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Histoire du monument d'Icheriden

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  • Histoire du monument d'Icheriden

    C’est vers la fin du 19e siècle que le monument du village Icheriden situé à trois kilomètres environ à l’est de Larbaâ Nath Irathen sur la route menant vers Ain El Hammam que fut édifié par les occupants français non pas à la mémoire des combattants des deux camps, mais à celle exclusivement de la soldatesque coloniale. Il a été érigé durant les années ayant suivi les batailles de 1857 et 1871 dans la région des Ath Irathen.

    Historique :

    C’est à force de diplomatie, de négociations habiles, en exaltant les souvenirs de l’épopée kabyle que M. Messelot, alors administrateur de la commune mixte de Fort National est parvenu à se faire indiquer les emplacements des “fosses” où gisaient les ossements des soldats tombés en Kabylie dans les expéditions citées. Les Français accusaient à cette époque, les Kabyles des Beni Raten de cultiver au-dessus des sépultures”. Et c’était le soc de leur charrue qui a mis à nu les restes des combattants” soutenaient alors les responsables militaires de Fort National.

    Rappel des faits :

    Le 19 mai 1857, le maréchal Randon, gouvernement de l’Algérie, prenait à Tizi Ouzou, le commandement d’une armée de 30 000 hommes pour marcher sur le dernier réduit de la résistance kabyle, le massif montagneux occupé par la confédération des Beni Rathen. Trois divisions composaient l’armée, commandées par les généraux Renault, Mac Mahon et Jusuf. Ils étaient réputés imprenables, les sommets que les troupes coloniales eurent finalement occupés après des massacres sanglants de part et d’autres. Combats de titans s’il en fut Affenson, Imaïsran, Souk El Arbaâ, où les 50 amines (chefs) des villages environnants vinrent discuter leur “soumission” devant le gouverneur Randon. Le 24 juin 1857, la prise du piton d’Icheriden, véritable forteresse édifiée par les Kabyles pendant que les militaires français construisaient à quelques lieues à peine et sur la même arête montagneuse, son poste (caserne) fortifié de Fort Napoléon devenu quelques temps après Fort National.

    La prise de la contrée d’Icheriden domptait définitivement la grande Kabylie et advenait par là la soumission totale de l’Algérie. Ce fut la dernière scène du grand drame de 27 ans de guerre fratricide, commandé par la prise d’Alger en 1830, année du débarquement, où l’insolence du Dey Pacha Hussein fut châtiée. Par une singularité fatidique, 14 ans plus tard, au même jour du même mois (24 juin) ces mêmes montagnes d’Icheriden devaient servir de théâtre à de nouveaux combats. L’écho des déroutes des troupes ennemies était alors parvenu jusqu’au sein d’autres tribus kabyles, et un souffle de rébellion s’était levé à la fois, sur plusieurs points du territoire. Une colonne opéra en Kabylie sous les ordres du Général Lallemand, composée de deux brigades commandées par les colonels Barrachin et Faussemague. Une autre colonne opéra sur l’oued Sahel sous les ordres du Général Sécy, secondé par les colonels Mérie, Noëllat et Goursaud et par le commandant Bayard pour la cavalerie. Une troisième colonne enfin, de moindre importance, partit de Miliana sous les ordres du colonel Nicot pour réduire les Beni Menacer.

    Pour les autorités françaises, ces opérations de 1871, n’eurent point certes l’envergure de celles de 1857 puisqu’il s’agissait pour eux non pas de conquêtes à faire, mais seulement d’insurrections à réprimer. Le deuxième combat d’Icheriden n’eu fut pas moins très chaud et l’ardeur des combattants kabyles était stimulée par la grandeur de Lalla Fatma n’Soumeur et des souvenirs.

    C’était bien sur ce sommet, sur cet emplacement même - à l’entrée du village lieu des retranchements qu’occupaient les Kabyles aux combats des 24 juin 1857 et 24 juin 1871 que les Français décidèrent d’édifier le monument synthétique et commémoratif à la gloire de leurs “faits d’armes” ayant illustré la conquête de la Kabylie. Ce monument bâti en pierre rouge, ramenée du Djurdjura, mesure 7,50 m de hauteur. Il a été construit sur ordre de M. Combon, gouverneur général de l’Algérie et sous le patronage des généraux Hervé Larchey et Swiney du préfet d’Alger M. Granet, du sous-préfet de Tizi Ouzou, M. Lefebure et de l’administrateur Messelo, celui qui avait découvert les sépultures. Les quatre faces du soubassement portaient les inscriptions relatives aux “faits d’armes” et les noms des chefs qui y prirent part.

    L’ossuaire est divisé en deux galeries et renferme les restes de 103 soldats français, à savoir : 24 provenant de la fosse d’inhumation d’Icheriden, 9 de la fosse de Taksebt, 36 de la fosse d’Ouaïlel (ces deux dernières se rapportant à la seule division Renault) et 34 de la fosse d’Affensou (division Mac Mahon). Le site est situé à 1000 mètres au-dessus de la mer et des plus pittoresque.

    Il a été jusqu’à ce jour, pour les curieux et les nostalgiques de l’époque historique de la région, un pèlerinage obligé et pour les touristes aussi qui visitent la belle et fière contrée.

    Quelle émotion réconfortante pour toute âme kabyle d’évoquer là, le glorieux passé de nos aïeux, ce coin de la joyeuse et verdoyante Kabylie, parmi les chants des grives, le parfum des oliviers, le murmure des ruisseaux et des cascades et en face de ce somptueux et formidable Djurdjura, dont les cimes découpées en mâchoires de fauve, semblent personnifier l’humeur belliqueuse de Lalla Fatma n’Soumeur ainsi que ses compagnes et la ténacité des montagnards qui l’habitent... et qui veillent toujours sur lui !

    Par Said Seddik Khodja, La Dépêche de Kabylie
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