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« Abus de pouvoir », François Bayrou

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  • « Abus de pouvoir », François Bayrou

    je l’ai lu pour vous
    et vous conseille d’en faire autant. Que vous soyez convaincus par, indécis à propos de ou opposants à François Bayrou. Il s’agit d’une œuvre salutaire car elle pose le constat et l’analyse d’un homme politique français qui a été un des acteurs et candidats majeurs aux élections présidentielles de 2007, qui a fondé la troisième force politique en France et qui peut selon la conjoncture, un jour de 2012, devenir Président de la République. Autant savoir comment il voit les choses, les analyse et propose des remèdes car il voit une drôle de maladie mexicaine qui a infesté son, notre pays.


    Autant vous le dire tout de suite ce livre traite moins de Sarkozy que de la France. Sarkozy n’y est qu’une incidente, incontournable, mais un des éléments non seulement de ce livre mais de ce qui arrive à notre pays. Sarkozy est , si vous me passez celte expression, comme quelques chardons au milieu d’un champ de luzerne au milieu duquel on a peut-être la chance de trouver quelques trèfles à quatre feuilles.

    Ce que j’ignore c’est d’où vient le fait que l’on croit que l’essentiel de ce livre serait un réquisitoire tourné uniquement à l’encontre de Sarkozy, et ne serait qu’un réquisitoire. Trois origines sont possibles : l’auteur lui-même qui a poussé dans cette direction, son éditeur comme bon outil de marketing, les journalistes qui par flemme de lire le livre, ou pour le stigmatiser (ce qui n’est pas si mal après tout pour un Catholique), ou pour faire dans le sensationnel n’en ont tiré que quelques lignes et quelques expressions, les plus sanglantes comme enfant barbare par exemple. Ce qu’il y a de certain c’est que cette accroche permet par son affût de faire comme le fait une aiguille qui perce la peau pour faire ensuite pénétrer dans l’organisme le contenu de la seringue, faire acheter ce livre puis le lire. La surprise décevra quelques voyeurs et amateurs de sang (même si l’analyse est très sévère et sans gants), mais ravira les autres. Certes Sarkozy y est présent mais comme quelques gouttes d’antésite dans l’eau qui la teinte sans la rendre pour autant opaque. Sarkozy dans l’histoire est l’instrument d’un mode de pensée et de théories aux objectifs avoués et je vais y revenir. Ce livre est selon moi un choc de civilisations si l’on veut être grandiloquent, sinon le choc de deux mondes : celui d’une France post révolutionnaire qui a dans ses gênes une volonté de réduire les inégalités contre un monde né en occident suivant des théories fallacieuses que plus d’inégalités entraînerait plus de richesse pour tout le monde. Cela a été théorisé, et cela a été mis en application par trois chefs d’Etat : Margaret Tatcher, Georges Bush et est en cours par la volonté de Sarkozy.

    Si l’on veut être tout simplement objectif dans le sens où les mots ont leur place, je crois que dans ce livre, Sarkozy jusqu’aux pages 170 y est de façon certes présente mais ici ou là, de la façon que j’appelle incidente, puis nettement plus présente et enfin dans les dernières pages du dernier chapitre, écrit en italique, totalement absente.

    Comme dit plus haut ce livre traite en fait de la France. Ce qu’elle fut jusqu’à l’accession de Sarkozy au pouvoir, un pays qui a avancé - quels que furent les présidents à sa tête - vers plus d’égalité, avec ses échecs, ses erreurs, ses imperfections, mais toujours dans ce sens-là. La France pouvait se résumer en ces trois mots : Liberté, Egalité et Fraternité. La liberté ne pouvant exister sans égalité et l’égalité permettant la fraternité. Ce modèle de résistance, de fait, à d’autres modèles, avec vocation universelle, a été battu en brèche par des théoriciens tels que Hayek par exemple. Et Minc aussi. N’est-ce pas lui qui a écrit dans un rapport du milieu des années 1990 (Abus de pouvoir, François Bayrou, Plon Paris 2009 p 114 et 115) « Une société dynamique, en forte croissance, et offrant des espoirs de progrès individuels, pourra sans doute davantage tolérer d’inégalités qu’une société dont l’économie croît moins vite … [il faut donc] trouver le niveau d’inégalités nécessaires pourra assurer le dynamisme de l’économie… » (souligné par l’auteur) ? On ne peut être plus clair : les inégalités moteur de la croissance.

