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Ségoléne Royal et l'histoire .

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    Ségolène Royal et l'histoire
    par Yazid Haddar
    «L'histoire, avec ses faits, est un magasin regorgeant de marchandises, où chacun peut prendre ce qu'il veut. » Ernst Jünger

    Ségolène Royal, ex-candidate à l'élection présidentielle française, va-t-elle aller au bout de sa logique, en demandant pardon, au nom de la France, au crime colonial que les Algériens ont subi pendant un siècle et demi avec le colonialisme français ? Lors de son discours à Dakar, elle a déclaré que le colonialisme est un système. Ce système, poursuit-elle, doit être condamné pour ce qu'il fut : une entreprise systématique d'assujettissement et de spoliation. Les colonisés n'avaient pas le choix. Le travail forcé et le code de l'indigénat étaient la règle. Et le mépris. Et le racisme. Et la violence d'un système qui les fit ployer sous le joug des autres ». Ce discours est-il seulement destiné aux Africains noirs de peau ? Sommes-nous exclus de ce pardon ? L'Algérie restera-elle une exception dans la colonisation française ? Certes, comme elle l'a déclaré : « Il y a eu en France des consciences pour s'insurger et des militants pour se porter aux côtés de ceux qui luttaient pour leur indépendance. Ceux-là défendaient nos valeurs quand la colonisation en était la négation ». Mais, les Algériens attendent un pardon symbolique qui peut réparer leur image, leur identité, reconstituer leur Histoire. Ce pardon peut apaiser les tensions incessantes entre les deux pays. Selon B. Stora : « la question des excuses et de reconnaissance reste posée par de nombreux historiens français, mais il s'agit là d'une question éminemment politique ». Alors, si Ségolène Royal veut jouer le rôle de représentant de la France, pourquoi ne va-t-elle pas au bout de sa logique ? Doit-on attendre un présidentiable descendant d'Algérie pour obtenir ce fameux pardon ?

    Cependant, entre nous, Algériens, il y a beaucoup de chose à dire, nous devrions balayer devant nos portes avant de nous en prendre aux autres comme l'a dit Dr Abdel Madjid Merdaci. Il y a eu censure et occultation de notre histoire, depuis l'Indépendance à nos jours. On devrait restituer notre histoire, mais nous devrions laisser aux historiens le soin de le faire, selon des normes scientifiques, avec plus d'objectivité, et leur donner les moyens de réaliser un manuel d'histoire qui permettra à chacun de trouver sa place et ses racines. Peu de gens savent, par exemple, qu'avant l'UGTA, une autre formation syndicale, USTA (Union syndicale des travailleurs algériens) a contribué à l'émergence d'une nouvelle élite nationale. On peut s'interroger sur le rôle joué par le MNA dans la Guerre de Libération nationale, mais aussi, sur les assassinats politiques (avant et après 1962), l'affaire de Ben Lounis, l'affaire des Harkis. A ce sujet, il y a eu des non-dits car, l'affaire des Harkis ne touche pas seulement l'Etat français mais elle est, en partie, une affaire algérienne ; on doit s'interroger sur les causes de leur ralliement. Cependant, on devrait ne pas mêler les parents et leurs enfants, car on ne choisi pas ses parents. Les massacres fratricides entre Algériens ont eu lieu à Douai et à Lille dans le nord de la France, plus exactement entre les militants du FLN et du MNA. Et d'autres sujets. Des témoins oculaires de cette période disparaissent chaque jour, on enterre une partie de notre histoire et de notre mémoire avec eux. Quarante ans après l'indépendance et nous n'avons pas encore le nombre de personnes mortes au cours de cette période, ni le nombre de combattants ! Jusqu'à nos jours, il y a des personnes qui prétendent être des anciens combattants. A force de faire de l'argent le seul et unique repère, les valeurs morales deviennent galvaudées et on s'interroge sur les raisons qui poussent les jeunes à quitter leur pays, en disant qu'il leur manque des grains de nationalisme. Rendre leur histoire, c'est restituer leur passé pour construire un avenir qu'ils seront fiers de réaliser.



    Marianne, n°625. - Liberté du 30/04/09.
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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