« L’homme a toujours fait la guerre. » ; « L’homme est fondamentalement égoïste. » ; « Le capitalisme a toujours existé et existera toujours » ; « Malgré ses défauts, le système capitaliste est tout de même le moins mauvais » ; « Le capitalisme est le seul modèle qui a fait ses preuves. Toutes les autres sociétés ont abouti à des catastrophes. ». Ces affirmations, qu’on entend partout et depuis longtemps, jouent un rôle très précis : balayer d’un revers de la main tout débat sérieux, toute analyse critique et toute proposition alternative au modèle économique dans lequel nous vivons. Accepter ces affirmations nous empêche de voir l’essentiel : nous vivons dans un monde basé sur l’exploitation, la pauvreté et les inégalités. Nous vivons aussi dans un monde qui connaît une crise globale, planétaire, sans précédent dans l’histoire de l’humanité. En nous poussant au repli sur soi et au fatalisme, ces affirmations nous empêchent également de devenir des citoyens responsables, mettant leurs énergies et leurs intelligences au service d’un projet émancipateur. Si nous voulons lutter du mieux que nous pouvons contre l’injustice sociale, il est donc nécessaire de déconstruire, combattre et dépasser ces affirmations, qui ne sont rien d’autre que des contrevérités et des idées préconçues. Il faut l’accepter, l’humanité doit trouver les moyens d’avancer concrètement dans une autre voie que le capitalisme. Ce ne sera pas facile. Le chemin sera long et parsemé d’obstacles, mais c’est la seule solution si nous voulons construire cet autre monde possible, socialement juste et respectueux de la nature. Il faut l’accepter, être anticapitaliste aujourd’hui, c’est urgent, nécessaire et raisonnable.
- 1.Être anticapitaliste, c’est simple, cohérent et moralement juste.
par Olivier Bonfond
ommençons par le commencement, que signifie être anticapitaliste ? Selon le dictionnaire, est anticapitaliste celui « qui s’oppose au capitalisme » |1|. Mais qu’est ce que le capitalisme ? C’est un modèle économique et social dont les valeurs fondamentales sont le profit, la propriété privée des moyens de production, la concurrence et la croissance économique.
En fait, être anticapitaliste, c’est très simple : cela signifie tout simplement qu’on est contre le fait que le profit, la propriété privée des moyens de production, la concurrence, l’égoïsme et la croissance économique constituent les valeurs fondamentales qui déterminent les choix de nos sociétés humaines.
Être anticapitaliste, ce n’est donc pas du tout la même chose qu’être communiste, léniniste, staliniste, trotskiste, anarchiste, ou autres noms exotiques de ce genre. Être anticapitaliste, cela ne signifie pas « défendre » les régimes tels que la Russie de Staline, le Cambodge de Pol Pot, la Chine de Mao, ni celle d’aujourd’hui d’ailleurs. Être anticapitaliste, cela ne signifie pas non plus refuser le « progrès » et vivre de manière misérable en refusant catégoriquement tout ce qui provient de cette société. Vivre dans un système et être contre celui-ci, ce n’est ni la même chose, ni incompatible.
Etre anticapitaliste, c’est penser que ces valeurs (profit, propriété privée, concurrence et croissance) ne doivent pas et ne peuvent pas constituer la base d’une société socialement juste, respectueuse de la nature, solidaire et émancipatrice pour l’humanité.
2.Le système capitaliste n’a pas réussi à améliorer la vie des gens
Du côté des défenseurs du capitalisme, on entend souvent des affirmations du genre : « bien sûr que le capitalisme n’est pas parfait. Aucun système n’est parfait. Mais il ne faut quand même pas oublier que le capitalisme a permis une amélioration des conditions de vie pour des millions de gens. Par exemple, les gens n’ont jamais vécu aussi vieux. N’oublions pas non plus que c’est grâce au capitalisme que nous avons rendu accessible à des millions de gens la technologie tels que la télé, les avions, la voiture, les GSM, Internet. »
C’est vrai, il y a une part de vérité dans cette affirmation, mais cette part est très petite, voire minuscule. Pourquoi ? Il faut commencer par se rappeler que la plupart des richesses dont certains de nous bénéficient ont été créées en se basant sur l’exploitation des peuples et le pillage des ressources naturelles. Quel a été le « prix » à payer pour permettre à une minorité d’être humains de « profiter » ou « jouir » d’un niveau de vie élevé et du soi-disant « progrès ». Combien a-t-il fallu de guerres, de crimes contre l’humanité, de catastrophes humaines et écologiques pour arriver à ce « progrès » ?
Par ailleurs, le capitalisme est en place dans quasiment tous les économies du monde et celui-ci est « mondialisé », ce qui signifie que toutes ces économies sont interconnectées. Cela implique qu’un bilan sérieux du capitalisme ne peut être dressé qu’à une échelle globale en se posant la question de savoir combien d’êtres humains ont profité et profitent réellement de ce système ? Rappelons ici que selon la Banque mondiale, plus de la moitié de l’humanité vit dans la pauvreté. Pour ces trois milliards de personnes, il n’est pas question de télé, d’internet ou autres biens technologiques. Il est question de travailler 12H par jour, 7 jours sur 7, pour trouver suffisamment de ressources pour faire survivre sa famille, tout simplement pour ne pas mourir. Et quand on parle de « vivre vieux », il ne faut pas oublier que tous les rapports de Nations Unies montrent que l’espérance de vie a diminué dans de nombreux pays, pour atteindre par exemple 41 ans en RDC !
