriers s’activent quotidiennement.

    À se demander si le premier music-hall marocain sera prêt à temps : “Ouverture le 29 avril”, maintient Claude Thomas. Il existe même déjà une cuvée spéciale Folie’s, signée Thalvin, pour accompagner des repas “100% gastronomie marocaine, tout frais et fait maison”. L'homme a eu le temps et les moyens d’être pointilleux : voilà près de deux ans que l’aventure Folie’s, un pari à 100 millions de DH intégralement autofinancé, a germé dans sa tête.

    Recherche jeunes artistes marocains
    “Mais c’est Las Vegas ici !”, s’exclamait-il devant le Bd Mohammed V, lors d’un passage à Marrakech en 2006. Impressionné par le potentiel de la ville, Claude Thomas glisse son idée au consul marocain de Lille, qui en touche deux mots au wali de Marrakech, enthousiaste. “Quand il m’a dit que cela dissuaderait les artistes marocains de partir, ça a fait boum dans ma tête. Au début, je pensais ramener mes artistes, mais finalement, ça m’a rassuré”. Début 2007, Claude Thomas achète, pour un million d’euros, un terrain de 5 hectares à vingt minutes du centre-ville.

    Reste à former une troupe d'artistes marocains. Pendant un mois, le meneur de revue auditionne quelque trois cents candidats, en retient cinquante, de 17 à 35 ans, dont un tiers de filles et quatorze jeunes de la première promotion Shems’y, le cirque couvé par l’association Amesip. Parmi les élus : Imad Maghchichi, 19 ans, rôle principal du spectacle des Folie’s, qui s’est déjà produit au Maroc et en France auprès de la compagnie Fratellini, et Mounir, benjamin de la troupe, “qui parle à peine français mais chante Piaf à merveille”, précise Claude Thomas. Il y a aussi des acrobates repérés à Jamaâ El Fna, des danseuses orientales et des breakers. Des jeunes de tout le pays (Meknès, Rabat, Casa, Safi, Marrakech, Salé, Youssoufia), qui ont suivi, pendant sept mois, une formation pour élargir leur palette artistique, entre ballet, théâtre, acrobatie et jonglerie. Et depuis le 1er mars, un CDD d’un an les lie au Folie’s, pour un salaire mensuel de 5000 DH. Pour Claude Thomas, le principal pari est tenu : avec “seulement sept étrangers sur 150 personnes”, les Folie’s de Marrakech se “marocanise”.

    Pas de string, ni de baisers
    “Ce n’est ni le Lido, ni le Moulin rouge”, répète encore le meneur de revue, qui s’est appliqué à ne point bousculer les mœurs locales. Aux Folie’s de Marrakech, rencontre amoureuse égale baiser… sur la joue. Un cancan oui, mais en collants plutôt qu’en string. La moitié des costumes provenant de précédentes revues (au Québec et à Las Vegas) ont dû donc recevoir des retouches, “pour que rien ne soit trop court, trop nu ou trop serré”, explique, en roulant les “r”, le chorégraphe cubain Santiago Martinez.

    Mais on ne badine pas avec la grâce. Dans l’ancienne villa du propriétaire, reconvertie en salon de couture, Claude Thomas saisit une combinaison “peau de serpent” : “Il faudra faire pincer ici, pour bien définir les bustes des filles”, rappelle-t-il à son styliste-couturier-décorateur, Karim Omari, un Casablancais de 32 ans, titulaire d’un Bac arts plastiques et formé sur le tas au spectacle dans un atelier théâtre. A ses côtés, trois couturiers, dont Zahra Aazmani, 51 ans, brodeuse-passementière originaire de Kelâat Sraghna, payée 90 DH par jour. “Quand j’ai un doute, je lui demande si le vêtement peut choquer”, confie Claude Thomas. Selon Rim Mathlouti, réalisatrice franco-tunisienne installée à Marrakech, qui consacre aux Folie’s son premier documentaire, “c’était intéressant de voir un Français débarquer ici avec autant d'argent et néanmoins faire quelque chose de respectueux. C’est rare dans cette ville, où il y a tant d’expériences importées”. Aux Folie’s, on espère d’ailleurs que le public ne se résumera pas aux touristes étrangers, pour s'étendre aussi aux Casablancais ou autres Rbatis, nombreux à venir passer le week-end à Marrakech. “Les Marocains ne connaissent pas beaucoup ce type de spectacle. Mais dès qu’ils vont le découvrir, leurs a priori vont s’envoler, assure l’acrobate Youssef Habachi, 24 ans. Ça va être un grand show !”.

    Une vraie école d'art
    “De la fantaisie, de la générosité ! Soyez légères comme une plume, fluides, les doigts… De la cambrure, remontez-moi ces bassins, je veux voir des sourires !”, répète inlassablement le chorégraphe Jean-Fred Gafour, bouc blond à la Djibril Cissé, pendant l’atelier de ce début de soirée, à J-40. “Ils ont tous quelque chose d’atypique, ce côté un peu brut, sauvage, qui apporte un vrai plus au music-hall, d’habitude si carré”. Entre discipline collective et respect des personnalités, les Folie’s de Marrakech se veulent “une vraie école d’art”, assure la réalisatrice Rim Mathlouti. “Et une école du respect, poursuit Claude Thomas. En arrivant, c’est les filles qui mettaient le couvert et débarrassaient. On leur a appris qu’ici, il n’y a qu’une seule star : le public”. Respect des autres, respect du public, respect de soi. “J’incarne un petit cireur de chaussures bourré de talent sans savoir quoi en faire. Il apprend à puiser dans son imaginaire”, raconte Imad Maghchichi, rôle principal. Depuis les Folie’s, il sait qu’il veut continuer dans “le spectacle”. Les Folie’s vendent du rêve, mais permettent aussi d’y croire.
    Dernière modification par oudjda1933, 04 mai 2009, 00h33.

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