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L’arbitraire de Bachir Hadj Ali

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  • L’arbitraire de Bachir Hadj Ali

    Avec le flègme qu’on lui connaît et une infinie mansuétude, Bachir Hadj Ali nous livre dans cet ouvrage, l’arbitraire, réédité en 2006 par les éditions Apic, un témoignage poignant sur son propre martyre. Celui subi, tenez-vous bien... 11 fois ! Après l’indépendance de l’Algérie dans les locaux de la sécurité militaire, chemin Poirson à Alger. Comme un cheval fou qui piétine tout sur son passage, le régime de Boumediène qui venait de s’emparer du pouvoir, n’a pas fait dans la dentelle pour traquer toute velléité d’opposition et embastiller les voix irrévérencieuses.

    Ceux qui, avec une candide conviction ont cru révolue l’ère du sabre et du goupillon, ont découvert à leur dépens que l’histoire est bien souvent un fatal recommencement. Les chantres du politiquement incorrect, dont Bachir Hadj Ali, étaient une poignée à ferrailler autour de l’ORP (Organisation de résistance populaire), créé après le coup d’Etat, pour s’opposer au nouveau (dés) ordre établi et forcer le destin. Digne, hélas, bien trop fragile pour contenir dans les limites du supportable l’ambition totalitaire du régime qui le prédisposait à toutes les prédations politiques et lui ouvrait la voie à toutes les exactions. Dans ce livre “L’arbitraire” préfacé par Hocine Zehouane et l’introduction signée Mohamed Harbi, Bachir Hadj Ali nous dit sans fard sa douleur et relate le supplice infligé par ses bourreaux. Des souvenirs toujours aussi vivaces, expurgés néanmoins, de tout ressentiment et empreints de cette humaine propension à l’absolution qui leur confère une forme d’intemporalité. “... Je réfléchis à une astuce, comme tous les torturés : tenir longtemps sous l’eau, en expirant l’air très lentement, faire le geste désespéré du noyé un peu avant que les poumons ne se vident entièrement, expirer les dernières bulles d’air avant la remontée et inspirer très vite, en surface, améliorer cette technique sans cesse en réglant ses mouvements sur ceux du tortionnaire pour les synchroniser...” (P. 40) “Mon refus obstiné de répondre à leurs questions précises et serrées… et mon calme ont porté leur colère à un haut niveau d’exacerbation”. (P 43)

    Incarcération, torture, assignation à résidence, interdiction de séjours... Bachir Hadj Ali n’a, au fait, jamais cessé de subir les foudres du pouvoir qui, pour donner un semblant de légitimité à sa politique répressive, s’est souvent retranché dans la bulle du complot permanent. Rejetant toute idée d’asservissement, Bachir Hadj Ali n’a pas hésité, en compagnie de quelques intellectuels rebelles dont Mouloud Mammeri et Jean-Sénac à claquer violemment la porte de l’Union des écrivains algériens dont ils étaient pourtant les principaux fondateurs. C’était en 1965.

    Cette démission collective intervenait en réaction au pouvoir de Ben Bella de placer l’organisation sous sa régence dans le prolongement de sa stratégie de mise au pas avant la mise à mort des rares segments combatifs de la société. Au lendemain de la disparition de Bachir Hadj Ali un certain 9 mai 1991, Abdelhamid Benzine écrivait ces mots dans les colonnes d’Alger Républicain : “Mohamed Khada, Bachir Hadj Ali aujourd’hui : comment leur reprocher de nous avoir quittés en ces douces nuits de mai, nous laissant perdus, orphelins dans notre beau pays où les chants et les couleurs se font clandestins ?”

    Par La Dépêche de Kabylie
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