Au Nord et au Sud, la plupart des citoyens, mouvements sociaux, gouvernements et institutions internationales l’admettent : la situation actuelle est inhumaine, intolérable. Des milliards d’êtres humains se voient privés de leurs droits fondamentaux. Privés d’eau potable, de nourriture en quantité suffisante et de logements décents. Privés d’accès à la santé et à l’éducation. Le système capitaliste n’a donc pas réussi à améliorer la vie des gens. Il n’a pas réussi à résoudre les grands fléaux qui touchent l’humanité. Pire, au cours de ces 30 dernières années, c’est-à-dire depuis la mise en place du capitalisme néolibéral, la situation s’est dégradée, tant au Nord qu’au Sud de la planète. D’un point de vue global, le bilan du capitalisme est donc extrêmement négatif.
3.La crise à laquelle nous devons faire face est bel et bien une crise du système capitaliste
La situation (sociale, économique, écologique,…) actuelle est très mauvaise et s’est détériorée au cours de ces 30 dernières années, voilà le constat qui doit être posé. Ensuite, une autre question fondamentale doit être posée : comment la situation va-t-elle évoluer à court et moyen terme ? Dans quelle direction allons-nous ? Vers un « mieux » ou vers un « pire » ? Sans être devin, la réponse à cette question est assez claire. Elle est douloureuse, mais il faut l’accepter, avec honnêteté et sans tomber dans le catastrophisme : Non seulement la situation risque de continuer à se dégrader mais elle risque de se dégrader à un tel point que la survie même de l’humanité est en danger. L’humanité doit en effet faire face à plusieurs crises planétaires sans précédents : crise alimentaire, crise financière, crise économique, crise climatique, crise migratoire, crise écologique, crise énergétique, crise de civilisation.
Lorsqu’on s’intéresse aux tenants et aboutissants de ces crises, on remarque très vite qu’elles ne sont pas le résultat d’une « mauvaise gestion » ou d’absence de règles. Ces crises sont le produit de la nature et de la logique propre du capitalisme, système qui a pour seul objectif le profit maximal à court terme, quelles que soient les conséquences sociales et environnementales. Cette analyse nous donne donc une raison supplémentaire d’être anticapitaliste, et de chercher, trouver et mettre en place des solutions qui s’inscrivent résolument en rupture avec ce système et qui mettent la satisfaction des droits humains fondamentaux au cœur des choix politiques et économiques .
4.On ne peut pas donner un visage humain au capitalisme
Une autre question très importante est de savoir si le capitalisme est capable d’inverser la tendance. Selon les discours dominants, nous serions face à un capitalisme devenu fou qu’il s’agirait de raisonner. La crise financière serait le résultat d’un comportement inacceptable de quelques capitalistes et il faudrait donc « sauver le capitalisme des capitalistes ». Pour inverser la tendance actuelle et sortir de la crise, il s’agirait de refonder le capitalisme, de lui donner un visage humain, en revenant à plus de régulation.
- 1.Être anticapitaliste, c’est simple, cohérent et moralement juste.
par Olivier Bonfond
ommençons par le commencement, que signifie être anticapitaliste ? Selon le dictionnaire, est anticapitaliste celui « qui s’oppose au capitalisme » |1|. Mais qu’est ce que le capitalisme ? C’est un modèle économique et social dont les valeurs fondamentales sont le profit, la propriété privée des moyens de production, la concurrence et la croissance économique.
En fait, être anticapitaliste, c’est très simple : cela signifie tout simplement qu’on est contre le fait que le profit, la propriété privée des moyens de production, la concurrence, l’égoïsme et la croissance économique constituent les valeurs fondamentales qui déterminent les choix de nos sociétés humaines.
Être anticapitaliste, ce n’est donc pas du tout la même chose qu’être communiste, léniniste, staliniste, trotskiste, anarchiste, ou autres noms exotiques de ce genre. Être anticapitaliste, cela ne signifie pas « défendre » les régimes tels que la Russie de Staline, le Cambodge de Pol Pot, la Chine de Mao, ni celle d’aujourd’hui d’ailleurs. Être anticapitaliste, cela ne signifie pas non plus refuser le « progrès » et vivre de manière misérable en refusant catégoriquement tout ce qui provient de cette société. Vivre dans un système et être contre celui-ci, ce n’est ni la même chose, ni incompatible.
Etre anticapitaliste, c’est penser que ces valeurs (profit, propriété privée, concurrence et croissance) ne doivent pas et ne peuvent pas constituer la base d’une société socialement juste, respectueuse de la nature, solidaire et émancipatrice pour l’humanité.