    Dans son livre François Bayrou détaille ce qu’est la France dans ses profondeurs et ses idéaux et comment un autre monde a commencé à se développer avec son représentant en France comme promoteur et maître d’œuvre Nicolas Sarkozy. Ce monde a pour veau d’or l’argent qui est, pour lui, l’aune de la réussite. Tout le symbole, alors que la populace, le soir du 6 mai était à la Concorde pour fêter une illusion, se réunissait et se congratulait au Fouquet’s. Le pouvoir de l’argent avait mis la main sur le pouvoir politique. Enfin. Le Fouquet’s a été la réunion de l’image et de l’argent, du pouvoir industriel, financier et médiatique au service d’une société en cours : celle des inégalités croissantes. Ainsi Bayrou développe-t-il le passage d’un France de républicains à une France de financiers avec comme mode de gouvernance ce qu’il a appelé en fin de livre une égocratie. Ce néologisme créé pour le seul Sarkozy par Bayrou a tout son sens du fait que les autres mots employés ont des connotations trop lourdes (monarchie) ou sont inadaptés (tyrannie, dictature). Sarkozy c’est le pouvoir du moi, je (Myself, me and I comme disent ces fameux anglo-saxons qu’admire tant Sarkozy).
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Sarkozy est tout à la fois la mise en scène perpétuelle, la démultiplication jusqu’à l’assourdissement des annonces et la mise en place volontaire et permanente de cette nouvelle société que dénonce avec force François Bayrou. « Le président de la République a un plan. Il conduit la France là où elle a toujours refusé d’aller. L’abandon du modèle républicain, le culte de l’argent, le choix d’une société d’inégalités, le renoncement à ce qui faisait la force et l’originalité de la France dans le monde. Partout, la France se range du côté des puissants. En même temps, tous les centres de décision, politiques, économiques, médiatiques sont convoités et mis en réseau. L’arbitraire règne en maître. Jamais démocratie ne porta plus mal son nom. Jamais République ne fut pas moins publique. » Cependant il croit qu’il y a des îlots de résistance. En fait, Bayrou ne parle pas en son nom seul, il se fait l’écho de ceux qui pensent comme lui mais qui n’ont su jusqu’alors comment l’exprimer. Il est le porte parole de sentiments diffus mais persistants. Il se veut le défenseur du peuple pour un pouvoir par le peuple pour le peuple opposé à un pouvoir d’une élite argenté, pour cette élite argentée et par un simulacre de démocratie. La phrase de Sarkozy qui fait écho à celle de Minc a été prononcé à Saint Quentin par le Président de la République qui a affirmé (ibidem, p87) « Une société égalitaire, c’est le contraire d’une société de liberté et de responsabilité . » Bayrou lui répond par cette déclaration des droits de l’homme et du citoyen, article VI (ibidem, p 86 et 87)« [La loi] doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs Talents. »

    Dans son livre Bayrou démontre que Sarkozy n’ jamais eu mandat du peuple français pour nous infliger cette punition. Il a trompé par ses appels et ses convocations lyriques à Jaurés, Mendès France et même s’il n’avait pas eu peur du ridicule, Marx. Bayrou démontre l’injustice de ce système au travers des affaires comme Tapie et Pérol, la mise au pas par action ou autocensure des media.

    Au tout début de son livre il veut mettre les choses au point et utilise le latin. Son combat, le combat de Bayrou est un combat politique. Pas une attaque ad hominem, contre l’homme Sarkozy. Il oppose les mots latins inimicus, l’ennemi intime et personnel à l’hostis, le combat d’un camp contre un autre, celui qui à qui on fait la guerre. Il reste dans la sphère du politique, du débat de société, ou de civilisation. Je m’autorise, puisque moi je suis un électeur à ne pas être d’accord. Le combat de Bayrou est donc un combat du haut, si l’on veut. Cependant on ne peut dissocier l’homme qui gouverne de ce qu’il est. C’est le fameux débat des jésuites et des jansénistes. Qu’est-ce qui compte : l’acte ou l’intention ? De fait, je ne peux me détacher du fait que Sarkozy est amoral, orgueilleux, brutal, menteur, égocentrique, rancunier. En d’autres mots sans foi ni loi, ce que démontre ce livre. On ne peut ignorer quel est l’objectif de cette politique et quel en est le moteur, ni de quelle manière elle est mise en œuvre. Et dans ce cas précis, en plus de l’idéologie ou de la théorie des inégalités croissantes, il y a bien le caractère du Prince qui nous gouverne qui entre en jeu. Je ferme cette parenthèse.

