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Sebdou l'incomprise

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  • Sebdou l'incomprise

    Il suffit de parcourir une trentaine de kilomètres en direction du sud pour découvrir la ville de Sebdou dont le seul nom nous renvoie à la triste période coloniale.

    Cette ville située à l’entrée de la steppe fut d’abord une ville garnison et devient par la suite la première sous- préfecture de l'Oranie, mais elle fut avant tout le fief de la résistance contre l’occupant français. Les autorités coloniales savaient que c’est dans cette localité, en pleine steppe, que les armes destinées aux moudjahidine arrivaient de l’autre côté de la frontière.

    Pour l’histoire, on retiendra que la DST a ouvert dans cette ville le plus grand centre de torture dans les année 1950 et c’est durant cette même période que le Dr Benzerdjeb tombera en martyr au champ d’honneur à Dermem. Cette ville est restée longtemps marginalisée et presque oubliée par les différents plans de développement depuis 1962.

    Sebdou finira par sortir de cette situation grâce aux derniers investissements consentis dans le plan de relance. On peut citer beaucoup de réalisations d’infrastructures concernant les secteurs de la santé, de l’éducation et c’est surtout l’arrivée du gaz de ville qui a amélioré les conditions de vie dans cette ville où l’hiver est extrêmement dur, le thermomètre descendant audessous de zéro.

    Beaucoup de choses ont été faites mais il reste beaucoup à faire, notamment au niveau des hameaux et douars qui ont été désertés par les populations durant la décennie noire. Certaines familles ont tout perdu et ont trouvé refuge à Sebdou. C’est le cas d’une famille menacée par la horde terroriste qui a trouvé refuge dans un garage ou de ce père de famille qui vit avec ses sept enfants dans une baraque en tôle, exposés à tous les risques.

    Il y a de nombreux cas similaires dans des quartiers de Sebdou qui ressemblent à des bidonvilles et qui ne font l’objet d’aucun intérêt : l’état des routes déplorable et l’absence d’éclairage public rendent encore plus difficile le quotidien de ces citoyens qui ne demandent pas grand-chose sauf le minimum pour vivre dans la dignité. Il faut dire que la décennie sanglante a obligé plusieurs familles à prendre le chemin de l’exode dans cette région où les hameaux isolés étaient à la merci des terroristes. Ces paysans ont fui ont abandonnant leur maigre bien et sont venus s’installer dans la ville de Sebdou pour sauver leurs vies.

    Dans certains quartiers, on a l’impression d’être dans un bidonville d’un autre siècle et là on peut se poser la question sur la compétence des élus. Et dire que Sebdou est considérée comme une ville martyre qui mérite tous les sacrifices. Il suffit d’évoquer le cas de quelques familles pour avoir une idée de ce qui reste à faire en matière d’habitat.

    La famille Bouazaoui a fui le village de Merchiche après le massacre qui a coûté la vie à 17 personnes en 1996 et vit depuis dans un taudis. D’autre part, 98 dossiers sont toujours en attente — depuis 2002 — du déblocage de la subvention prévue pour la restauration des habitations précaires. On citera un exemple de cette misère humaine : une famille de 9 personnes habite depuis 9 ans dans un gourbi. Ils sont nombreux à vivre cette espèce de bohême à quelques kilomètres de la civilisation. Pourtant, l’Etat a investi des sommes énormes pour améliorer les conditions de vie dans le monde rural. Rappelons que la stratégie adoptée par l’exécutif depuis 2004 était justement la priorité donnée à ces régions déshéritées qui ont résisté aux harcèlement des groupes terroristes.

    Certes, beaucoup de choses ont été faites, mais beaucoup reste à faire. Cependant, ce qui semble provoquer la colère de ces malheureux, c’est le reportage diffusé par la télévision qui donne une autre image de Sebdou, comme nous l’explique notre confrère Abdeslam Baroudi qui est né dans cette région qu’il connaît très bien : «Il y a une chose insupportable à Sebdou et qui est devenue courante à chaque fois que des citoyens sollicitent la presse écrite pour lui faire part de leurs problèmes. Nous nous sommes déplacés sur le terrain pour voir ce qui se passe réellement, et après chaque reportage publié, une équipe de l’ENTV se déplace à son tour à Sebdou pour pour donner une autre image en ignorant la misère de ces pauvres gens.» On comprend cette colère surtout quand elle vient de l’Algérie profonde, celle du peuple d’en bas.

    Par Le soir
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