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L'automobile au centre de la campagne électorale en Allemagne

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  • L'automobile au centre de la campagne électorale en Allemagne

    Avec une pointe d'ironie, les commentateurs le font remarquer : jamais ministre des affaires étrangères allemand ne s'était occupé d'automobile avec tant d'ardeur. Sur le dossier Opel, notamment, Frank-Walter Steinmeier est sur tous les fronts. Il a tenu à recevoir personnellement Sergio Marchionne, le patron de Fiat, lundi 4 mai. Postulant au rachat du constructeur allemand en difficulté, celui-ci était venu à Berlin présenter son plan de reprise au ministre de l'économie, Karl-Theodor zu Guttenberg.

    Mais ce n'est bien sûr pas comme chef de la diplomatie que M. Steinmeier tente de voler au secours des voitures allemandes. Candidat des sociaux-démocrates (SPD) à la chancellerie, le challenger d'Angela Merkel l'a bien compris : à moins de cinq mois des élections législatives, en septembre, en pleine crise économique, l'automobile est un sujet-clé. D'autant qu'outre-Rhin un emploi sur sept en dépend, directement ou indirectement. A l'inverse, à moins d'une guerre en Irak, les élections générales se gagnent rarement sur des problématiques de politique étrangère.

    GÉANT MALADE

    Le ministre peut ainsi se targuer d'avoir milité avec succès pour l'introduction d'une prime à la casse. Il a aussi convaincu ses partenaires chrétiens-démocrates, au sein de la coalition gouvernementale, de rallonger l'enveloppe, début avril, quand celle-ci s'est trouvée presque épuisée. Décidée lors du deuxième plan de relance, la mesure a rencontré un succès retentissant. Si les constructeurs de grosses berlines, telles que Mercedes et BMW, en profitent peu, le premier constructeur européen Volkswagen (VW) a en revanche vu ses ventes s'envoler.

    En usant de cette stratégie, M. Steinmeier met ses pas dans ceux de son mentor en politique, Gerhard Schröder, surnommé en son temps le "chancelier de l'automobile". Ancien ministre-président du Land de Basse-Saxe, berceau et actionnaire du groupe Volkswagen, le social-démocrate Schröder a toujours eu à coeur de défendre à Berlin les intérêts de ce secteur.

    Depuis trois mois, Frank-Walter Steinmeier multiplie les déplacements dans les usines. Début février, chez Audi, à Ingolstadt. Fin février, avec les ouvriers d'Opel, venus manifester à Rüsselsheim, le siège de la marque à l'éclair. En mars, dans les locaux emblématiques de VW à Wolfsbourg... "L'Allemagne est la Silicon Valley de l'automobile", avait-il lancé devant 18 000 salariés du groupe. Lundi 4 mai, le candidat SPD s'est rendu à Eisenach (Est), à nouveau chez Opel, là où est en train de s'écrire un chapitre de l'histoire économique allemande.

    Le sort du constructeur, filiale du géant malade General Motors (GM), est devenu au fil des mois l'un des grands enjeux de la campagne électorale. Opel fait travailler près de 26 000 personnes en Allemagne. Mais la question de son sauvetage divise. Fin mars, M. Steinmeier s'est prononcé pour une prise de participation de l'Etat dans le capital du groupe si la recherche d'un investisseur privé prenait trop de temps. Pour Angela Merkel, cette option est inenvisageable : la chancelière chrétienne-démocrate refuse que le gouvernement fasse plus qu'octroyer des garanties sur les crédits.

    Depuis que les ambitions de l'italien Fiat sur Opel se précisent, le ministre ferraille de plus belle pour défendre les intérêts du constructeur allemand. Il a accueilli Sergio Marchionne en publiant un catalogue de 14 points auxquels devrait se conformer tout repreneur potentiel. Au centre des revendications : le maintien des sites de production et des emplois. Celui que la presse allemande a baptisé à son tour "le candidat de l'automobile" se place clairement du côté des syndicats d'Opel. Ce positionnement n'est pas étranger à sa stratégie de "reconquête" : les milieux syndicaux ont pris leurs distances avec les sociaux-démocrates depuis le temps des réformes du marché du travail, lancées par l'ex-chancelier Gerhard Schröder. M. Steinmeier en avait été l'un des principaux artisans.

    source : Le Monde
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