    On reproche souvent à Bayrou de ne s’autoriser que la critique et l’opposition frontale sans proposer. Ce livre démontre que c’est tout autre chose. Il y a une opposition frontale d’abord à un système de pensée, à un monde inégalitaire et qui s’en réclame, et une analyse de ce qu’est au fond d’elle-même la France et ce que ne pourront accepter les Français. Ce livre est avant tout une analyse et un constat, ensuite c’est un combat, une résistance, et encore plus précisément contre Sarkozy car il en est ici l’instrument, ce qui en démontre la non personnalisation de l’attaque. C’eut été un autre que cela fût pareil. C’est en tant qu’incidence dans cette histoire de société aux inégalités croissantes que Sarkozy est attaqué et non en tant que Nicolas Sarkozy intuiti personnae. Et pour terminer, ce livre se clôt sur sept pages de propositions. Certains esprits mal intentionnés diront que c’est si peu sur 260 pages. Je leur conseille de lire le livre et de réfléchir à cette proposition. Si d’un côté vous faites le constat de ce qu’un corps a fait pour devenir adulte, il vous faudra quelques pages pour l’en expliquer. Il vous faudra quelques lignes et quelques paragraphes pour en décrire l’état dans lequel il se trouve. Ensuite vous prendrez un peu de temps pour démontrer qu’il existe une attaque contre ce corps, quels en sont les ressorts, les modes d’action, les symptômes et les effets néfastes. Mais un bon médecin quand il a aura fait toute sa consultation qui lui aura pris bien du temps et qu’en plus il en aura expliqué la genèse au patient, s’il s’agit de la grippe d’abord porcine puis mexicaine, n’écrira qu’un mot sur l’ordonnance : Tamiflu. L’ordonnance de Bayrou fait plus d’un mot, mais n’a pas besoin de s’étendre sur autant de pages et de pages pour montrer la voie de ce qu’il faut faire pour rétablir la France dans les valeurs qui ont fait ce qu’elle a été avant d’être dénaturée par Sarkozy. Par exemple : recréer les conditions de la séparation des pouvoirs et aller plus loin en créant les conditions d’indépendances des médias comme le voulait le conseil de la résistance, comme celles de la justice. Trouver les moyens de reprendre le chemin de la réduction des inégalités. Il ne s’agit pas d’un catalogue de bonnes intentions, mais des grandes directions que doit prendre un pays pour retrouver ce qu’il a perdu et en améliorer ce qui en était faible ou mauvais.

    Abus de pouvoir démontre la capacité d’analyse et de réflexion du président du Mouvement Démocrate, des positions fortes et fermes, une pensée poussée et réfléchie, et un engagement total. Abus de pouvoir est dores et déjà un livre qui compte. Et qui comptera.

    Ce livre sort au moment où les sondages ne sont pas si mauvais. Pour Le Figosky et Opinon Sarkoway si le premier tour des présidentielles avait lieu ces jours-ci Bayrou ferait jeu égal avec Royal à 20 % et notre Guide à 30 %. Pour les européennes, à nouveau le Mouvement Démocrate est crédité de 14 %. Mais il n’y a pas que cela. Les choses bougent (Villepin et Hollande ouvrent des portes). On dit que Giscard se serait à nouveau rapproché de Bayrou et que certains députés du Nouveau Centre commenceraient à tanguer. C’est pourquoi, comme le dit Le Monde, pour Sarkozy Bayrou est l’homme à abattre. Jean-François Kahn l’avait rapporté aussi en ajoutant qu’il fallait soit l’acheter soit le tuer. Aimable. Avec ce livre, Minc et ses amis vont aussi sortir leur fusil à lunette. Les riches et les puissants, tous ceux qui profitent de ce que dénonce Bayrou, ne vont pas aimer, mais pas aimer du tout ce livre. Et ce d’autant que l’on dit que 50 000 exemplaires avaient été tirés mais qu’aussitôt 20 000 de plus l’ont été devant l’afflux des demandes. C’est de bonne augure (au féminin svp).

    Un dernier point qui sépare de façon tranchée Sarkozy de Bayrou, c’est que ce dernier écrit tous ses discours et ses livres, le premier aucun.

    Abus de pouvoir, François Bayrou, Plon, 260 p Paris 2009

    agoravox
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Merci SOLAS.
      .
      J'en deduis que c'est un discour social démocrate.
      .

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