Tweet
La lutte contre la grippe saisonnière en France est une mine d'enseignement pour la gestion d'une éventuelle pandémie grippale. C'est ainsi que le personnel soignant peut, lui aussi, se révéler un transmetteur d'agents infectieux. C'est ce que rappelle une étude publiée mardi par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.
L'équipe de Caroline Six, épidémiologiste à la cellule interrégionale du sud de la France, a travaillé sur deux épidémies de grippe saisonnière survenues en mars-avril 2008 et qui ont provoqué la mort de trois personnes âgées. Ce constat a été fait dans deux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) employant du personnel commun.
Dans ces maisons de retraite, la couverture vaccinale contre la grippe était de 81 % chez les résidents et seulement de 17 % chez le personnel. «Bien sûr les contaminations ont été multiples, mais il est clair que les soignants ont participé à propager l'épidémie», relève Caroline Six, l'auteur de l'étude. Au début de leur enquête, les épidémiologistes n'avaient d'ailleurs pas pensé à cette voie de transmission. Puis, la découverte d'autres cas de grippe dans un autre établissement, à 8 kilomètres de là, leur a mis la puce à l'oreille. Nombre de membres du personnel de la première maison de retraite contaminée travaillaient effectivement aussi dans la deuxième, comme c'est d'ailleurs souvent le cas.
L'Institut de veille sanitaire insiste donc sur la promotion de la vaccination du personnel. Il estime que lors d'épisodes de cas groupés d'infection respiratoire aigüe en Ehpad, il convient d'«assurer l'éviction des personnels malades ou, à défaut, préconiser le port du masque antiprojection pour ces personnels malades» afin de diminuer la propagation de la grippe au sein de la collectivité.
«Il faut convaincre»
Mais, dans la pratique, les choses ne sont pas si simples. «Le personnel refuse la vaccination, observe Caroline Six. Infirmiers et médecins estiment souvent que ce n'est pas nécessaire, ils disent qu'ils préfèrent avoir la grippe plutôt que d'être vaccinés.» François Bricaire, le chef de service des maladies infectieuses, tropicales et émergentes à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris fait le même constat. «Nous nous battons pour que le personnel hospitalier se fasse vacciner, mais ils répondent souvent qu'ils ne sont pas chargés de protéger les autres de façon altruiste !», regrette-t-il. Sans oublier «la flemme de perdre dix minutes à se faire vacciner», ajoute-t-il.
Pour Caroline Six, il s'agit quasiment de la part de ces personnels de santé «d'une faute professionnelle». Faut-il alors rendre obligatoire, pour les soignants, la vaccination contre la grippe ? En 2006, cette question avait été soulevée et très vite abandonnée après avoir créé une levée de boucliers. «En France, mettre en place des obligations suscite immanquablement un tollé, analyse François Bricaire. C'est donc impossible. Il faut convaincre.» Pas facile. Thierry Amouroux, le président du Syndicat des professionnels infirmiers estime que l'obligation pourrait être «une bonne chose» parce qu'il s'agit de santé publique. Mais il relève que les soignants gardent un mauvais souvenir de la vaccination obligatoire contre l'hépatite B en raison d'un certain nombre d'effets secondaires observés.
Par le figaro
L'équipe de Caroline Six, épidémiologiste à la cellule interrégionale du sud de la France, a travaillé sur deux épidémies de grippe saisonnière survenues en mars-avril 2008 et qui ont provoqué la mort de trois personnes âgées. Ce constat a été fait dans deux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) employant du personnel commun.
Dans ces maisons de retraite, la couverture vaccinale contre la grippe était de 81 % chez les résidents et seulement de 17 % chez le personnel. «Bien sûr les contaminations ont été multiples, mais il est clair que les soignants ont participé à propager l'épidémie», relève Caroline Six, l'auteur de l'étude. Au début de leur enquête, les épidémiologistes n'avaient d'ailleurs pas pensé à cette voie de transmission. Puis, la découverte d'autres cas de grippe dans un autre établissement, à 8 kilomètres de là, leur a mis la puce à l'oreille. Nombre de membres du personnel de la première maison de retraite contaminée travaillaient effectivement aussi dans la deuxième, comme c'est d'ailleurs souvent le cas.
L'Institut de veille sanitaire insiste donc sur la promotion de la vaccination du personnel. Il estime que lors d'épisodes de cas groupés d'infection respiratoire aigüe en Ehpad, il convient d'«assurer l'éviction des personnels malades ou, à défaut, préconiser le port du masque antiprojection pour ces personnels malades» afin de diminuer la propagation de la grippe au sein de la collectivité.
«Il faut convaincre»
Mais, dans la pratique, les choses ne sont pas si simples. «Le personnel refuse la vaccination, observe Caroline Six. Infirmiers et médecins estiment souvent que ce n'est pas nécessaire, ils disent qu'ils préfèrent avoir la grippe plutôt que d'être vaccinés.» François Bricaire, le chef de service des maladies infectieuses, tropicales et émergentes à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris fait le même constat. «Nous nous battons pour que le personnel hospitalier se fasse vacciner, mais ils répondent souvent qu'ils ne sont pas chargés de protéger les autres de façon altruiste !», regrette-t-il. Sans oublier «la flemme de perdre dix minutes à se faire vacciner», ajoute-t-il.
Pour Caroline Six, il s'agit quasiment de la part de ces personnels de santé «d'une faute professionnelle». Faut-il alors rendre obligatoire, pour les soignants, la vaccination contre la grippe ? En 2006, cette question avait été soulevée et très vite abandonnée après avoir créé une levée de boucliers. «En France, mettre en place des obligations suscite immanquablement un tollé, analyse François Bricaire. C'est donc impossible. Il faut convaincre.» Pas facile. Thierry Amouroux, le président du Syndicat des professionnels infirmiers estime que l'obligation pourrait être «une bonne chose» parce qu'il s'agit de santé publique. Mais il relève que les soignants gardent un mauvais souvenir de la vaccination obligatoire contre l'hépatite B en raison d'un certain nombre d'effets secondaires observés.
Par le figaro