2.Le système capitaliste n’a pas réussi à améliorer la vie des gens
Du côté des défenseurs du capitalisme, on entend souvent des affirmations du genre : « bien sûr que le capitalisme n’est pas parfait. Aucun système n’est parfait. Mais il ne faut quand même pas oublier que le capitalisme a permis une amélioration des conditions de vie pour des millions de gens. Par exemple, les gens n’ont jamais vécu aussi vieux. N’oublions pas non plus que c’est grâce au capitalisme que nous avons rendu accessible à des millions de gens la technologie tels que la télé, les avions, la voiture, les GSM, Internet. »
C’est vrai, il y a une part de vérité dans cette affirmation, mais cette part est très petite, voire minuscule. Pourquoi ? Il faut commencer par se rappeler que la plupart des richesses dont certains de nous bénéficient ont été créées en se basant sur l’exploitation des peuples et le pillage des ressources naturelles. Quel a été le « prix » à payer pour permettre à une minorité d’être humains de « profiter » ou « jouir » d’un niveau de vie élevé et du soi-disant « progrès ». Combien a-t-il fallu de guerres, de crimes contre l’humanité, de catastrophes humaines et écologiques pour arriver à ce « progrès » ?
Par ailleurs, le capitalisme est en place dans quasiment tous les économies du monde et celui-ci est « mondialisé », ce qui signifie que toutes ces économies sont interconnectées. Cela implique qu’un bilan sérieux du capitalisme ne peut être dressé qu’à une échelle globale en se posant la question de savoir combien d’êtres humains ont profité et profitent réellement de ce système ? Rappelons ici que selon la Banque mondiale, plus de la moitié de l’humanité vit dans la pauvreté. Pour ces trois milliards de personnes, il n’est pas question de télé, d’internet ou autres biens technologiques. Il est question de travailler 12H par jour, 7 jours sur 7, pour trouver suffisamment de ressources pour faire survivre sa famille, tout simplement pour ne pas mourir. Et quand on parle de « vivre vieux », il ne faut pas oublier que tous les rapports de Nations Unies montrent que l’espérance de vie a diminué dans de nombreux pays, pour atteindre par exemple 41 ans en RDC !
Au Nord et au Sud, la plupart des citoyens, mouvements sociaux, gouvernements et institutions internationales l’admettent : la situation actuelle est inhumaine, intolérable. Des milliards d’êtres humains se voient privés de leurs droits fondamentaux. Privés d’eau potable, de nourriture en quantité suffisante et de logements décents. Privés d’accès à la santé et à l’éducation. Le système capitaliste n’a donc pas réussi à améliorer la vie des gens. Il n’a pas réussi à résoudre les grands fléaux qui touchent l’humanité. Pire, au cours de ces 30 dernières années, c’est-à-dire depuis la mise en place du capitalisme néolibéral, la situation s’est dégradée, tant au Nord qu’au Sud de la planète. D’un point de vue global, le bilan du capitalisme est donc extrêmement négatif.
3.La crise à laquelle nous devons faire face est bel et bien une crise du système capitaliste
La situation (sociale, économique, écologique,…) actuelle est très mauvaise et s’est détériorée au cours de ces 30 dernières années, voilà le constat qui doit être posé. Ensuite, une autre question fondamentale doit être posée : comment la situation va-t-elle évoluer à court et moyen terme ? Dans quelle direction allons-nous ? Vers un « mieux » ou vers un « pire » ? Sans être devin, la réponse à cette question est assez claire. Elle est douloureuse, mais il faut l’accepter, avec honnêteté et sans tomber dans le catastrophisme : Non seulement la situation risque de continuer à se dégrader mais elle risque de se dégrader à un tel point que la survie même de l’humanité est en danger. L’humanité doit en effet faire face à plusieurs crises planétaires sans précédents : crise alimentaire, crise financière, crise économique, crise climatique, crise migratoire, crise écologique, crise énergétique, crise de civilisation.
Lorsqu’on s’intéresse aux tenants et aboutissants de ces crises, on remarque très vite qu’elles ne sont pas le résultat d’une « mauvaise gestion » ou d’absence de règles. Ces crises sont le produit de la nature et de la logique propre du capitalisme, système qui a pour seul objectif le profit maximal à court terme, quelles que soient les conséquences sociales et environnementales. Cette analyse nous donne donc une raison supplémentaire d’être anticapitaliste, et de chercher, trouver et mettre en place des solutions qui s’inscrivent résolument en rupture avec ce système et qui mettent la satisfaction des droits humains fondamentaux au cœur des choix politiques et économiques .
4.On ne peut pas donner un visage humain au capitalisme
Une autre question très importante est de savoir si le capitalisme est capable d’inverser la tendance. Selon les discours dominants, nous serions face à un capitalisme devenu fou qu’il s’agirait de raisonner. La crise financière serait le résultat d’un comportement inacceptable de quelques capitalistes et il faudrait donc « sauver le capitalisme des capitalistes ». Pour inverser la tendance actuelle et sortir de la crise, il s’agirait de refonder le capitalisme, de lui donner un visage humain, en revenant à plus de régulation.
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